VINGT-NEUVIÈME
INSTRUCTION LA CONFIANCE.
«Mets ta confiance en Jéhovah et fais
le bien… et il te donnera ce que ton coeur désire.» Ps. 36.
Plan
Remarque (S’appuie sur les créatures Confiance naturelle… (Elle déplaît à Dieu
(Moyens pour la détruire (S’appuie sur les perfections divines Confiance
surnaturelle… (Sur la doctrine de J-C.
(Sur l’exemple des Saints.
REMARQUE…
Nous avons vu que la patience est la vertu qu’on pratique dans les épreuves
pendant que notre païen meurt en partie, comme le grain de blé semé en
terre. La confiance est la vertu qui
correspond au petit germe qui se développe à mesure que le grain meurt et qui
promet une récolte de ce grain. C’est
une conviction de l’âme qu’on va obtenir un bien que l’on désire ardemment.
Quand
on parle des vertus, il est toujours bon d’expliquer d’abord la vertu naturelle
afin de l’éliminer tout de suite; autrement les gens ne prennent que la vertu
naturelle et laissent de côté la surnaturelle, comme étant du surérogatoire, de
simple conseil et ils n’en prennent pas.
Mais quand on leur montre que la seule vertu naturelle qu’ils pratiquent
ne vaut rien pour le salut, on a plus de chance qu’ils acceptent la vertu
surnaturelle.
CONFIANCE
NATURELLE
Elle
est aussi générale que la mentalité païenne.
Si la grâce sanctifiante élève tout notre être dans le monde surnaturel,
elle ne change pas par elle-même l’orientation de notre mentalité: toutes nos
tendances naturelles restent intactes tant que par une bonne formation
ascétique on ne les transforme pas en orientation surnaturelle. Or cette formation manque en général de sorte
que la plupart des chrétiens, des prêtres et des religieux restent avec leur
confiance naturelle. Examinons-la…
Elle
s’appuie sur les créatures qui sont le champ normal des opérations des
humains. Toute la vie de l’homme est
saturée de l’influence des choses créées.
Il est déjà saturé de cette vie quand il découvre la vie
surnaturelle. Il est bien exposé à
compter sur les créatures pour réussir dans ses entreprises, d’autant plus que
bien peu de prêtres sont capables d’enseigner aux fidèles comment passer du
monde naturel au monde surnaturel dans la mentalité. Ils ne l’ont pas suffisamment appris
eux-mêmes pour pouvoir l’enseigner aux autres.
D’après
la manière de parler des gens et surtout d’après leur manière d’agir, on voit
qu’ils comptent sur les choses créées pour réussir dans leurs affaires. Ils comptent sur leur propre jugement, sur
l’influence des autres plus riches ou plus puissants qu’eux. Cela se voit bien dans leurs échecs: ils
accusent un tel ou un tel d’avoir manqué à sa parole, à son devoir envers lui;
les malades comptent sur leurs remèdes ou sur leurs médecins; les pauvres sur
des amis riches pour améliorer leur sort, etc.
Que de prêtres comptent sur leurs organisations extérieures de toutes
sortes pour ramasser de l’argent pour payer leurs églises. On exploite ainsi les motifs naturels des
gens en leur fournissant des amusements pour lesquels ils donnent leur
argent. Les prêtres auraient une bonne
chance d’exercer les fidèles à agir pour des motifs surnaturels pour payer leur
église et les frais du culte. Les
Apôtres n’organisaient pas de cette sorte et ils faisaient donner tellement que
les fidèles donnaient jusqu’à leurs maisons et leurs fermes pour les bonnes
oeuvres. De nos jours les prêtres
exploitent les passions des gens par des amusements et les paroisses restent en
dette. Que d’institutions sont en dette
parce qu’elles ont compté sur de riches amis qui ont fait défaut juste quand il
s’agissait de payer, sur des procureurs habiles qui ont fait des gaffes
monumentales; sur des placements à la bourse qui se sont dissipés quand on en
avait besoin. Évidemment il nous faut
certains moyens humains pour réussir, mais simplement comme condition, jamais
comme cause. Quand on s’en sert, il faut
attendre le succès uniquement de Dieu quand même. Dans ce cas Dieu a sa gloire et il bénit
l’oeuvre et l’emploi des moyens. C’est
selon cette distinction que St Vincent de Paul disait qu’il craignait plus les
moyens humains que le diable. Elle
déplaît à Dieu:
Déjà
dans l’Ancien Testament Dieu avait donné cette doctrine bien clairement aux
Juifs par ses prophètes. Parrl. 2è, 16-7: «Dieu envoie Hanani, le voyant,
dire à Asa qui s’était appuyé sur le roi de Syrie: Parce que tu t’es appuyé sur
le roi de Syrie et que tu ne t’es pas appuyé sur Yahveh, ton Dieu, à cause de
cela l’armée du roi de Syrie s’est échappée de tes mains. Les Éthiopiens et les Lybiens ne
formaient-ils pas une grande armée avec des chars et des cavaliers très
nombreux? Et cependant, parce que tu
t’es appuyé sur Yahveh, il les a livrés entre tes mains. Car Yahveh de ses yeux parcourt la terre pour
soutenir ceux qui lui donnent leur coeur parfaitement. Tu as donc agi en insensé dans cette affaire,
car désormais tu auras des guerres.»
