TRENTE-ET-UNIÈME
INSTRUCTION LA MORTIFICATION.
«Je
châtie mon corps et le réduis en servitude, de peur qu’après avoir prêché aux
autres, je ne sois moi-même réprouvé.» 1 Cor. 9-27.
Plan Notion. (expier nos péchés Sa nécessité… (nous
renoncer (nous sanctifier (l’imagination (la mémoire
Mortification intérieure…
(l’intelligences (la volonté (les sens
Mortification extérieure…
(la langue (la sensualité
NOTION Voici la deuxième
subdivision de la Folie de Croix; la première: l’aumône, retranche l’affection
aux biens extérieurs; celle-ci, la mortification retranche l’affection aux
biens du corps et de l’âme dans ses facultés.
Ce sont toutes ces affections aux choses créées qui empêchent notre
parfaite transformation en J-C., nécessaire pour participer à sa vie au
ciel. Tout chrétien doit coopérer avec
la grâce pour se dépouiller de ces affections; il faut donc qu’il les connaisse
avec la manière de s’en défaire. Voilà
pourquoi il est bon de diviser le travail comme nous faisons ici, afin de le
mieux comprendre pour le mieux accomplir.
Notre seule manière pratiquement de déraciner nos tendances naturelles,
c’est de leur soustraire leur objet en autant que nous le pouvons avec la grâce
de Dieu. Voilà la raison de ces
dernières méditations sur la folie de la croix au point de vue pratique. La mortification consiste à volontairement se
priver d’une satisfaction qu’on pourrait prendre légitimement ou à s’imposer
une douleur physique pour expier ses péchés ou obtenir une autre grâce. Dans ce domaine il faut pratiquer ses
mortifications sans s’occuper des autres; d’abord parce que très peu se
mortifient aux yeux des autres. Dieu
dispose toutes choses pour qu’apparemment au moins, nous soyons les seuls à
nous mortifier.
C’est qu’il ne veut pas
qu’on le fasse pour faire comme les autres; il ne veut pas de ce motif naturel.
Il faut se garder de
juger les autres; car Dieu donne la grâce à l’un de se mortifier sur un point
et à un autre de le faire sur d’autres points.
Certains disent qu’ils évitent de se mortifier devant les autres par
peur de la gloriole. Ce n’est pas un bon
principe parce qu’ils n’ont qu’à le faire uniquement pour Dieu dans leur motif
tout à fait surnaturel et ensuite peu importe qu’on les en estime. Il faut édifier le prochain dans ces bonnes
actions comme dans les autres. Parce que
c’est délicat de garder le juste milieu entre l’édification du prochain et la
gloriole, ce n’est pas une raison d’omettre la mortification. Qu’on soit assez humble pour pouvoir édifier
le prochain et tout de même se mortifier.
Le scandale de n’être jamais vu à se mortifier est plus à craindre que
la gloriole en le faisant; les deux sont à éviter par une intention bien
surnaturelle et une mortification visible quand l’occasion se présente, comme
de jeûner dans un hôtel un jour de jeûne, etc… sa nécessité… Expier nos péchés
est le premier motif dans l’ordre pratique pour ainsi dire de se
mortifier. Parce que nous sommes
pécheurs dès notre naissance à cause du péché originel et ensuite par nos
propres péchés personnels, il nous faut payer cette dette à la justice divine
avant de prétendre aux grâces d’union même ordinaire avec Dieu. Même ceux qui passent pour de bons chrétiens
parce qu’ils reçoivent assez souvent les sacrements doivent craindre pour la
rémission de leurs péchés au moins quant à la peine qui reste après le pardon
obtenu. Nos gens formés par nos
philosophes à une religion toute de tête peuvent s’attendre à avoir une grosse
dette à payer à Dieu à cause de leur façon superficielle de recevoir les
sacrements. En plus il y a toutes les
mauvaises tendances naturelles à refréner dans tout homme quelque bon qu’il
soit. Comme pour éteindre le feu il
suffit de lui soustraire la matière qui l’alimente, ainsi il faut soustraire
aux inclinations naturelles les plaisirs qui les alimentent, autrement elles
nous entraînent au péché. Tous les
saints parce qu’ils voulaient être unis à Dieu sentaient un terrible obstacle
dans la vie animale si portée à tous les excès.
