Le P. Menet, s.j., missionnaire au Sault-Ste-Marie, raconte dans une lettre datée de 1847, un combat entre douze ministres de couleurs diverses, qui, évidemment, n'étaient pas les douze apôtres.
La scène se passe sur un vaisseau. Bible au poing, chacun discutait âprement:
«Un d'entre eux, ce devait être le méthodiste, saisi tout à coup d'un bel enthousiasme, embouche au milieu de tout ce monde de la trompette du prêcheur. On écoute avec attention le préambule, on admire même jusqu'à un certain point son air inspiré. Tout est bien jusqu'ici; mais arrivent bientôt les principes de la secte. Plusieurs commencent à secouer la tête, et particulièrement les ministres d'autres sectes: on murmure quelques objections, puis on les formule à haute voix, et voilà la guerre allumée. Chacun avec sa bible se croit fort, se regarde invincible.
«C'est cela. -Vous avez tort de l'interpréter de la sorte.
-Vous n'y entendez rien.
-Vous être un ignorant.
-Et vous, un grossier...»
Bref, le combat du lutrin fut renouvelé. Heureux celui dont le bras avait plus de vigueur! Non moins heureux cet autre, adroit à parer les coups! Plus heureux et plus sages ceux qui, dès le commencement de la bataille, lâchèrent pied et se mirent par la fuite à couvert des bibles volant dans les airs! Jugez de l'édification des spectateurs qui avaient eu la précaution de se tenir à une distance respectueuse.
«Une fois les esprits un peu calmés, on prie le prêtre catholique de vouloir bien émettre son opinion sur le sujet du débat. «Je n'ai point d'opinion à émettre, mais une décision à apporter: l'Église que Jésus-Christ a établie sur un fondement inébranlable et à qui il a confié le dépôt et l'interprétation de nos saints livres, a prononcé il y a longtemps. Sur ce point, il n'y a plus et il ne peut y avoir de discussion entre les catholiques. Comme ces messieurs n'admettent pas l'autorité de l'Église, et que chacun d'eux enseigne comme bon lui semble, je craindrais un nouveau scandale. Ainsi, ayez la bonté d'excuser mon silence.» Ces paroles furent approuvées.»
R.P. Lorenzo Cadieux, dans le Messager du Sacré-Cœur, Montréal, février, 1944
(Repris de Le catéchisme en anecdotes canadiennes de l'abbé Georges Thuot)
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