Au
chap. 20 du même livre, il est raconté
comment Josaphat, fils d’Asa, réunit tout le peuple devant le temple et fit une
très belle prière à Yahveh lui donnant toute la gloire possible en lui disant
qu’il comptait uniquement sur lui pour les délivrer d’une immense armée
d’Ammonites et de Moabites. Dieu suscita
un prophète pour dire à Josaphat que Dieu combattrait avec eux et qu’ils
n’auraient rien à faire. De fait, les
ennemis s’entre-tuèrent par milliers et Jérusalem fut délivrée de ce grand
danger. Les Juifs rendirent de grandes
actions de grâces à Dieu. Josaphat leur
avait dit: «Confiezvous en Yahveh, votre Dieu, et vous serez inébranlables;
confiez-vous en ses prophètes et vous aurez du succès.»
Elle
déplaît à Dieu parce qu’elle lui enlève sa gloire et la donne à ses
créatures. L’histoire montre que ceux
qui s’appuient sur les créatures sans s’occuper du Créateur font fiasco en
général, surtout quand ils veulent obtenir une fin surnaturelle. Dieu est moins insulté quand on veut une fin
naturelle avec des moyens naturels.
Comme les chrétiens sont peu soucieux de donner gloire à Dieu; donnons
quelques exemples pour que la doctrine pénètre mieux dans le coeur. Si une femme qui a un mari ivrogne pense
arriver à le convertir par ses disputes, ses colères et ses menaces, Dieu ne
coopérera pas avec elle et elle ne réussira pas. Tandis que si elle ne comptait que sur Dieu,
sur ses prières, ses pénitences et son abandon à Dieu, elle aurait des chances
de réussir. Autrement, elle se vanterait
d’avoir converti son mari et Dieu n’aurait pas sa gloire, ce qu’il veut à tout
prix. Un homme a $100,000.00 en banque;
s’il met sa confiance en cet argent pour ses vieux jours, il court grand risque
de le perdre avant. Tandis que si il disait
quelque chose comme ceci: J’ai bien tant d’argent en banque, mais je ne compte
que sur Dieu pour prendre soin de moi quand je serai incapable de travailler,
Dieu lui laisserait son argent. Un autre
compte sur son fils qu’il aime tendrement.
Eh bien! Dieu va disposer les
choses pour que son fils marie une femme qui détestera son beau-père et n’en
voudra pas du tout dans la maison. Il
apprendra à ses dépens qu’il ne faut compter que sur Dieu pour tout. Voici un bon exemple pratique. Un de mes bons amis me disait un jour qu’il
avait
voulu
fonder une union des couturières qui travaillent chez les Juifs de
Montréal. À cet effet il avait convoqué
140 manufacturiers juifs pour discuter de l’affaire. Il essaya en vain d’attirer leur attention
sur son plan; personne ou peu ne l’écoutait.
Tout à coup, il se rappelle qu’il n’a pas consulté Dieu selon son
habitude. Il se rassied et,
intérieurement, il fait réparation d’honneur à Dieu et lui dit qu’il ne compte
que sur lui pour réussir. Puis il se
relève et se fait écouter pendant une bonne heure par tout le monde; le contrat
est signé tout de suite et une heure après approuvé par l’Archevêque, puis une
semaine après par le Gouv. du
Québec. Quand Dieu est là les choses
vont vite!