Comme St-Paul, ils souhaitaient tous d’être délivrés de ce corps de
mort. Ils aidaient la grâce en
retranchant au corps tous les plaisirs qu’ils pouvaient sacrifier avec la grâce
de Dieu. Nous savons les souffrances
atroces de N.S. pour expier nos
péchés. Eh bien! nous devons savoir aussi qu’il nous reste à
participer à son calice pour participer à sa joie au ciel. Nous régnerons avec lui au ciel pourvu que
nous souffrions avec lui sur terre. Il
nous faut souffrir dans notre corps ce qui manque aux souffrances de Jésus, non
pas dans leur valeur infinie au point de vue mérite, mais d’extension. C’est-à-dire, il faut que les membres de
Jésus participent à sa passion pour participer à sa gloire. En d’autres termes, les souffrances de Jésus
ne nous dispensent pas de payer notre propre dette pour nos péchés, mais elles
donnent du mérite devant Dieu à nos souffrances offertes pour nos péchés et en
union avec le sacrifice de Jésus-Christ. C’est une erreur bien commune de croire que
le sacrifice de Jésus nous dispense de souffrir pour nos propres péchés. Que de prédicateurs disent que Jésus a expié
nos péchés sur la croix. Il y a du vrai
dans le sens qu’il a satisfait à la justice divine par ses mérites personnels
infinis et qu’à cause de ses mérites, notre expiation pour nos propres péchés
est agréée par Dieu pour l’amour de J-C.
Mais ce n’est pas vrai dans le sens des protestants: qu’il ne nous reste
rien à payer pour nos péchés.
Il n’y a pas de doute que
le sacrement de pénitence par l’absolution efface non seulement la coulpe, mais
aussi la peine due aux péchés. Mais qui
sait exactement combien? Cela dépend en
grande partie des dispositions subjectives du pénitent qui laissent beaucoup à
désirer avec la religion des philosophes si générale de nos jours. Par conséquent chacun fait mieux de prendre
sur lui de payer sa peine par des mortifications volontaires; autrement il peut
s’attendre à rester fort longtemps dans le purgatoire. En général nos prêtres philosophes plus que
jamais parlent de la nécessité de se mortifier uniquement à cause des péchés et
des mauvaises inclinations laissées par les péchés. Jamais ils n’en demandent dans les choses
permises ou très rarement, parfois peut-être aux religieux qui sont supposés
faire profession de perfection, de la rechercher. En tout cas on voit bien que c’est la
doctrine donnée au monde parce que c’est la seule que les fidèles ont en
général. Ils n’ont aucunement l’idée de
se mortifier dans les choses permises, et ils ne sont jamais dérangés par les
prêtres dans cette idée; elle est donc générale dans le clergé. Voici leur doctrine bien exposée par le
P. Ferd.
Cavallera, S.J., dans son introduction du livre du P. Surin: Les fondements de la vie spirituelle.
«Réalité que nous
trouvons ici en présence de deux spiritualités d’accord pour l’essentiel, mais
divergentes sur la valeur de certaines méthodes et d’attitude à observer dans
la recherche de la perfection. Surin est
de l’école du renoncement absolu, même en dehors du cas du péché et de la lutte
nécessaire contre les passions et mauvaises inclinations. On ne saurait selon lui acheter par trop de
sacrifices l’intime amitié de Dieu et ses faveurs extraordinaires. Les autres se refusent à partager ce qui peut
paraître une déficience excessive envers l’oeuvre du Créateur et accordent plus
de crédit aux données de la raison contrôlée par la foi. Ils estiment par conséquent que la question
du péché mise à part, l’homme peut trouver Dieu dans l’utilisation rationnelle
des biens créés mis par lui à notre disposition et que le bon usage des
créatures a sa place dans la vie spirituelle à côté des sacrifices
quotidiennement imposés par la loi du devoir.
L’essentiel est d’aimer
Dieu par-dessus toutes choses et de profiter de tout, selon l’enseignement de
St Paul, en vue de la gloire de Dieu. De
même, ils ne nient pas en principe la réalité des faveurs surnaturelles, mais
ils estiment que l’illusion y est facile et fréquente, et que plutôt que sur
ces lumières exceptionnelles, il faut compter avant tout, pour la conduite des
âmes et sa conduite personnelle, sur les données conjuguées de la raison
naturelle et de la foi; ce sont là bienfaits divins contre lesquels il n’y a
pas de motif de s’insurger et de manifester de la défiance incurable des
mystiques.» Quel archi-philosophe! Il
cite St Paul qui veut que nous fassions tout pour la gloire de Dieu. Mais ce n’est pas vrai que ce texte permet aux
chrétiens de jouir de tout ce qui n’est pas défendu, comme le P. l’insinue.
Pourquoi ne cite-t-il pas cet autre texte de St Paul qui fait faire la
grimace à tous les philosophes: «Pour gagner J-C. je me suis privé de toutes choses, les
regardant comme du fumier afin de gagner J-C.»
Est-ce que St Paul regarde comme du fumier seulement le péché et les
mauvaises inclinations? Comme J-C. il s’est privé des choses permises le plus
possible. Ceux-là n’ont pas suivi leur
raison naturelle même conjuguée avec la foi, ils ont suivi leur amour pour dieu
et cet amour pour Dieu demande qu’on regarde toutes les créatures comme du
fumier pour gagner J-C. C’est là qu’est
Surin, en bonne compagnie. Jésus dit
qu’on ne peut pas aimer Dieu et le monde, qu’on aimera l’un et haïra
l’autre. Quand on hait, on en prend le
moins possible; c’est du fumier!
