mardi 31 mars 2015
dimanche 29 mars 2015
Bibliothèque de combat (2)
Bibliothèque de combat
nous dit via Facebook : « Les auteurs de ce site n'ont rien compris à
notre position. Nous ne fondons aucun espoir politico-spirituel dans le
FN, nous souhaitons juste que sa montée populaire fasse enfin tomber le
masque de l'hydre maçonnico-gauchiste et gaullo-communiste au pouvoir depuis
1944. Ensuite, on avisera. »
Que
votre oui soit oui, que votre non soit non. Vous êtes pour la démocratie ou
contre la démocratie, vous êtes pour le FN ou contre le FN. Ce qui dérange le
plus c’est le « mais… » On semble entendre de Bibliothèque de combat « nous
sommes contre la démocratie, MAIS nous espérons que le FN gagne. » Nous
pourrions entendre aussi Notre-Seigneur Jésus-Christ que ce « mais »
vient du diable.
Lisez
cette phrase de la bible dans Matthieu 5:37 : « Que votre langage soit :
Oui, oui : Non, non; car ce qui est de plus, vient du mal. »
Espérer
et souhaiter, ce sont des synonymes. Donc, dans la même phrase vous vous
contredisez.
Ils ne feront jamais tomber aucun masque, car dans ce parti, c’est rempli de maçons. Tout de même, ce parti ne se tirera pas dans le pied.
Ils ne feront jamais tomber aucun masque, car dans ce parti, c’est rempli de maçons. Tout de même, ce parti ne se tirera pas dans le pied.
Vous
croyez que l’hydre maçonnique et tout le tralala sont là que depuis 1944! Nous
sommes peut-être de l’autre côté de l’océan, mais nous savons que la franc-maçonnerie
était là bien avant. Faut-il vous rappeler votre propre histoire? Dont une
grande partie de cette histoire fait partie de la nôtre, en Canada.
Il
ne faut pas espérer ou souhaiter qu’un parti puisse gagner ou encore voter pour
le moins pire, la vraie France a besoin d’un roi et non de la démocratie.
Tout
ce qui n’est pas DIEU n’est rien et doit être compté pour rien. (Imitation de
Jésus-Christ, III, ch. 31, 2)
http://ledoctrinaire.blogspot.com/2015/03/maurras-tournons-la-page-louis-hubert.html
samedi 28 mars 2015
Père Onésime Lacouture - 1-30 - La patience
http://www.gloria.tv/media/WfikwdCDD99
VINGT-HUITIÈME
INSTRUCTION LA PATIENCE.
«Vous
posséderez vos âmes dans la patience.» Luc 21-19.
Plan
Sa nature. (pour expier le passé Sa
nécessité: (pour rester sans péché (pour mériter le ciel (l’ancien Testament
Enseignée par: (Jésus Christ (les Saints (la foi Ses motifs sont: (l’espérance
(la charité
SA
NATURE La patience est une vertu de la volonté surtout qui nous empêche de nous
laisser aller à la tristesse quand les épreuves fondent sur nous. Elle nous aide à endurer les souffrances de
toutes sortes qui sont inévitables dans la vie du chrétien. Il est inutile de nous arrêter ici à la
patience naturelle: nous ne parlerons que de la patience surnaturelle, la seule
qui compte devant Dieu pour notre mérite.
Il faut bien le dire, c’est une vertu qui n’est pas en honneur parmi la
masse des chrétiens. Comme il y en a peu
qui sont patients dans les contrariétés et dans les souffrances si communes
dans toute vie humaine! Comme les gens
maugréent facilement contre les personnes et les événements! Que de plaintes dans les maladies, dans les
infirmités! Personne ne veut souffrir le
moindrement. Cette révolte contre tout
ce qui fait souffrir l’homme est bien naturelle, c’est certain. Comme elle est bien générale, il faut
conclure que les gens vivent bien dans le naturel et du naturel. Pour arriver à la vertu surnaturelle de
patience il faut toute une éducation que tous les chrétiens devraient recevoir
tôt ou tard dans la vie. Il faut réfléchir
beaucoup pour comprendre le plan divin qui est sûrement de nous faire souffrir
beaucoup en ce monde. Car pour arriver à
dominer cette révolte de la nature contre toute souffrance, il faut connaître
la nécessité et les avantages des souffrances et les motifs de la pratiquer.