Si
les inférieurs étaient assez surnaturels pour consulter Dieu d’abord et tout
lui abandonner l’affaire avant d’aller demander une permission aux supérieurs,
ils se verraient plus souvent exaucés!
Que de permissions inaccordables nous avons eues avec ce truc bien
simple! Que de ménages seraient bénis de
Dieu si les jeunes consultaient Dieu avant de se marier et même avant de
commencer à se fréquenter! Mais ils
choisissent cet état d’où dépend le bonheur de leur vie sans s’occuper de Dieu
très souvent ou très peu. Alors Dieu reste
en dehors de leur ménage et ils sont malheureux.
Qu’on
agisse donc de la sorte pour le choix de n’importe quelle profession ou
commerce ou industrie ou quoi que ce soit: quelle différence quand un homme met
sa confiance uniquement en Dieu et celui qui la met dans les créatures! Qu’on l’essaie dans la pratique de la vie et
l’on bénira Dieu d’avoir eu cet esprit de foi.
Dieu déteste tellement cette confiance naturelle qu’il a organisé toute
sa providence, on dirait, spécialement pour la détruire. Tout cela serait évité si les hommes
prenaient ces avertissements qu’il nous donne dans l’Écriture contre cette
confiance naturelle. Donnons encore un
texte. Isaïe, 30: «Malheur aux enfants
rebelles qui font des pactes et des projets sans moi; ils descendent sur le
chemin de l’Égypte sans avoir consulté ma bouche pour se réfugier sous la
protection de Pharaon et pour s’abriter sous l’ombre de l’Égypte. La protection de Pharaon sera pour vous une
honte et le refuge de l’Égypte une confusion.» Voilà ce qui attend tous ceux
qui mettent leur confiance dans les créatures au lieu de la mettre dans leur
Créateur! Moyens que Dieu prend pour la
détruire. Comme Dieu a créé le monde
matériel pour faire connaître le monde spirituel, il agit dans les deux selon
la même méthode. Par exemple, comme
toutes les choses à la surface de la terre passent par les quatre saisons qui
nous apportent chacune son changement particulier pour nous servir de figure de
ce que Dieu fait dans l’âme pour la faire passer du monde matériel au monde
spirituel, et cela pour toutes les vertus.
Il y a là de bonnes leçons pour comprendre les différentes phases de
notre vie spirituelle. Cette
connaissance aide le chrétien à mieux se comprendre et éclaire aussi tout
directeur d’âme. Commençons par le
printemps qui donne à tout un renouveau de vie; les bourgeons sortent et puis
les feuilles et les fleurs s’épanouissent et répandent leur parfum agréable;
tout est gai avec les oiseaux qui chantent, le soleil qui réchauffe, et les
ondées bienfaisantes pour faire pousser l’herbe et les plantes.
Au
début de la vie spirituelle, Dieu donne une espèce de printemps où il remplit
l’âme de joie dans son saint service; on aime à chanter son bonheur en beaux
cantiques spirituels, la prière jaillit du coeur facilement et l’esprit
s’envole vers les choses spirituelles spontanément pour rêver au bonheur du
ciel tout près de soi, et les larmes de consolation coulent aisément; on veut
être tout à Dieu! Parce qu’on trouve
tant de bonheur en Dieu on éprouve du dégoût pour les choses du monde; on voit
le vide des plaisirs sensibles si éphémères et on les méprise. C’est justement l’effet que Dieu voulait
produire par ce printemps spirituel: nous détacher des créatures. Mais à notre insu, nous comptons sur notre
petite sainteté qui nous paraît grande et que nous aimons pour ses
consolations. Il faut donc maintenant
que Dieu nous détache de nous-mêmes pour que nous ne comptions que sur
lui! Alors il nous fait passer comme…
Par un été spirituel. Après le printemps
les ondées cessent, les arbres perdent leur belle garniture de fleurs avec leur
parfum et la sécheresse avec des vents chauds brûle les champs, nous amène les
insectes et les moustiques ennuyeux pour nous.
Dans
l’âme il se passe quelque chose de semblable.
La sécheresse se répand dans l’âme, les larmes sont taries et les
prières et les méditations sont bien pénibles; les distractions abondent et les
tentations importunes et nombreuses exercent la patience. On a beau prier, le ciel semble
d’airain. Que se passe-t-il? On se croyait si saint et l’on se sent sur le
point de tomber dans le péché! Comme on
se sent petit alors! Comme on est
faible! Bon à rien! La confiance qu’on avait en soi disparaît et
l’on se jette dans les bras de Dieu comme dernier ressort! C’est ce qu’il voulait! Évidemment ces saisons spirituelles varient
beaucoup dans leur longueur, selon la docilité de chacun à la grâce de
Dieu. Cet été spirituel est bien
dangereux pour la plupart des chrétiens.