Cavallera avec sa clique de philosophes païens préfèrent donner plus
d’importance à la création et estimer les créatures. D’après Jésus il faut mettre sa défiance dans
la création ou le Créateur: aimer l’un et haïr l’autre! Les philosophes veulent aimer les deux. On voit là le résultat de leur théologie «in
se». Là les deux sont aimables mais ce
n’est pas vrai «in nobis», en nous.
Alors les créatures, les permises comme les autres, fendues, deviennent
du fumier pour celui qui aime Dieu. Sa dernière
phrase est tout simplement abominable d’orgueil. Tous les mystiques ont une défiance incurable
de la raison humaine! Or tous les saints
sont des mystiques… Allons-nous nous mettre du côté des Saints ou du côté de
Cavallera et de sa clique de philosophes qui suivent le bon sens contrôlé par
la foi…? à leur manière… C’est la raison
qui domine la plupart du temps, comme l’état de la religion qu’ils donnent au
monde le montre bien…
Se renoncer est le
deuxième motif de pratiquer la mortification.
Ici nous avons tous les philosophes contre nous, comme on a pu le voir
par la citation du P. Cavallera,
philosophe d’un travers à l’autre… Tout ce que nous avons dit dans le premier
motif serait vrai si nous étions sur le chemin des limbes. Il suffirait de s’être débarrassé de la
corruption du péché pour être un homme pur et digne d’aller au bonheur des
hommes aux limbes. Mais c’est autre
chose avec notre destinée surnaturelle à la vision béatifique. Non seulement il faut enlever la corruption
du péché, mais il faut aussi diviniser tout l’homme et non seulement dans son
être par la grâce sanctifiante, mais aussi dans son activité par la
surnaturalisation de toute son activité libre.
Imaginons l’homme aussi pur qu’il puisse être, il ne mérite pas du tout encore
la participation à la vie divine de la Trinité.
Il faut que tout son être soit divinisé, ce qui se fait par la grâce
sanctifiante. «En soi», cela suffit pour
être sauvé, aller au ciel. Les
philosophes ne prêchent que cela; ils disent sur tous les tons que du moment
qu’un homme est en état de grâce, il est sauvé.
Nous admettons que cela est vrai.
Mais nous ajoutons que pour mourir en état de grâce, il faut lutter
constamment par la mortification contre toute l’orientation naturelle de notre
activité libre, qui reste naturelle même quand nous sommes en état de grâce, à
moins que nous luttions contre cette orientation par des motifs surnaturels
d’une façon ou d’une autre, mais surnaturels.
J-C. fait dépendre le mérite de nos bonnes œuvres
(Mt. 6) de nos motifs et il suppose même
que nous sommes en état de grâce. La
grâce sanctifiante est la condition du mérite, mais elle ne le règle pas; ce
sont les motifs tels que Jésus l’enseigne là.
Toutes les exhortations de J-C., des Apôtres et des Saints à tout faire
pour Dieu montrent bien que la grâce sanctifiante ne suffit pas pour cette
orientation surnaturelle, d’où dépend le mérite de nos actions. Les philosophes n’exigent pas cette
orientation libre des motifs pour leur mérite; qu’ils gardent leur idée; ils
n’ont pas le droit de nous condamner parce que de solides théologiens sont pour
nous et tous les Saints et les «pauvres» mystiques, qui n’aiment pas la raison
humaine! Le bon Dieu a demandé la
mortification aux anges avant leur péché comme à nos premiers parents. C’est donc évident qu’il va nous la demander
indépendamment du péché. Les philosophes
supposent qu’avec la grâce sanctifiante tout un homme est divinisé. C’est vrai physiquement dans ce qui a l’être,
mais ce n’est pas vrai dans l’orientation de notre activité que tout chrétien
garde et peut garder toute sa vie, bien naturelle, s’il le veut. Tout en étant en état de grâce, je puis
manger une pomme pour un motif naturel.
Je suis porté à tout faire exactement comme un vrai païen dans la partie
libre de mon activité à moins que je lutte contre ce paganisme qui reste dans
l’esprit même avec la grâce sanctifiante.
Voilà ce renoncement à
soi-même que Jésus veut de tout chrétien baptisé. Que de mortification il faut pour mourir à
soi pour arriver à dire comme St Paul: Ce n’est plus moi qui vis, c’est
J-C. qui vit en moi. Ce n’est pas vrai que cela se fait par le
fait de concevoir la grâce sanctifiante.