Cette
vertu consiste à endurer pour l’amour de Dieu et donc sans se plaindre les
souffrances et les contrariétés de la vie.
La volonté se fixe sur la douleur et la tient pour ainsi dire parce que
Dieu le veut. On comprend que la
patience doit croître avec la durée de la souffrance. Il est facile d’endurer un mal quelques
minutes, mais comme il faut de la patience pour l’endurer des heures et des
jours! N. S. dit
que c’est par la patience que nous posséderons nos âmes, parce que elle seule
chasse et fait taire toutes les passions qui se révoltent et qui crient contre
la douleur et qui mettent l’âme comme hors d’elle-même. Tandis qu’avec la patience, elle les domine
toutes et reste maîtresse d’elle-même: c’est la volonté qui mène comme elle
doit le faire. Il lui faut une grande
puissance pour exercer ce contrôle sur ses passions de toutes sortes qui se
révoltent contre la douleur. Il est
évident qu’il faut ajouter la prière à la réflexion pour obtenir cette grâce,
une des plus importantes pour la vie spirituelle, puisque pour avoir du mérite
de nos souffrances, il faut avoir de la patience surnaturelle. sa nécessité
Pour expier le passé. Nous avons tous commis
des péchés dans le passé qui constituent une forte dette envers la justice
divine. Elle doit se payer avant la mort
ou après. Trop facilement nous croyons
que tout est absolument pardonné par les confessions superficielles que la
plupart font. Nos prêtres philosophes,
habitués à tout juger selon la seule pensée ou dans l’ordre spéculatif, nous
exonèrent bien vite de toute dette envers Dieu après l’absolution reçue. Mais comme ils vivent aussi habituellement en
dehors du monde de l’amour de Dieu, ils sont de tristes juges des exigences de
cet amour, comme on peut le voir par leur morale large en toutes choses
«strictement parlant», mais qui ne peuvent pas satisfaire l’amour divin.
En
tout cas, on sait par l’Écriture sainte que même après avoir pardonné des
péchés, Dieu a imposé des châtiments encore bien pénibles à ces pécheurs, comme
par exemple à David pourtant bien repentant.
L’existence du purgatoire suffit pour établir cette vérité; tous ces
gens ont été pardonnés, mais il leur reste une peine temporelle à expier. Or que sont les souffrances de cette vie
comparées aux souffrances du purgatoire?
C’est
donc un effet de la bonté de Dieu de nous faire payer en ce monde autant que
possible notre dette envers lui-même après qu’il nous a pardonné nos
péchés. Il ne viendra pas nous avertir
chaque fois que c’est pour tel péché; c’est à nous d’accepter toutes les
épreuves qui nous arrivent en esprit de foi pour cette intention générale. Quand on s’y attend le moins on peut être
victime d’une grande injustice à tel moment, quand on est absolument
innocent. Combien vont se révolter
contre cette injustice criante à ce moment.
Mais Dieu nous l’envoie pour nous faire expier un péché déjà vieux et
pas suffisamment expié. Où sont ceux qui
font pénitence pour leurs péchés passés?
Comme elle est rare chez les fidèles et même chez les prêtres et les
religieux! Le jeûne disparaît un peu
partout; les petites privations que l’on s’impose méritent à peine ce nom. Alors la peine temporelle demeure pour la
plupart qui ont obtenu le pardon.