Dès qu’ils éprouvent un peu de sécheresse dans le service de Dieu, ils
abandonnent la prière, ne se croyant pas faits pour une vie de perfection et
ils retournent en arrière chercher dans les plaisirs terrestres la joie qu’ils
ne goûtent plus au service de Dieu. Ceux
qui persévèrent malgré les épreuves voient leur âme enrichie intérieurement de
bons fruits spirituels, comme sur les arbres les fruits se développent après la
chute des fleurs, moins voyants mais plus solides. C’est le temps de la croissance spirituelle
dans toutes les vertus à travers toutes les épreuves qui continuent de
dépouiller le chrétien de toutes ses attaches aux créatures et à lui-même. L’automne arrive avec ses jours sombres et
ses vents froids qui dépouillent les arbres et les plantes de leurs feuilles et
de leurs fruits; c’est le temps des récoltes et le temps de mettre en grange
les moissons et les légumes et les fruits en réserve pour l’avenir. Dans la vie spirituelle c’est la chute des
illusions et des ambitions plus ou moins naturelles pour son petit bonheur
terrestre. Les années s’accumulent et
l’on se demande sur quoi fonder sa confiance pour son salut éternel! Les jours sombres se multiplient au fond de
l’âme; on aime à s’isoler pour réfléchir… et pleurer la perte de temps et de
grâces. On voudrait avoir le temps
d’aller dans les bois silencieux et à l’écart pour mieux regretter le passé et
se cramponner à Dieu au moins à la fin de la vie!
C’est
une saison extrêmement utile dans la vie spirituelle; c’est la dernière chance
de réparer ce qui a manqué dans le passé, comme de se faire une bonne provision
de mérites pour les greniers éternels.
Souvent Dieu envoie la maladie ou des infirmités pour nous avertir que
la fin s’en vient vite, que si nous voulons encore faire quelque chose pour le
ciel, il faut le faire vite!
Au
moins sur la fin de la vie, donnons tout le temps possible aux visites au
S. Sacrement et à la messe; on ne
devrait plus plaider l’urgence des affaires qu’il faut laisser à d’autres pour
se réserver du temps à se bien préparer à la mort qui ne peut guère tarder. Lisons de bons livres de piété solide comme
l’Écriture Sainte, les vies des saints et les auteurs spirituels pour mieux
connaître et aimer Dieu avant d’aller se faire juger par lui!
l’hiver
immobilise la nature en grande partie avec ses gelées, ses frimas et ses neiges
qui couvrent la terre comme d’un immense linceul. Cette immobilité nous fait penser à
l’immobilité de la mort qui s’en vient.
D’ailleurs la vieillesse refroidit toute notre activité physique et l’on
sent que le vieil homme dépérit et qu’on va bientôt sortir du monde des
créatures sur lesquelles on a tant compté durant la vie. Plus que jamais il faut leur retirer toute
notre confiance pour ne la mettre qu’en Dieu qui demeure éternellement. Hâtons-nous donc de nous débarrasser de cette
confiance naturelle dans tous les domaines de notre activité libre car elle est
en abomination devant Dieu parce qu’elle lui enlève sa gloire et qu’elle est
fausse, puisque les créatures ne peuvent absolument rien par elles-mêmes. Cela ne peut pas se faire sans le secours de
Dieu que nous devons demander souvent par des prières ferventes et ajouter des
pénitences comme des jeûnes au pain et à l’eau pour obtenir cette grâce d’une
confiance purement surnaturelle. la confiance surnaturelle Elle est donc la
seule qui doit
rester
dans le chrétien. Il est appelé à
l’ordre surnaturel et il doit prendre tous ses motifs dans ce même monde divin,
puisqu’il doit être mort au monde naturel.
Comme elle ne vient pas spontanément ni automatiquement dans l’âme, il
faut s’exercer à l’attirer en nous avec la grâce de Dieu. Notre part est de chercher les motifs qui
cadrent avec cette confiance surnaturelle.