Tous les Saints ont constamment combattu contre leur amour naturel pour
les bonnes choses créées autant que pour les défendues. Les philosophes ne font pas cette lutte ni ne
l’enseignent aux autres! J-C. s’est-il privé seulement des biens
défendus? Les Apôtres n’ont-ils pas
sacrifié leurs biens permis comme les autres?
Les Saints n’ont-ils pas suivi ces exemples? Que les philosophes fassent valoir surtout l’œuvre
du Créateur en s’amusant avec les bonnes créatures; j’aime mieux faire valoir
le Créateur comme je le ferai au ciel sans les créatures terrestres.
Nous sanctifier est le
troisième motif de pratiquer la mortification.
Tout être doit orienter son activité vers sa fin dernière. Or le chrétien est destiné à participer à la
vie divine de Dieu au sein de la Trinité.
Or Dieu exige que l’homme commence tout de suite dans la foi sa vie au
ciel. Or au ciel il ne cherchera
sûrement pas son bonheur dans les créatures terrestres, quelque bonnes qu’elles
soient; il mettra tout son bonheur en Dieu.
Or pour jouir divinement, il faut agir divinement. Alors dès qu’un chrétien entrevoit tant soit
peu le bonheur ineffable que Dieu réserve à ses amis au ciel, il s’efforce d’en
mériter le plus possible en agissant divinement le plus possible. Or un acte est d’autant plus divin qu’il
procède de la grâce sanctifiante et des motifs surnaturels plus parfaits. Or pour agir pour des motifs surnaturels, il
faut les perfectionner par une intention plus fervente, plus actuelle et plus
divine. Pour faire cela il faut lutter
contre les tendances naturelles même bonnes en soi; il faut rejeter tous les
motifs naturels pour être sûr que ces motifs sont bien surnaturels. Tout cela est de la mortification! Les philosophes ne l’exigent pas; leur Dieu
se contente facilement! Du moment qu’il
n’y a pas de péché, il est satisfait de ses philosophes; le reste, c’est du
luxe qu’ils ne tiennent pas du tout à lui donner. Imaginez l’inconvénient d’en trop donner à
Dieu! C’est la raison qui mène chez eux…
conjuguée avec… un peu de foi! Cela leur
suffit! Ils ne veulent pas être dans le
camp des mystiques… des exagérés! Quant
à moi, je veux l’attitude des mystiques jusqu’à leur défiance incurable de la
raison humaine.
La position à prendre
n’est pas celle d’un «gentleman philosophe», qui veut rester correct avec Dieu,
ce qu’il fait quand il suit la raison, mais éclairée par la foi. Car elle permet même avec la foi de jouir de
tous les plaisirs permis… et la raison l’approuve naturellement. C’est une toute autre attitude mentale quand
on en fait une question d’amour, comme on doit le faire. Est-ce que je vais donner mon affection ou
mon cœur aux créatures ou au Créateur?
Le premier commandement règle cette question bien vite, il prend tout
notre amour pour Dieu. Or on sait que
l’amour est une fin que l’on veut toujours le plus possible. Si donc j’aime Dieu de tout mon cœur selon
le premier commandement, il ne me reste plus aucun amour pour les créatures
même bonnes en soi. Donc je les rejette
le plus possible comme du fumier, à l’exemple de St Paul, afin de gagner le
plus possible J-C. Ma sainteté est le
degré de divin que j’ai en moi. Or ce
divin s’achète aux dépens des créatures bonnes comme défendues.
On comprend pourquoi
cette méfiance des mystiques pour la raison humaine, naturelle, même unie à la
foi. Comme ils vivent d’amour, ils
suivent leur cœur ou leur amour, tandis que les philosophes suivent toujours
leur esprit ou leur science, qui mesure ce qu’elle donne, qui craint les
exagérations de l’amour. Les philosophes
ont justement la mentalité que nous aurions pu avoir sur le chemin des limbes,
tandis que les mystiques ont la seule attitude qui convient à Dieu, qui est
amour! C’est un caractère de l’amour de
se donner sans mesure. Heureux ceux qui
vivent d’amour de Dieu; tout le reste leur devient du fumier, ils en prennent
le moins possible, tout en suivant la raison conjuguée avec la foi! Car si la foi me dit que toutes les créatures
sont du fumier, mon bon sens me dit tout de suite d’en prendre le moins
possible! Les mystiques ne sont pas si
bêtes après, tout, n’est-ce pas, M.
Philosophe Cavallera!…
Donc plus je veux devenir
saint et plus je dois me priver des plaisirs de toutes sortes même permis et
même modérés et même légitimes! Jésus,
les Apôtres et les Saints ont rejeté même les plaisirs permis; nous sommes donc
en bonne compagnie!… Comme cette poursuite de la sainteté ne se trouve pas dans
leur sainteté «essentielle», que les philosophes mettent uniquement dans la
grâce sanctifiante, ils ne s’en soucient pas du tout. C’est là qu’ils font erreur. Pour eux ils mettent la fin dans ce qui n’est
que le commencement de la vie spirituelle.
