Ce petit catéchisme,
composé à Rome et approuvé par le Très-Révérend Maître du Sacré Palais
Apostolique, est dédié avec mission à Notre Très-Saint Père le Pape Pie IX
I
Ce
qu’est l’Infaillibilité du Pape et aussi ce qu’elle n’est pas
Comprenez-vous
ce qu’est l’Infaillibilité du Pape et aussi ce qu’elle n’est pas?
Par la grâce de Dieu, je
crois le comprendre et être en état de réfuter toutes les erreurs que répandent
les ennemis de l’Infaillibilité.
Très-bien!
– Mais d’abord qu’est-ce que cette Infaillibilité? – Cela veut-il dire que le
Pape est impeccable?
Non certes. – Le Pape,
enfant d’Adam, comme nous, peut avoir ses défauts et commettre des fautes.-
C’est de la parole du Pape qu’il s’agit et non de sa conduite.
Et
toute parole qui sort de la bouche du pape, est-ce qu’il nous faudra la
recevoir comme un oracle?
Non. – La parole du
souverain Pontife, quelle que soit son autorité, et quelques respect qu’elle
mérite, n’est pourtant infaillible que lorsqu’il enseigne comme Pape.
Vous
voulez dire quand il parle ex cathedrâ. – Mais quand est-ce que le Pape parle,
précisément, comme Pape ex cathedrâ (de sa chaire)?
La chaire (cathedra)
signifie l’enseignement du maître. – Le Pape parle ex cathedrâ quand, en sa
qualité de maître et de Pasteur universel de tous les chrétiens, de son
autorité souveraine et apostolique, il définit quelque doctrine concernant la
foi et les mœurs pour l’Église catholique tout entière. L’Infaillibilité
pontificale est donc le privilège que le Pontife romain a reçu de Dieu de ne pouvoir
se tromper quand il parle ex cathedrâ en matière de foi et de mœurs.
D’où
vient que, dans ce cas, le Pape ne peut enseigner l’erreur au lieu de la
vérité; en d’autres termes, qu’il est infaillible?
Il est infaillible parce
que Dieu l’assiste, parce que l’Esprit-Saint, l’Esprit de vérité l’assiste,
selon la promesse faite à Pierre, et en lui à ses successeurs.
Le
Pape a donc la même infaillibilité que l’Église?
Précisément. – Le Pape,
même seul, en sa qualité de maître et de docteur universel, a cette même
infaillibilité que Jésus-Christ a donnée à son Église pour l’enseignement de la
foi et de la morale.
Donc,
lorsque le Pape a porté une définition, il faut la tenir pour infaillible, on
ne peut plus y toucher, ni la réformer?
Oui; les définitions du Pape,
faites de sa seule autorité souveraine et apostolique, sont dès lors par
elles-mêmes immuables; il n’est pas besoin d’attendre le consentement de
l’Église pour être certain de leur vérité, et, par suite, elles ne peuvent être
réformées.
Mais,
à défaut de ce consentement, pourra-t-il arriver que, d’un côté l’on voie le
Pape, et de l’autre l’Église?
Non. – On ne verra jamais
d’un côté le Pape enseignant une doctrine et de l’autre côté tous les évêques
enseignant le contraire. Et ainsi disparaît cet épouvantail de l’infaillibilité
isolée, comme on dit, personnelle et séparée. Toujours l’Épiscopat catholique,
sous l’influence du Saint-Esprit qui assiste l’Église, adhèrera au jugement
porté par le Pape de son infaillible autorité. L’édifice restera toujours, oui,
toujours uni au fondement; mais pour être soutenu par lui et non pour le
soutenir.
Nous
aurons donc deux infaillibilités : l’infaillibilité collective de l’Église
enseignante et l’infaillibilité personnelle du Pape?
À parler exactement,
l’Infaillibilité est une dans son principe, qui est l’assistance du
Saint-Esprit; une dans sa fin qui est le bien universel de tous les fidèles.