Maintenant combien n’ont pas même obtenu ce pardon? La justice de Dieu doit se payer et
sévèrement. De plus, il ne faut pas
oublier que nous sommes solidaires les uns des autres comme dans le péché
originel et dans la rédemption. Alors,
même si nos péchés sont complètement effacés, Dieu peut nous faire souffrir
pour expier les péchés des autres, pour ensuite nous dédommager de lui avoir
servi de victimes dans les immenses joies du ciel! Voilà une des raisons de ce déluge de
souffrances de toutes sortes qui inonde le monde en tout temps et en tout lieu. Comme chaque individu doit souffrir longtemps
parfois de bien pénibles infirmités ou des privations sérieuses d’une foule de
biens nécessaires à leur bonheur! Les
guerres surtout font souffrir des milliers de personnes de tant de façons
différentes, comme on l’a vu dans les deux dernières guerres mondiales. Après deux ans de paix, il y a encore des
millions de prisonniers de guerre gardés par les Alliés. Que de souffrances pour ces pauvres
gens! Que de misères pour les familles! Pour comprendre la sévérité de la justice
divine, il faut bien penser à la sublimité du bonheur éternel auquel il nous
appelle; son propre bonheur au sein de la Trinité! Ceux qui refusent cette félicité pour des
plaisirs passagers d’animaux encourent sa colère contre des pécheurs assez
insensés et assez méchants pour le mépriser pour ses échantillons. Ajoutons à cela le sacrifice de J-C. pour nous avoir avec lui, que ces pécheurs
méprisent, en plus du bonheur du ciel et de l’amour infini de Dieu pour les
hommes. Si nous réfléchissions plus sur
ce qu’est Dieu et sur ce qu’il a fait pour nous sauver, nous serions moins
surpris de la sévérité de ses châtiments.
Remarquons bien que la durée de la souffrance qui ne lâche pas donne une
idée de la souffrance de l’enfer éternel.
Prenons seulement un gros mal de tête qui dure une nuit par exemple; comme
elle semble interminable! Comme les
heures sont longues! Qu’on se dise bien
que cette durée de la douleur n’est qu’un échantillon de la durée éternelle des
supplices de l’enfer. On peut donc dire
que les épreuves sont des choses normales et ordinaires dans la vie des hommes
sur la terre. Par conséquent, qu’il leur
faut une patience correspondant à ces épreuves, pratiquement continuelle, d’une
façon ou d’une autre. Il ne s’agit pas
seulement de l’admettre d’esprit mais il faut l’admettre de coeur et, de fait,
la pratiquer à l’avenir. Qu’on cesse de
se plaindre; on a mérité tout ce qu’on a dans ce genre; on peut en être bien
sûr. De plus tout ce que nous refusons
en ce monde nous est réservé pour l’autre où il n’y aura plus même de
miséricorde pour nous. C’est une
habitude à prendre par la répétition des actes.
Qu’on s’exerce dans les petites épreuves pour mériter la grâce d’endurer
les plus grandes avec patience. Nous
avons des signes bien évidents de toutes les chances de pratiquer la patience
que nous avons manquées dans tout acte ou parole d’impatience. À l’avenir qu’on demande bien pardon de ces
impatiences et qu’on s’en corrige au plus tôt, en s’imposant quelque pénitence
pour ce manque de patience. Disons-nous
que Dieu connaît son affaire: puisqu’il se paie, c’est donc que nous lui devons
encore! Laissons-le faire en ce monde;
c’est plus facile encore qu’en l’autre.
Pour
rester sans péché. Rappelons-nous que
Dieu peut et de fait demande le martyre à tous ceux qu’il veut au ciel au moins
parmi les adultes. Jésus nous en avertit
quand il dit:
Celui
qui aime sa parenté et même sa vie plus que moi est indigne de moi, ou du
ciel. Or il n’y a pas seulement ceux qui
ont subi une mort violente pour l’amour de Dieu qui sont martyres de la souffrance. Les philosophes diraient qu’au sens «strict»
ils sont les seuls martyres et c’est vrai, mais quant à la souffrance, il y en
a beaucoup qui ont souffert autant et même plus que les martyres. Les fidèles et même les prêtres, comme les
religieux, ne sont pas nombreux qui soient martyres; mais pourquoi? C’est que lorsqu’ils sont trop éprouvés à
leur sens, ils pèchent pour éviter cette épreuve au lieu de l’endurer. Ils n’ont pas conscience alors de sa
dureté. Que chacun examine sa vie, qu’il
sache que tous ses péchés sont des actes de lâcheté devant un commencement de
martyre. Il y a aussi un bon nombre qui
ne sont pratiquement plus éprouvés par Dieu parce qu’ils ont si mal pris les
épreuves que Dieu leur envoyait pour leur salut qu’ils sont abandonnés par Dieu
à leur sort éternel.