C’est aussi insensé que si des parents pensaient avoir fini leur devoir
quand ils ont mis un enfant au monde en lui donnant la nature humaine. Bien loin d’être la fin, ce n’est que le
commencement de leurs devoirs pour conduire leurs enfants à la taille d’hommes
parfaits physiquement et moralement et intellectuellement. Ils ne s’occuperont plus du fait que leurs
enfants ont la nature humaine, mais ils vont la développer constamment de
toutes façons possibles. Eh bien! quand les prêtres donnent la grâce
sanctifiante aux hommes ils doivent les développer comme enfants de Dieu de
toutes les façons possibles. Or on sait
que pour augmenter le divin, il faut diminuer l’humain; il faut que le vieil
homme dépérisse pour que le nouvel homme grandisse dans le surnaturel. Donc encore un point important où les
philosophes sont de travers avec les Saints.
sa division Nous divisons
la mortification ici en deux: l’intérieure et l’extérieure, simplement pour
mieux les comprendre, car dans le concret, elles doivent toujours aller
ensemble. C’est une mauvaise tactique
que de pousser une contre l’autre. Le
démon seul y gagne! Que de prédicateurs
vantent l’importance de la pénitence intérieure comme toute différente de l’autre. Les gens en concluent que la mortification
extérieure est bien secondaire et ils n’en font pas. J-C.
n’a jamais séparé ces deux choses.
C’est son crucifiement extérieur qui a fait son agonie intérieure. L’Église nous transmet le Christ attaché à la
croix. C’est tout l’homme qui a péché,
c’est donc tout l’homme qui doit expier.
Ce n’est pas le corps seul qui a péché, ni l’âme seule; ce sont les deux
ensemble et ce sont les deux qui doivent expier. Nous les divisons donc uniquement pour mieux les
connaître, mais dans le concret toutes deux vont ensemble.
Mortification intérieure
L’imagination tient comme
le milieu entre le monde matériel et le monde intellectuel; c’est elle qui peut
amplifier, embellir, grandir les sensations et les choses représentées dans les
sensations. On voit qu’elle peut être un
fameux instrument dans les mains des démons pour nous garder nos attaches aux
choses créées et en augmenter notre amour.
On sait comme elle peut exciter les passions par ses représentations souvent
exagérées des plaisirs qu’elle invente pour les sens. Le mieux alors est de détourner l’imagination
de ces plaisirs. Ce sont les passions
affamées qui agissent sur l’imagination pour lui faire représenter leur genre
de plaisirs qu’elles veulent. C’est
quand on jeûne, par exemple, qu’on se représente toutes sortes de bons mets
délicieux qu’on mangerait avec le plus grand plaisir. Mais quand on a bien mangé, l’imagination ne
nous prépare pas de banquet, comme lorsqu’on a faim.
De même c’est quand on
veut rester chaste que l’imagination représente ces sortes de
satisfactions. Le bon Dieu le permet
pour nous donner une chance de le préférer à ces plaisirs et le démon essaie de
nous attirer à y consentir pour nous perdre.
Pour réussir à restreindre l’imagination dans les grandes tentations il
faut prendre l’habitude de le faire dans les petites. Prendre l’habitude de préférer Dieu à
n’importe quel échantillon présenté; c’est le moyen de mériter et d’apprendre à
contrôler l’imagination. La mémoire
garde le souvenir de tout ce qui passe dans les sens et les facultés de
l’homme. Quand les créatures sont
disparues autour de nous, la mémoire en garde le souvenir comme si elles
étaient présentes. On comprend que nous
devons sacrifier ces souvenirs comme les créatures elles-mêmes et souvent avec
autant de mérite. Par exemple, un matin
dans un hôtel je jeûne à côté d’un protestant qui mange un bon steak; j’ai du
mérite à m’en priver un jour de jeûne.
Une heure après mon travail, la faim me remet ce bon steak devant
l’esprit; j’ai encore sûrement du mérite à repousser ce souvenir comme j’ai
repoussé cette bonne viande au déjeuner.
Alors répétons dans la mémoire ce que nous devons faire avec le plaisir
réel en lui-même. Mortifions donc le
souvenir des plaisirs que la mémoire nous remet devant l’esprit.
L’intelligence doit être
mortifiée pour accepter dans tous les détails de la vie les manières de faire
du monde surnaturel de la foi si contraires à notre raison naturelle très
souvent. Dès que l’on sait que la foi
enseigne telle chose, qu’on l’accepte tout de suite et qu’on fasse taire
n’importe quelle protestation de notre esprit humain si borné dans les choses
de Dieu.