Seulement le sujet en qui elle réside, peut être ou le chef de l’Église seul,
ou ce même chef auquel s’unit, tout en lui demeurant subordonné, l’Épiscopat
catholique pour former l’Église enseignante. Et ainsi, nous avons comme un
double organe par lequel Dieu nous fait entendre sa voix : l’Église
enseignante, ou le Pape avec l’Épiscopat catholique dispersé ou réuni en
Concile; et le Pape seul, parlant ex cathedrâ, comme Docteur universel, avec sa
seule autorité apostolique.
II
La
définition est nouvelle
Le
dogme n’est pas nouveau
L’Infaillibilité
du Pape uni aux évêques, ou l’Infaillibilité de l’Église est un dogme ancien et
reçu de tout temps; mais cette infaillibilité du Pape, indépendamment du
consentement et de l’autorité des évêques, n’est-elle pas, comme on le prétend,
un dogme nouveau?
La définition est
nouvelle; le dogme n’est pas être nouveau. Le dogme est ancien autant que
l’Évangile, où il est dit : - que Jésus-Christ établit Pierre comme
fondement de l’Église et Pasteur universel : - qu’il pria pour que sa foi
ne défaillît jamais : - qu’il lui donna le privilège de confirmer ses frères
dans la foi. Or, il est évident que si les décisions du Pape avaient besoin
d’être examinées et confirmées par les évêques, le fondement, au lieu de
soutenir l’édifice, seraient soutenu par lui; - Pierre, au lieu de confirmer
ses frères, serait confirmé par eux dans sa foi.
Le dogme est donc aussi
ancien que l’Évangile lui-même.
Mais
anciennement cette infaillibilité a-t-elle aussi été reconnue par l’Église?
Elle a toujours été
reconnue d’une manière plus ou moins expresse, et dans son enseignement et dans
sa pratique. Les papes ont donné leurs définitions, comme infaillibles,
immuables et sans appel; les SS. Pères, les Évêques, l’Église entière a
toujours vénéré l’infaillible autorité de la chair de Pierre dans
l’enseignement de ses successeurs, bien qu’elle ne fût pas encore définie comme
un dogme de foi.
Pourquoi
donc l’Église n’a-t-elle pas défini plus tôt cette infaillibilité du Pape?
Plus tôt, il n’en était
pas besoin : c’est de nos jours que cette définition est devenue
opportune. Ce dogme (comme celui de l’Immaculé Conception de Marie) a passé par
trois phases distinctes. D’abord il est admis pendant des siècles, surtout dans
la pratique, simplement, sans discussions ni recherches. Puis, vint une
période de doutes et de controverses, d’opposition dans le sein même de
l’Église, de la part des fidèles que l’on appela Gallicans : mais
l’Église, avec une énergie, mêlée de suavité, ne cessa de repousser de toute
manière cette erreur et d’éclaircir toujours davantage la vérité, jusqu’au
moment où elle crut devoir enfin la définir solennellement. – Désormais, pour
tous les catholiques, c’est une vérité de foi.
Mas
la vérité, mais la foi, n’est-elle donc pas toujours la même?
Le soleil aussi est
toujours le même en soi; mais par rapport à nous, sa lumière croît jusqu’à
midi. L’Infaillibilité du Souverain Pontife fut toujours en soi une vérité de
foi; mais, par rapport à nous, elle a développé graduellement sa lumière,
jusqu’au Concile du Vatican, où elle a atteint par sa définition dogmatique le
plus haut degré de sa splendeur. Et, par suite, nier l’Infaillibilité du
Pape a toujours été une erreur, mais ce n’était pas une hérésie, comme ce le
serait aujourd’hui, parce que l’Église ne l’avait pas suffisamment proposée
à notre foi, ainsi qu’elle vient de le faire dans ce Concile, le premier qui se
soit réuni depuis les grandes controverses soulevées à ce sujet.
Mais
aussi ce Concile du Vatican sera le dernier des conciles. En effet, s’il est de
foi que le Pape est de soi infaillible et peut décider les questions de
doctrine de sa seule autorité apostolique, a quoi bon de nouveaux conciles?