Mais
celui qui veut à tout prix éviter le péché et qui le montre par ses victoires
sur ses passions peut être éprouvé bien durement par Dieu par une série de
souffrances ou d’épreuves qui constitueront un vrai martyre pour lui. Combien sont affreusement tentés contre la
chair et cependant ils ne trouvent pas à se marier pour une raison ou pour une
autre. Des années de temps à lutter
contre cette passion quand les occasions les environnent par centaines! Un autre est marié mais sa femme le laisse
encore relativement jeune et il faut qu’il reste chaste absolument des années
et jusqu’à la mort parfois! Lui aussi
pourrait si facilement céder à la tentation qui le sollicite de tous côtés. Quel martyre pour ce chrétien qui ne veut pas
offenser Dieu pour aucune raison! Quelle
vertu de patience celui-là doit exercer pour persévérer dans le bien! Un autre souffrira toutes sortes de
privations parce qu’il est bien pauvre et voici qu’on lui offre un poste
lucratif où il pourra vivre convenablement… mais à la condition de voler la
compagnie ou le gouvernement. Il doit
refuser ce poste et continuer de rester pauvre!
Combien peu sont capables de faire pareils sacrifices! Dans la communauté comme il est dur de
vouloir obéir à tout prix! On aura des
supérieurs des années de temps pour nous contrarier en tout et nous faire subir
une véritable persécution. On n’aurait
qu’à se révolter quelques fois et ils nous laisseraient tranquilles
ensuite. Mais quand on se soumet, comme
ils peuvent être tyranniques, quand le bon Dieu le veut, pour nous casser. Nous en avons rencontrés exaspérés à la
dernière limite de la patience. Combien
de ceux-là sortent pour ne plus endurer leurs supérieurs qu’ils trouvent tous
insensés et méchants! S’il y en a qui
doutent de la vérité de ce que nous disons ici, qu’ils prennent la ferme
résolution de ne plus pécher du tout en aucune façon et ils sauront combien de
patience il faut pour endurer tout ce qui va leur arriver de la part des choses
et des personnes. C’est uniquement quand
on est déterminé de la sorte que la nécessité de la patience nous apparaît
clairement.
Pour
mériter le ciel. Indépendamment de tout
péché, l’homme le plus pur au monde, pour arriver à la vision béatifique,
aurait besoin d’une grande vertu de patience.
Parce que notre destinée surnaturelle à la vie intime de la Trinité
exige un changement radical dans toute la vie de l’homme. Il lui faudrait pratiquer dans toute sa
rigueur cette parole de N.S: «Si quelqu’un veut venir après moi…» Remarquons
bien que Jésus ne met pas de limite à ce renoncement: «qu’il se renonce
lui-même!» C’est donc tout l’être qu’il faut sacrifier. Les anges n’avaient pas encore péché et Dieu
leur demanda le sacrifice de leur être total: de leur intelligence et de leur
volonté, tout ce qui constitue un ange.
Comme ils sont de purs esprits, un seul acte a suffi. Mais pour nous qui sommes des animaux quoique
raisonnables et que les éléments de notre connaissance doivent nous venir des
sens qui sont lents à agir, Dieu a réparti notre épreuve sur toute la vie plus
ou moins. Donc en dehors de tout péché,
il faut que chacun abandonne sa vie naturelle dans ses orientations pour ne
suivre que les exigences de la vie divine.