Une autre source de
mortification se trouve dans les jugements si différents des personnes avec
lesquelles il faut vivre. Dieu nous a
tous fait des antipodes les uns des autres et son commandement d’amour nous
oblige à faire plaisir aux autres comme à nous-mêmes. Eh bien!
quelle source de mortification du jugement que de sacrifier le nôtre à
celui des autres, quand il n’y a pas de sérieux inconvénients à leur laisser
leur jugement. Tous les inférieurs ont
une belle chance de mortifier leur jugement dans l’obéissance.
La volonté. C’est le même raisonnement que pour la
mortification de l’intelligence, que la volonté suit ordinairement. Laissons aux autres le droit de faire leur
volonté quand nous sommes les seuls concernés.
Par exemple, on trouve qu’il fait trop chaud et l’on ouvre la fenêtre;
un autre gèle! Eh bien! qu’il mette son paletot et laisse la fenêtre
ouverte pour l’amour de celui qui a chaud, ou vice versa. Que d’occasions de mortifier sa volonté dans
les familles et les communautés!
Mortification extérieure
Les sens nous découvrent
les plaisirs que nous pouvons trouver dans les choses créées et naturellement
l’homme veut ces satisfactions pour sa nature.
Or la foi nous enseigne à retirer notre amour des choses créées pour le
donner tout à Dieu. Pour lutter contre
cet amour naturel, le meilleur moyen est de lui soustraire la matière qui
l’alimente: les sensations. Il faut
détourner les sens de leur objet propre pour diminuer cet amour que nous avons
pour les créatures. Plus les sens sont
parfaits et plus ils alimentent cet amour naturel; ce sont donc ceux-là surtout
que nous devons mortifier. Par exemple,
la vue est une source abondante de péchés.
David tomba dans l’adultère et les deux vieillards qui observaient
Suzanne voulurent commettre ce péché avec elle.
Parce qu’elle refusa ils la dénoncèrent et demandèrent sa mort et
finalement Dieu la délivra de leurs mains et ils furent punis de mort. Quelle rage de nos jours, plus que jamais,
avec les inventions modernes pour satisfaire les sens! On veut tout voir, tout entendre et jouir de
tout dans les cinémas, les amusements de toutes sortes, les théâtres, la radio,
etc… Jusqu’aux prêtres et aux religieux qui les courent comme de vrais païens!
Le goût mérite une
mention spéciale, car il conduit vite à la gourmandise qui est une source
abondante de péchés.
Tout chrétien
devrait faire une lutte à mort à l’ivrognerie qui cause tant de ravages dans le
monde. Le seul moyen efficace en général
est de s’abstenir complètement de toute liqueur enivrante. Ce n’est pas facile de tenir la modération
là, parce que ces liqueurs causent une véritable passion qui entraîne les
hommes aux excès. Les prêtres et les
religieux surtout devraient donner l’exemple d’une abstention totale quand même
ils seraient capables de se contrôler.
Pour sauver le peuple et lui mériter des grâces spéciales il faut que quelqu’un fasse pénitence pour lui et qui mieux que les prêtres et les religieux peuvent le faire et doivent le faire?
La mortification du goût
par le jeûne est une pénitence extrêmement précieuse devant Dieu. De nos jours, même les prêtres ne parlent plus
que de la prière, eh bien! elle ne vaut pas grand’chose sans la
mortification. L’Écriture joint
d’ordinaire le jeûne ou l’aumône à la prière pour la rendre efficace. Il faut les deux, dit Jésus, pour chasser le
démon d’impureté. Or l’impureté est très
répandue précisément parce que les prêtres ne prêchent plus le jeûne; c’est à
qui en ferait le moins. Aussi l’impureté
se répand de plus en plus. Qu’on
revienne au jeûne et surtout chez les jeunes si portés à l’impureté!
Au pied du Sinaï les
Juifs se mirent à fêter en mangeant et en buvant, puis ils dansèrent et enfin
tombèrent dans le péché d’idolâtrie. La
gourmandise conduit à tous les péchés!
Tandis que le jeûne mène à toutes les vertus!…
Moïse jeûna 40 jours et
40 nuits et Dieu lui parla familièrement et lui donna la loi des 10
commandements. La gourmandise éloigne
donc de Dieu et le jeûne nous rapproche de lui.
Élie jeûna 40 jours et Dieu lui fit de magnifiques révélations sur le
Messie et il mérita de passer à un meilleur monde sans mourir. J-C.
jeûna 40 jours aussi et sur le Thabor ceux qui avaient jeûné également
40 jours, Moïse et Élie, leur apparurent, l’un représentant la Loi, l’autre les
prophètes: trois grandes institutions divines inaugurées par un jeûne de 40
jours. Quand les Apôtres et les premiers
chrétiens voulaient obtenir une grâce de Dieu, ils jeûnaient et ils
l’obtenaient. De nos jours quand les
Évêques et les prêtres se réunissent pour délibérer sur quelque question
religieuse, c’est entre des banquets qu’on décide! Aussi, jamais rien de bon ne sort de là.