En réfléchissant on les trouve dans les perfections divines, dans la
doctrine de Jésus-Christ et dans l’exemple des saints. Voyons les trois séparément.
Elle
s’appuie sur les perfections divines.
Dans le ciel nous mettrons toute notre confiance uniquement dans les
perfections divines: il faut donc commencer à le faire tout de suite sur la
terre dans la foi. Nous avons un bon
exemple de la façon de faire de Dieu dans ce qu’il fit aux Juifs dans le
désert, comme nous l’avons dit dans l’instruction précédente. Dieu leur a enlevé, pour ainsi dire, toutes
les créatures qui auraient pu leur être utiles dans ce désert, précisément pour
que les Juifs soient obligés de s’appuyer uniquement sur Dieu. Là il déploya ses perfections divines qu’il
utilise dans le contrôle de sa création.
Et comme St Paul dit que ce qui est arrivé aux Juifs était une figure de
ce que Dieu ferait pour nous, il est bon de nous arrêter à quelques-unes des
perfections qu’il manifesta tout particulièrement aux Juifs, son peuple choisi,
qu’il voulait former comme un modèle pour les autres peuples. sa toutepuissance se révéla d’abord dans les
plaies qu’il infligea aux Égyptiens pour les forcer à laisser aller les
Juifs. Puis quand il ouvrit un chemin à
travers la mer pour laisser passer son peuple et qu’il ramena les eaux pour
noyer leurs ennemis. Il fit jaillir de
l’eau d’un rocher et conduisit son peuple par une colonne de feu la nuit et un
nuage le jour. Il les délivra de tous
leurs ennemis tant qu’ils lui restèrent fidèles. En dehors du désert, il leur donna la
victoire sur des armées très puissantes.
Tout cela montrait que celui qui avait été capable de créer l’univers
était capable de le contrôler comme il le voulait.
Il
faut se garder de croire que parce qu’on reconnaît bien vite la puissance de
Dieu selon l’esprit, qu’on la reconnaît en pratique. Quelle différence entre les deux! Combien de chrétiens se découragent quand ils
sont dans les impasses où Dieu les a mis exprès pour exercer leur esprit de
foi! Parce qu’ils ne voient pas comment
ils pourraient en sortir, ils concluent qu’ils n’en peuvent pas sortir. Mais Dieu?
Ils ne vont pas plus loin que leurs propres ressources, mesurant ainsi
Dieu sur leur propre faiblesse. Comme il
y en a de ces gens qui ne croient pas à la puissance de Dieu quand ils sont mal
pris d’une façon ou d’une autre! On les
voit s’adresser à toutes sortes de créatures pour sortir de leur impasse et ils
ne pensent pas à Dieu ou à peine. Ils
devraient s’adresser à lui d’abord et ensuite à ses créatures par lui. la sagesse de dieu connaît des moyens que
nous ignorons pour nous préserver de tout
malheur,
pour nous en faire sortir. Parfois ils
sont contraires à notre façon de faire et le plus souvent ils le sont. Car Dieu a toujours en vue notre bien
surnaturel auquel nous pensons rarement et ce bien, comme nous l’avons déjà
appris, se procure aux dépens de nos biens naturels et temporels: les seuls que
nous surveillons!
Ainsi
dans le désert Dieu voulait faire pratiquer les vertus surnaturelles à son
peuple en leur enlevant toutes les façons ordinaires de se pourvoir des biens
nécessaires à leur vie corporelle. Il le
fit par des miracles continuels afin de les habituer à ne compter que sur
lui. S’ils eussent eu plus de foi, il en
aurait fait encore plus.
Cette
sagesse de Dieu éclate aux yeux de la foi dans toute l’oeuvre de la rédemption
qu’il opère par des moyens absolument réprouvés par la raison humaine. Le Verbe se fait homme pour nous faire des
dieux, se fait blesser pour guérir nos blessures et meurt pour nous donner la
vie. Celui qui peut faire cela peut tout
faire et connaît tous les meilleurs moyens de nous faire du bien. Alors pourquoi ne pas mettre toute notre
confiance en lui seul? Que dire en plus
des autres perfections comme de sa bonté sa miséricorde, son amour pour nous,
etc.? Il en a donné tant de preuves aux
hommes que c’est incompréhensible qu’ils comptent si peu sur les perfections
divines dans leur vie.