Des Conciles peuvent être
nécessaires encore pour bien des raisons; mais cette nécessité ne sera jamais
absolue : et il devait en être ainsi pour le bien de l’Église. Et de fait,
avant cette définition, les Papes ont, sans Conciles, quand il en a été besoin,
défini des vérités et condamné des erreurs. Et, de nos jours surtout, où
l’erreur court et se répand avec tant de rapidité, c’est un grand avantage que,
pour la voir infailliblement condamné et la vérité proclamée avec la certitude
de la foi, nous ne soyons pas obligés d’attendre (combien de temps, Dieu le
sait) la réunion d’un Concile ou l’assentiment des Évêques dispersés de
l’Église entière, et qu’il suffise de la voix du Vicaire de Jésus-Christ,
Pasteur et Docteur universel.
On
dit pourtant que dans ce Concile les évêques se sont dépouillés de leur
autorité, pour donner au Pape une autorité nouvelle?
Une autorité nouvelle.
Mais le Concile ne lui a absolument rien donné. Cette autorité, le Pape l’avait
et l’exerçait, et l’Église entière la reconnaissait de fait. Le Concile, par sa
définition, s’est borné à reconnaître solennellement, comme dogme de foi,
l’autorité infaillible que Jésus-Christ lui-même a donnée au Pape. Il n’a donc
été rien donné au Pape. Il n’a donc été rien enlevé à l’autorité divine des
évêques, soit réunis en Concile. Il n’y a rien de nouveau, sinon la définition
solennelle de l’ancienne doctrine catholique de l’infaillibilité du Pape.
III
Que
doit-on entendre par infaillibilité en matière de foi et de mœurs
Je
voudrais maintenant savoir d’une manière plus précise quelles sont les matières
dans lesquelles le Pape est infaillible?
Je vous l’ai déjà
dit : il est infaillible dans les matières qui concernent la foi et les
mœurs; de même qu’on a toujours dit que l’Église est infaillible dans
l’enseignement de la foi et de la morale, ainsi en est-il du Pape.
Fort bien; mais avec ces
mots de la foi et de la morale, dont la signification est si étendue, ne
risque-t-on pas d’élargir l’Infaillibilité du Pape et de l’Église et de la
faire sortir de la sphère qui lui est propre?
Cette même assistance du
Saint-Esprit qui produit l’infaillibilité, fait aussi qu’elle ne peut jamais
sortir de sa sphère, ce qui serait la plus grossière des erreurs. Quelle
infaillibilité que celle qui se méprendrait au point de décider plus qu’elle ne
doit! Quel docteur infaillible que celui qui ne saurait point discerner les
sujets de sa compétence de ceux qui y échappent, ou qui, le sachant,
s’arrogerait une autorité infaillible qu’il n’a pas!
L’enseignement de
l’Église s’est toujours maintenu dans les limites de la foi et de la
morale : ici le fait ne saurait jamais être opposé au droit.
Eh
bien! voyons comment, par le fait, l’Église et le Pape ont compris et exercé
cette autorité divine dans leur enseignement.
Ils ont embrassé dans
leur enseignement tout ce qui se rapporte aux choses que nous devons croire ou
pratiquer pour parvenir au salut éternel. Avant tout, les articles de foi
expressément révélé; plus ou moins liées à la foi et à la morale chrétienne et
par suite au salut éternel. Ainsi donc, en fait comme en droit, il appartient à
l’autorité doctrinale de l’Église ou du Pape (ce qui est tout un) de condamner
non-seulement les hérésies déclarées, mais aussi les erreurs qui, de plus ou
moins près, touchent à la foi et à la morale; par conséquent de condamner des
livres, des propositions, des opposition avec la foi ou la morale; de réprouver
certaines sectes ou sociétés comme illicites et immorales, et d’approuver au
contraire comme pieux et bons les ordres religieux; de juger de la vérité des
vertus et de canoniser les saints; d’admettre ou de rejeter certaines doctrines
qui regardent le bien général, les droits ou la discipline de l’Église de
Jésus-Christ. Tout cela se lie à la foi et à la morale, et tombe par conséquent
sous l’Infaillibilité de l’Église ou du Pape.
