Ne
pas cantonner l’étude de la religion dans un ordre de devoirs sans attraits; et
ne pas réserver à l’étude du paganisme toute la partie littéraire, poétique et
artistique de l’éducation; en sorte que les idées religieuses ne se présentent
plus au jeune étudiant que sans attraits, sombres tristes et rebutantes.
Choisir
toujours, ou ordinairement, pour sujet de composition littéraire à donner à l’élève
des sujets chrétiens où il ait à s’enthousiasmer pour la vertu, et où son
imagination, son cœur soient tout entiers occupés à vêtir une pensée pieuse de
tous les attraits dont la jeunesse a besoin de vêtir les choses pour les aimer.
En ceci du moins on ne pourra pas dire qu’il y ait aucun profit littéraire et
intellectuel à choisir des sujets païens, ni que l’éducation ait aucun intérêt
à les préférer aux sujets chrétiens; et on peut accorder cela aux ennemis de la
littérature classique sans compromettre les arts.
La
question des classiques, si grand bruit qu’elle ait fait, et si grandes soient
les explications qu’elle a provoquées, n’est pas assez tranchée pratiquement
pour qu’on ose s’aventurer à donner un plan pratique. Je me bornerai à
présenter dans sa crudité et sa simplicité une réflexion qui ne me paraît pas
légère.
Il
est reconnu que le monde païen, au moment de la venue de Jésus-Christ, était au
comble du mal intellectuel et moral, et que jamais la société n’a été et ne
pourra être plus bas. Sur quoi je dis : il est bien étrange qu’en pleine
civilisation chrétienne on nous donne, comme règle de l’art dans toutes ses
applications, d’aller chercher les modèles de tous les arts, de la littérature,
etc., dans celle de toutes les époques de l’histoire qui est reconnue et proclamée
la plus livrée au mal.
L’éducation
est devenue païenne. Comment, dès lors, s’étonner de la disparition de la foi?
Je ne tranche pas la question des classiques; elle est grosse d’orages, et je
renvoie, pour sa solution, aux hommes du métier. Mais un fait est certain, c’est
que ce qu’on donne le moins à l’âme de nos enfants, même dans l’éducation des
jeunes gens destinés au sacerdoce, c’est l’aliment chrétien. – Semen… verbum
Dei.
Je
ne voudrais pas me prononcer, mais, j’avoue que quand on a accusé les études
modernes d’être païennes dans leur esprit, il y a des raisons pour cette thèse,
et la plus forte, selon moi, bien qu’elle ait été peu remarquée ou peu
exploitée, est celle-ci : Le fond des études rationnelles, c’est la philosophie;
or, les études philosophiques modernes sont imprégnées de l’esprit de Descartes
qui est un esprit païen, la destruction de la philosophie chrétienne.
Abbé J.-B. Aubry - Mélanges de philosophie catholique, p. 292-293
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