Sur
la doctrine de J. C. qu’il donne surtout dans le sermon sur la
montagne. Avec quelle insistance il
montre comment Dieu prend soin des hommes et il donne des arguments les plus
convaincants pour exciter notre confiance en Dieu. Comme les hommes s’inquiètent surtout des
besoins du corps et pas du tout ou trop peu des besoins de l’âme, J-C. nous enseigne à ne chercher que les biens de
l’âme et que Dieu nous donnera tous les biens du corps par-dessus le
marché! «Cherchez d’abord le royaume de
Dieu et sa justice…» Il veut donc que nous vivions uniquement par la mentalité
dans le monde surnaturel où il n’y a rien pour le corps et alors nous mettrons
notre confiance uniquement en Dieu puisqu’il est seul dans ce monde-là.
C’est
pourquoi Jésus nous dit: «Ne vous inquiétez pas pour votre vie, de ce que vous
devez manger, ni pour votre corps de quoi vous vous vêtirez; la vie n’est-elle
pas plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement?» Comme s’il
voulait dire: Dieu vous a donné la vie et le corps sans vous, il vous donnera
bien ce qu’il faut pour les entretenir aussi sans vous. «Considérez les oiseaux du ciel, ils ne
sèment ni ne moissonnent et ils n’amassent rien dans les greniers et votre Père
du ciel les nourrit. N’êtes-vous pas
beaucoup plus qu’eux?» Quel argument pour notre abandon à Dieu! Où sont ceux qui pratiquent cet abandon à la
Providence? Nous avons cité l’exemple de
l’hospice de Cottolengo à Turin, comme modèle parfait de la pratique de
l’abandon à Dieu et depuis un siècle Dieu soutient des milliers de personnes
sans aucun revenu fixe et sans aucune pension des malades ou des infirmes. Il est vrai que c’est rare, mais c’est parce
que c’est rare que les hommes ont confiance en Dieu; quand ils l’ont, Dieu accomplit
sa promesse de les secourir. Il ajoute
un texte pour montrer que sans Dieu toutes nos recherches pour les biens
corporels ne valent absolument rien sans Dieu.
Car pas un avec tous ses soins ne peut ajouter une coudée à sa
taille. Donc c’est bien nous dire que
sans lui nous ne pouvons rien; donc ni pour notre taille, ni pour la nourriture
ni pour le vêtement. Alors pourquoi
perdre notre temps à chercher par nous-mêmes ce qui ne peut venir que de Dieu? Puis il donne l’exemple pour nous faire
abandonner notre vêtement à Dieu aussi comme tout le reste.
«Pourquoi
aussi vous inquiétez-vous pour le vêtement?
Regardez les lys des champs comme ils croissent; ils ne travaillent pas
ni ne filent. Et cependant je vous
déclare que Salomon dans toute sa gloire n’a jamais été vêtu comme l’un
d’eux. Si donc Dieu revêt ainsi une
herbe des champs qui est aujourd’hui et qui sera demain jeté au four, à plus
forte raison, vous, hommes de peu de foi!»
C’est
Dieu lui-même qui donne cet argument si
convaincant:
allons-nous finir par agir comme Dieu le veut?
Nous devrions bien peser cet «à plus forte raison» de J-C. Quelle différence énorme entre un lys créé
pour un jour et l’homme créé pour la vision béatifique et racheté par le
sacrifice de son Dieu Sauveur! Or Dieu
prend soin du premier, combien plus de l’homme!
Que chacun prenne cette leçon pour soi, qu’il augmente sérieusement dans
sa confiance en Dieu. Que jamais de la
vie il ne compte sur une créature comme cause de son succès, mais uniquement
sur Dieu, tout en se servant de la créature comme condition ou comme
instrument, mais sur Dieu comme agent principal.
À
la fin Jésus répète et condamne les trois principales occupations des humains:
«Ne vous inquiétez donc pas en disant: que mangerons-nous ou que boirons-nous
ou de quoi nous vêtirons-nous? les
païens recherchent toutes ces choses; mais votre Père sait que vous en avez
besoin. Il est donc vrai d’après J-C. lui-même qu’il y a des chrétiens qui agissent
comme des païens! Tous ceux qui
recherchent les choses matérielles pour elles-mêmes, comme font les païens,
sont donc des païens aussi? Que de
prêtres sont froissés de nous entendre parler souvent de mentalité païenne
parmi les chrétiens ou de les appeler païens, quand ils agissent comme des
païens. Eh bien! nous suivons l’exemple de J-C.! Tous les prêtres devraient condamner tous ces
chrétiens même en état de grâce qui vivent pour ces trois choses matérielles. La preuve est vite faite: tous ceux qui
parlent habituellement de ces choses ont donc mis leur amour là, donc ils
vivent pour ces choses aimées pour elles-mêmes.