Mais
ceci est vraiment excessif!... Et qui donc explique de la sorte
l’infaillibilité dans les doctrines relatives à la foi et mœurs?
L’Église elle-même par
ses actes. Est-il vrai, oui ou non, que l’Église, que les Papes se sont crus
autorisées à porter sur tous ces sujets un jugement d’une infaillible vérité,
et conséquemment une sentence irréfragable, qui exige l’assentiment de tous les
fidèles? Si le Pape a défini quelque chose, en sa qualité de maître universel
de l’Église, le pape a parlé avec l’assistance spéciale du Saint-Esprit; donc
il n’a pas excédé les limites de son autorité; donc les points qu’il a définis,
ont tous quelque connexion avec les vérités révélées, avec la foi ou la morale.
Mais
si quelqu’un ne la voit pas cette connexion?
Si quelqu’un ne la voit
pas cette relation si facile à voir, qu’il s’en prenne à la faiblesse de son
jugement et non au Pape. Autrement il faudrait en faire retomber la faute sur
le Saint-Esprit, qui n’aurait pas su l’assister. Au lieu donc de dire que le
Pape parle de ce qui ne le regarde pas, qu’il prenne garde lui-même de parler
de ce qu’il ignore. Que d’ignorants de nos jours parlent théologie en
prétendant faire la leçon au Pape!
Il
semble toutefois que le Pape veuille s’avancer sur le libre terrain de la
science et de la raison; est-ce qu’alors il ne serait pas exposé à faire fausse
route et à tomber dans l’erreur?
Ce sont bien plutôt la
science et la raison qui pénètrent dans le domaine de la religion, de la foi,
de la morale, et se heurtent à quelques-uns de ses dogmes. Alors l’Église et le
Pape crient : « Arrière, imprudents, reculez, téméraires! » Et
ainsi, quand le Pape condamne quelques erreurs de la raison et de la prétendue
science, il demeure toujours à son poste sur le terrain de la religion.
Que
direz-vous quand le Pape, sous le prétexte de son infaillibilité, voudra entrer
jusque dans la politique? Est-ce que la politique n’est pas indépendante!
Indépendante même de
Dieu, de la morale, de la justice? Quelle belle politique ce serait là!
Le Pape, ainsi qu’aux
particuliers, a le droit d’enseigner la morale aux nations et aux
gouvernements, de condamner les faux principes, même en politiques, et aussi
les maximes erronées de nos sociétés modernes, quand cela touche à la religion,
c’est-à-dire, comme nous l’avons répété si souvent, à la foi et à la morale.
Et
alors, avec cette infaillibilité, le pape pourra quelque jour porter une
sentence de déposition contre un souverain excommunié, délier ses sujets du
serment de fidélités, et nous ramener en plein moyen âge?
Ceci n’est qu’un vain
épouvantail. C’est confondre les choses et les temps les plus différents. Qu’a
donc à faire l’infaillibilité avec la déposition des souverains?
C’est l’autorité qui
était en jeu et non l’Infaillibilité, lorsque certains actes spirituels du Pape
(l’excommunication par exemple) produisaient des effets civils et politiques
admis et reconnus par les princes et les peuples, et passés dans le droit
public des sociétés chrétiennes, l’infaillibilités n’y entrait pour rien. Autre
chose est l’Infaillibilité, ou si vous le préférez, l’autorité dans
l’enseignement, autre chose est l’autorité suprême dans le gouvernement.
L’Infaillibilité est toujours la même, l’autorité, bien qu’au fond toujours la
même aussi, dans ses applications, dans son extension aux effets civils et
politiques, dans son mode, dans ses formes, dépend des circonstances et des
temps.