Cela veut dire, par exemple, que tout chrétien doit combattre en
lui-même toutes les attaches même aux choses permises, qu’il doit renoncer aux
affections naturelles pour les transformer en affections exclusivement
surnaturelles. En plus, il faut qu’il
méprise les créatures qu’il aime tant par nature et qu’il aime ce qui le
contrarie comme, par exemple, ses ennemis, leur faire du bien, par conséquent,
réagir contre ses répugnances naturelles pour eux et les traiter comme ses
meilleurs amis. Que de patience il lui
faudra pour agir de la sorte! La Ste
Vierge n’avait aucun péché et comme sa vie était contre nature!
Notre
destinée surnaturelle exige que nous agissions tout de suite comme des dieux et
donc que nous cessions d’être humains dans notre façon d’agir. Cette transformation continuelle de toute la
vie exige une très grande patience. Or
comme Dieu veut ce changement pour nous tous il veut donc que nous ayons la
patience pour subir cette mort mystique de notre païen pour le diviniser. Les prêtres devraient bien expliquer aux
fidèles la nécessité de ce changement radical de leur vie même quand ils n’ont
plus de péché à expier! Le premier
travail est de nettoyer le païen tout gangrené par ses péchés, puis une fois
qu’il est propre, il reste à le transformer en divin pour être acceptable à Dieu. Quand on a tué, plumé, nettoyé et vidé un
dindon, on le met au four pour le cuire et le rendre digérable pour les
humains. C’est ce que Dieu doit faire
avec nous! Pour nous donner une idée de
ce qu’il fait, nous pouvons repasser ce qu’il a fait pour conduire les Juifs en
Terre sainte. Après avoir délivré ce
peuple de son esclavage des Pharaons pour signifier notre délivrance de
l’esclavage du péché, il va essayer de les faire se renoncer à eux-mêmes en
leur demandant une foule d’actes de foi, d’espérance et de charité surnaturels
et donc contre nature. Il les avertit
qu’il va les conduire lui-même. Puis il
les mène droit à la mer et les fait prendre là par les Égyptiens qui les
poursuivaient. Ils sont pris entre la
mort et la mer sans issue possible. Leur
jugement ne voit plus rien! C’est
justement ce qu’il veut afin de les obliger à mettre toute leur confiance
uniquement en Dieu… pour agir comme des dieux et non des hommes. Parce qu’ils se jettent dans le surnaturel,
Dieu est chez lui là et il agit en Dieu et ouvre la mer pour eux. Ainsi il les conduit dans le désert
précisément pour qu’ils n’aient absolument rien à manger ni à boire. C’est absolument contre le bon sens. Comme ils prient et mettent leur espoir en
Dieu, il agit en Dieu et fait tomber du pain du ciel pendant 40 ans, à tous les
matins, et fait jaillir l’eau des rochers.
Nous n’avons qu’à parcourir ainsi toute l’histoire du pèlerinage des
Juifs vers la Terre Promise et nous avons là exactement ce que Dieu veut faire
pour chaque chrétien afin de l’obliger à ne plus se fier aux moyens humains,
mais uniquement aux moyens surnaturels.
Que
chacun surveille à l’avenir les choses contradictoires et pratiquement
impossibles que Dieu lui demande et qu’il se rappelle alors que Dieu ne veut
pas sa mort, mais la mort de son païen ou de l’homme naturel en lui afin qu’il
se jette aveuglément dans les bras de Dieu et qu’il attende son salut dans
telle difficulté uniquement d’une intervention surnaturelle… et Dieu agira en
sa faveur comme par des miracles. Un
médecin dira à une mère de famille que si elle a encore un enfant c’est la mort
pour elle. Elle se trouve prise entre la
mort naturelle et le péché mortel et donc les démons. Il n’y a plus de bon sens qui tienne
ici! Il faut qu’elle évite tout péché à
tout prix. Alors, qu’elle s’abandonne à
Dieu et qu’elle lui demande de la protéger comme il voudra. Que de fois nous avons vu Dieu faire mentir
bien des médecins et ces mères qui devaient mourir ne mouraient pas et avaient
leurs enfants. Tout chrétien doit être
toujours prêt à sacrifier même sa vie plutôt que de pécher… et Dieu viendra à
son secours d’une façon inattendue. Et
s’il faut mourir, qu’il meure en faisant la volonté de Dieu et alors c’est le
ciel à la place de la terre! Tout chrétien
est né pour le ciel! Quel inconvénient
qu’il y aille plus vite qu’il ne pensait!
la patience est enseignée…
Dans
l’Ancien Testament surtout par la vie des patriarches, des prophètes et des
saints de ce temps-là. Tous ont été
longuement éprouvés de toutes façons.