Comme il y en a… et que font les prêtres pour les éclairer? Pratiquement rien!… Si nous étions sur le chemin
des limbes, nous pourrions nous inquiéter de ces choses sans inconvénient pour
notre fin naturelle. Mais maintenant que
nous sommes élevés dans l’ordre divin il nous faut vivre tout de suite comme
dans le ciel en autant que nous le pouvons selon notre condition humaine. Or ce n’est pas difficile par la volonté et
l’intention de vouloir compter uniquement sur Dieu dans la foi comme au ciel
dans la gloire. C’est ce que J-C. veut de nous.
Encore une fois, ceux qui recherchent les biens de ce monde pour leur
bonheur et qui les recherchent en premier lieu agissent comme des païens et on
doit le leur dire du haut de la chaire!
Il ne suffit donc pas de n’attaquer que les pécheurs, comme les prêtres
font de nos jours, mais il faut aussi attaquer ceux qui sans péché agissent
comme des païens dans la poursuite des biens permis de ce monde. Or à peu près jamais on n’entend les prêtres
le dire.
Comment
des chrétiens doivent-ils agir, Jésus nous le dit: «Cherchez donc d’abord le
royaume de Dieu…» Or, les chrétiens, à la suite des prêtres, font tout le
contraire; ils cherchent d’abord les biens de ce monde et ensuite leur salut
s’ils le peuvent. Et où sont les prêtres
qui les blâment? Les fidèles changeront
de tactique quand, au lieu de ne parler que des choses et des amusements de la
terre, ils ne parleront que des choses du ciel et du salut! Où sont les prêtres capables de procurer ce
changement dans les fidèles? Où sont les
prêtres qui pratiquent cette doctrine du sermon sur la montagne? pour l’enseigner aux fidèles?
La
cause de ce déficit lamentable est uniquement dans leur théologie spéculative
qui par définition ne s’occupe pas du pratique ni de la vie, mais uniquement de
la pensée ou de la science naturelle et abstraite, qui ne va pas du tout au
coeur où le St Esprit agirait. Jamais on
ne voit ces philosophes de la théologie exploiter tant soit peu ce sermon sur
la montagne, qui est complètement en dehors de leur sphère habituelle de
penser. Ils ne traitent que des motifs
qui ne les intéressent pas du tout dans les «in se» où seules les actions
comptent et encore selon l’abstrait. Tout ce sermon est uniquement pour la
mentalité ou la tournure d’esprit des motifs ou des intentions qui
n’intéressent pas les philosophes.
Tout
être a l’instinct de sa conservation. Un
philosophe sait bien que s’il passe dans le camp des gens pratiques selon le
sermon sur la montagne, pour cultiver uniquement les motifs surnaturels, comme
Jésus enseigne ici, il va être vite persécuté par les autres prêtres et cette
peur l’arrête. Eh bien! que le pauvre homme reste avec le grand
nombre, il aura son sort aussi… et d’après ce que dit Jésus il prend un bien
plus grand risque dans l’éternité que la persécution en ce monde.
Sur
l’exemple des Saints. On peut commencer
par Abraham qui mit sa confiance en Dieu malgré les apparences du contraire,
comme dit St Paul: il espéra contre toute espérance. Dieu lui avait promis que par Isaac il serait
l’ancêtre du Messie, puis ensuite il lui demanda de l’immoler. Il garde sa confiance en Dieu quand
même! Quel exemple pour nous! La Ste Vierge eut confiance en Dieu de
devenir mère sans le concours de l’homme, ce qui était physiquement
impossible! Quel modèle encore plus
parfait que celui d’Abraham! C’est
inutile de donner d’autres exemples après ces deux-là; on sait qu’en proportion
que Dieu veut sanctifier quelqu’un il lui fera imiter d’une façon ou d’une
autre ces deux modèles de la confiance en Dieu.
Plus c’est contraire à la sagesse humaine et plus c’est divin! Que rien donc ne nous enlève jamais notre
confiance en Dieu seul avec ce que nous savons maintenant!
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