Ceux-là donc, qui
soulèvent ces difficultés politiques contre l’Infaillibilité, confondent des
choses et des temps différents; et ils font à dessein pour embrouiller la
question et rendre ainsi l’Infaillibilité odieuse à la société moderne. Mais la
société peut être tranquille : les Papes de nos jours ne songent pas à
déposer les souverains… Ce sont les sociétés secrètes et les révolutions qui
s’en chargent, à l’aide de ce qu’elles appellent la souveraineté du peuple. Ne
sortons donc pas de la question : cela nous entraînerait trop loin. À vrai
dire, après le catéchisme sur l’Infaillibilité, c’est tout un catéchisme encore
qu’il nous faudrait sur l’autorité du Pape, au sujet de laquelle on a, de nos
jours, tant et tant déraisonné.
IV
Difficultés
rationnelles et historiques
Vous
m’avez bien expliqué ce que c’est que l’Infaillibilité du Pape et ce qu’elle
n’est pas : ce qu’elle embrasse et ce qui est en dehors d’elle, et vous
avez résolu quelques-unes des objections qu’on lui oppose. – Je veux vous en
soumettre quelques autres encore, pour m’assurer si vous êtes bien en état de
répondre à toutes les erreurs que l’on propage à ce sujet. – Que répondriez-vous
donc à celui qui vous dirait que Dieu seul est infaillible, et que tout homme
est sujet à l’erreur?
Certainement Dieu seul
est infaillible par sa nature : mais c’est lui précisément, ce Dieu
infaillible, qui selon ses promesses, assiste son Vicaire pour le préserver de
l’erreur, et lui communiquer un rayon de son infaillibilité. C’est ainsi que
Dieu seul peut opérer des miracles; seul il voit l’avenir; et pourtant
d’innombrables saints, par un don spécial, n’en ont pas moins opéré des
miracles et fait des prophéties.
Mais
vous-même vous avez accordé que le Pape n’est pas impeccable; en somme, le Pape
est homme et soumis à toutes les faiblesses humaines. Ne pourrait-il donc
arriver qu’en dictant une définition de foi ou de morale il se laissât guider
par quelque passion, ou qu’il mît du caprice et de la légèreté dans son
enseignement?
Non; car Dieu, qui a
promis au Pape l’infaillibilité, ne peut permettre que par passion, par
caprice, par défaut d’étude, il fasse jamais une définition erronée. Nous en
revenons toujours à ce point : l’Infaillibilité ne tient ni à la vertu ni
à la science de l’homme; elle dépend de l’assistance de Dieu, qui n’exclut pas
cependant l’étude et les recherches de la théologie.
Très-bien :
mais il n’y a pas de raisonnement qui puisse prévaloir contre les faits. Vos
raisons sont excellentes : néanmoins l’histoire est là, pour démontrer
que, malgré leur infaillibilité, quelques Papes sont tombés dans l’erreur.
Sont tombés dans l’erreur
en donnant à l’Église des enseignements sur la foi ou la morale!...Oh! non!
Jamais!! – C’est ici le point capital. Tout ce qu’on a dit et répété au sujet
d’autres chutes, d’autres méprises des Papes, vraies ou fausses, n’a rien à
faire dans la question qui nous occupe. Parmi toutes ces définitions, émanées
des Papes, qu’on cherche une définition fausse, une définition concernant la morale
ou la foi qui ait dû être rétractée ou réformée par son auteur lui-même, ou par
ses successeurs ou par l’Église : on ne la trouvera pas. Vous découvrez
dans l’histoire quelque trait qui accuse la conduite des Papes; mais un fait,
un seul fait qui aille contre leur infaillibilité dans les définitions
doctrinales en matière de foi ou de mœurs, ce fait est encore à découvrir et à
démontrer. L’histoire nous apporte donc une magnifique confirmation de la
doctrine de l’infaillibilité récemment définie par le Concile du Vatican.
V
Conclusion
pratique
Désormais
la définition est faite. Il ne reste plus aux catholiques qu’à s’incliner; mais
cette définition a-t-elle été un bien ou un mal?... Et d’abord, était-il besoin
de la porter?