On rédige quelques
résolutions et tout finit là! St
Grégoire dit que St Pierre jeûnait continuellement, que St Mathieu ne mangeait
que des herbes, comme aussi St Jacques.
St Ignace, M. dit que les fidèles
d’Alexandrie jeûnaient les mercredis et les vendredis en plus du Carême et des
Quatre-Temps. St Jérôme écrit à
Népotien: «À quoi sert s’abstenir d’huile et ensuite aller à la recherche de
mille aliments, tels que des figues sèches, des noix, du poivre, des dattes, du
miel et de la meilleure farine de froment et des amandes?» Inutile de citer des
textes sans nombre qui montrent l’efficacité du jeûne pour désarmer la colère
de Dieu: l’Écriture en est remplie: Judith, Esther, Jonas à Ninive, etc…
Continuons le texte de St Jérôme: «On empile toutes les ressources de
l’horticulture parce qu’on ne veut pas se contenter de la nourriture ordinaire;
mais en courant après les délices, on s’éloigne du royaume des cieux.
J’apprends en outre qu’il
y en a quelques-uns, qui, contrairement à l’usage établi ne boivent point
d’eau, ne mangent pas de pain, mais se nourrissent de légumes hachés et de
boissons délicates. Le jeûne le plus
rigoureux est celui qu’on observe en se contentant de pain et d’eau… Exemple: À
Joliette en la paroisse du Christ-Roi, le Curé, P. Laurenzo Gauthier, qui avait fait la
retraite, demande une neuvaine d’actions de grâces pour ce que Dieu voulait en
permettant deux maisons louches dans la paroisse et le dernier jour il demanda
un jeûne au pain et à l’eau, et assurant bien les fidèles que les Pères
feraient ce jeûne aussi. Le lendemain,
comme ils sortaient de la messe, une des maisons flambait. L’autre famille qui savait qu’on avait fait
ces jeûnes contre eux aussi, alla s’installer ailleurs. Un jour, je rencontre ce curé mécontent
contre le Père Gauthier qu’il tenait responsable. Je lui dis: M. le Curé, est-ce que vous n’avez pas du pain
et de l’eau chez vous? Jeûnez!
Je racontais ce fait en
retraite sacerdotale. M. Trépanier, vicaire à St Grégoire de
Montmorency, demanda à son Curé de faire un triduum de prières avec un jeûne à
la fin au pain et à l’eau, pour se débarrasser de deux maisons semblables à
celles de Joliette. Après le triduum, un
des propriétaires tomba mort sur son perron et l’autre famille eut peur et s’en
alla ailleurs où le Curé me dit qu’ils se conduisaient très bien!…
Au lac Édouard une
épidémie de chenilles s’abat sur la région.
M. Dumont, l’aumônier, qui avait
suivi nos retraites, demande aux tuberculeux du Sana de jeûner en paroles,
puisqu’ils ne pourraient pas le faire au pain et à l’eau. Il leur demanda de ne pas manger de bonbon ce
jour-là et de garder le silence et de prier le plus possible. Le lendemain toutes les chenilles s’en
allaient directement au lac où elles se noyaient et les autres moururent. Un religieux prêtre est chassé de sa
communauté; il lui faut une lettre de recommandation de son supérieur pour être
accepté par un Évêque. Son Supérieur
refuse deux fois. Entre temps ce
religieux fait la retraite et apprend ce moyen efficace pour obtenir des
faveurs de Dieu. Il commence son jeûne
le matin, mais à midi le supérieur où il se trouve lui défend de
continuer. Quand même, quelques jours
après, il reçoit dans la même enveloppe deux lettres de son Supérieur: l’une
disant qu’il n’aura jamais de lui une lettre de recommandation et l’autre était
une vraie bonne recommandation! J’ai vu
les deux lettres! Quel dommage que les
prêtres ne recourent plus à ces moyens si apostoliques et si efficaces pour
toucher le coeur de Dieu! On voit que
les Apôtres jeûnaient et priaient, puis le St Esprit les éclairait! Quelle pitié de voir tant de réunions de
prêtres et de religieux pour promouvoir les intérêts de la religion, comme les
cercles d’étude catholiques, de congrès de catéchisme, etc. Et l’on délibère sur les choses de Dieu à
travers des nuages de fumée et en buvant de la liqueur et en mangeant toutes
sortes de choses délicates! Quelle
farce! Quelle ignorance des voies de
Dieu! Est-ce surprenant que rien ne sort
de ces assemblées à la païenne!…? Au
lieu de discuter combien peu on peut se priver tout en jeûnant «strictement
parlant», pourquoi les prêtres ne prêchent-ils pas le vrai jeûne des temps
apostoliques?… Le moins possible et surtout au pain et à l’eau! Au lieu de se tâter le pouls, qu’on tâte la
dette épouvantable que chacun doit à la justice divine pour ses nombreux péchés
jamais encore expiés, même s’ils sont pardonnés. Les flammes du purgatoire ou de l’enfer ne
sont pas bonnes pour la santé!… et les petits inconvénients du jeûne les
éteindraient pour vous… La mentalité n’est pas du tout au jeûne. Même en communauté combien pourraient jeûner
qui ne le font pas? Quelle sorte de
perfection cherchent-ils ces prêtres et ces religieux qui ont exclu le jeûne de
cette recherche? Il y a quelque chose de
foncièrement croche quelque part quand on exclut le jeûne de sa vie.