Non seulement il en était
besoin, mais c’était une véritable nécessité. Après tout le bruit qui s’était
fait contre l’infaillibilité du Pape, la définition de la vérité n’était pas
seulement opportune, elle devenait absolument nécessaire. Et, même en dehors de
cette considération, elle était sous beaucoup de rapports très opportun et très
utile pour le bien de l’Église. Avant la définition on pouvait la discuter de
bonne foi; mais aujourd’hui la question de son opportunité est tranchée, tout
aussi bien que celle de sa vérité. Le Concile, assisté par le Saint-Esprit, a
parlé : qui osera dire que, sans doute il a défini un dogme important
révélé de Dieu, mais qu’il eût fait plus prudemment de taire et de laisser
l’erreur se propager?
Toutefois
cette bienheureuse définition a fait naître la discorde et les contradictions.
Voyez la conduite de certains gouvernements, voyez la secte de ces nouveaux
hérétiques, qui se donner le nom de vieux-catholiques?
Tant pis pour eux; c’est
leur faute. Il n’est que trop vrai qu’il faut qu’il se produise des scandales
pour faire discerner les vrais catholiques des faux. D’autres Conciles aussi et
d’autres définitions ont soulevé des contradictions même plus violentes, et des
révoltes plus redoutables encore. Jésus-Christ fut salué dans le Temple par le
saint vieillard Siméon comme un signe de contradiction : ainsi en est-il
de son Vicaire ici-bas. La faute en est tout entière à ceux qui tournent à leur
ruine une définition qui, pour eux aussi, eût été un instrument de salut, s’ils
avaient su s’incliner humblement devant elle, au lieu de se briser la tête
contre la pierre que Jésus-Christ lui-même, pour le bien de son Église, a
déposée dans ses fondements.
Oui,
l’Infaillibilité est un beau privilège pour celui qui est chargé d’enseigner la
vérité au monde : mais elle pèse lourdement sur ceux qui doivent se
soumettre à ses définitions?
Ne parlez pas ainsi. Ce
n’est pas pour son avantage que le Pape a reçu l’Infaillibilité, mais pour le
bien des fidèles. Et n’est-ce pas en effet un bien inappréciable pour le monde
que de posséder une chaire de vérité, une autorité infaillible qui lui enseigne
la foi et la morale?
Soit!
Mais en donnant tant de relief à ce principe d’autorité infaillible, vous
supprimez la liberté de la science, la liberté du progrès, la liberté de la
civilisation moderne, la liberté de la raison?
Laissez donc là toutes
ces libertés! C’est de la licence qu’il s’agit et de la licence de l’erreur.
Est-ce que cette licence-là vous paraît un bien? Et n’est-ce pas au contraire
un grand bien pour la science, pour le progrès, pour la civilisation que
d’avoir un docteur vivant, qui, au nom de Dieu, combatte l’erreur et enseigne
la vérité sur tout ce qui touche à la foi et à la morale. Et certes, que cela
ait été solennellement défini, c’est un immense avantage pour la foi et pour la
raison, pour les particuliers et pour les peuples, pour l’Église et pour la
société tout entière.
Je
conçois que la définition étant portée, il ne nous reste plus qu’à nous
soumettre aux décisions du Pape par amour ou par force.
Par amour, seulement par
amour! L’obéissance des catholiques aux enseignements du Pape doit être
entière, spontanée, affectueuse, filiale. La définition de l’infaillibilité
nous oblige à la reconnaissance envers Dieu, qui nous a donné un Pasteur
infaillible dans la foi et dans la morale; à la reconnaissance envers le
Concile qui nous a mieux fait connaître ce grand bienfait de Dieu; à la
soumission, au dévouement, à l’amour envers le Pape et la chaire de saint
Pierre, qui est la chaire de la vérité; enfin, à un amour particulier envers
Pie IX, le Pontife infaillible de la Vierge Immaculée, qui après avoir glorifié
Marie en définissant son Immaculée Conception, a vu le Concile du Vatican
définir l’Infaillibilité pontificale.
Ce sont là les fruits
qu’avec la grâce de Dieu j’espère avoir recueillis des instructions que j’ai
entendues sur l’Infaillibilité du Pape.
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