La langue mérite une
attention spéciale à cause de son efficacité merveilleuse pour le mal comme
pour le bien. Elle distribue à droite et
à gauche l’éloge et le blâme, la peine ou la joie, la paix ou la guerre. Il faut citer St Jacques, 3: «Si quelqu’un ne
pèche pas en paroles, c’est un homme parfait capable de tenir ainsi tout le
corps en bride. Voyez encore les
vaisseaux, tout grands qu’ils sont et quoique poussés par des vents impétueux,
ils sont conduits par un petit gouvernail au gré du pilote qui les dirige. Ainsi la langue est un tout petit membre, mais
de quelles grandes choses elle peut se vanter!
Voyez une étincelle peut embraser une forêt. La langue aussi est un feu, un monde
d’iniquité. N’étant qu’un de nos
membres, la langue est capable d’infecter tout le corps; elle enflamme le cours
de notre vie, enflammée qu’elle est elle même du feu de l’enfer… Les animaux
sont domptés, mais la langue, aucun homme ne peut la dompter; c’est un fléau
qu’on ne peut arrêter; elle est remplie d’un venin mortel.
Chaque coup de langue
fait trois blessures: à la personne contre qui on parle, à celle qui écoute
avec complaisance le mal qu’on dit et enfin à celle qui le dit. St Clément dit que St Pierre enseignait qu’on
peut commettre trois sortes de meurtres et que les trois ont la même peine:
tuer le prochain, le haïr et ruiner sa réputation. St Paul dit, Rom. 1-30, que les détracteurs sont odieux aux
yeux de Dieu. Marie, la sœur de Moïse,
est couverte de lèpre pendant une semaine parce qu’elle a murmuré contre son frère, et des milliers de Juifs qui avaient murmuré contre Moïse sont tués par
les serpents. Ps. 34-13 dit: Quel est l’homme qui aime la vie,
qui désire de longs jours pour jouir du bonheur? Préserve ta langue du mal et tes lèvres de
paroles trompeuses. Prov. 21-24: «Celui qui garde sa langue et sa
bouche préserve son âme des angoisses» Plût à Dieu que les prêtres et les
religieux fussent des modèles dans la garde de la langue! Comme on fait circuler vite n’importe quelle
calomnie ou médisance contre les confrères!
Combien parlent les uns contre les autres, même devant les laïques à
leur grand scandale! … cessons!…
La sensualité se compose
des trois concupiscences: celle des yeux, de la chair et l’orgueil de la vie…
dont la résultante est l’impureté. C’est
inutile pour les confesseurs de disputer les impudiques s’ils ne leur indiquent
pas les remèdes. D’après le sermon sur
la montagne Jésus enseigne que la maison qui est bâtie sur le sable tombe. Eh bien!
le sable est la mentalité païenne des motifs naturels en toutes
choses. Celui qui s’accuse d’impureté
montre qu’il vit de motifs naturels depuis des années. Le seul remède efficace est d’enlever les
motifs naturels dans sa vie. Qu’on lui
conseille de cesser de fumer ou de boire de la liqueur ou d’aller aux
amusements de toutes sortes où il a mis son cœur et qui lui fournissent des
motifs naturels. Il ne faut pas manquer
de les pousser à quelques jeûnes à différents repas pour que ça ne paraisse pas
aux yeux des autres. Il faut sauter un
repas, par-ci par-là, ou ne prendre qu’un demi-repas, etc. Qu’il aille de moins en moins aux vues, etc…
Ce n’est que par la mortification des appétits, des bons comme des mauvais
qu’on aura la grâce de résister aux tentations si fortes et si dangereuses de l’impureté
à tout âge et dans tous les rangs de la société. Quand on sacrifie un plaisir permis, on gagne
une grâce pour en faire un autre et ainsi de suite. Voilà ce qui donnera la force de résister aux
grandes tentations impures. Luttons de
toutes nos forces contre toutes ces concupiscences et nos attraits pour les
plaisirs même permis. En proportion
qu’on vide son cœur de l’amour des créatures, Dieu prend la place, il le
purifie et le remplit de divin.
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