Quand on pense que le bon Dieu a tenu tout le peuple en esclavage sous
le règne des Pharaons pendant 400 ans!
Et les Égyptiens avaient ordre de leur rendre la vie aussi amère que
possible! Que de patience il leur
fallait pour endurer cette oppression sans murmurer! Évidemment la plupart se plaignaient
amèrement; très peu avaient assez de foi en Dieu pour l’accepter en esprit de
soumission à Dieu. Joseph qui les avait
fait venir là a eu sa part d’épreuves pendant de longues années, lui aussi
pratiquement en esclavage et en prison.
Puis que de patience il fallait à Moïse pour être à la tête d’un si
grand peuple si éprouvé dans le désert pendant 40 ans! Il devait passer son temps à les calmer, à
les encourager, à les instruire et c’était toujours à recommencer! On peut difficilement s’imaginer combien
pénible était la vie des prophètes. Ils
étaient obligés de reprendre constamment le peuple et les rois de leurs péchés,
de les menacer des châtiments de Dieu qui souvent se vérifiaient pendant la vie
des prophètes; ce qui choquait le peuple, et il persécutait les prophètes. Puis Dieu les obligeait à faire des choses
ridicules et pénibles devant le peuple, comme lorsqu’il obligea Élie à se
promener à travers le pays nu et la corde au cou pour signifier d’une façon
concrète que le peuple serait conduit en captivité à Babylone. Jérémie trouve sa vie si dure qu’il boude
Dieu et veut mourir plutôt que de continuer sa vie de prophète. Plusieurs ont subi le martyre après une vie
de martyre. On peut résumer cet
enseignement dans la personne de Job dont la vie illustre bien ce que nous
disons ici. Après lui avoir donné des
biens, Dieu les lui enlève tous sans exception, à part sa femme qu’il lui
laisse pour ajouter à ses souffrances par ses moqueries et sa mentalité
païenne. Il représente bien ce qui se
passe ordinairement dans toute vie de chrétien.
Dieu donne des biens puis les enlève, puis les redonne pour les enlever
encore: tout cela pour exercer l’esprit de foi des hommes. Il veut qu’ils apprennent à bénir Dieu dans
les biens et à le bénir dans les maux.
Les biens sont pour nous faire penser aux choses du ciel, puis il les
enlève, ce que nous appelons des maux, pour nous faire mériter le ciel.
Job
exhale sa douleur et se plaint amèrement de ses maux: le bon Dieu ne s’offense
pas des cris de la nature qui souffre pourvu que la volonté soit unie à la
sienne dans ces épreuves. Job ne doit
pas être notre modèle dans ses plaintes: on y perd beaucoup de mérites. À mesure que la foi augmente ces gémissements
doivent diminuer puisque la foi nous montre des biens éternels pour des maux
temporels. Après avoir été dans
l’opulence, il fallait beaucoup de patience pour endurer toutes ces souffrances
et tous ces malheurs qui ruinent toute sa famille. Essayons de voir l’intention de Dieu dans ces
maux nécessaires pour nous purifier afin de devenir dignes de participer à la
vie divine. Dieu n’aime pas nos murmures
puisqu’il fait tout pour notre bien éternel.
Quelle sottise que de maugréer contre notre Chirurgien céleste! Nous devrions le payer par des remerciements
du fond du coeur de daigner nous purifier de ce qui nous empêcherait d’aller
avec lui dans l’éternité. Il a puni
sévèrement les Juifs qui avaient murmuré dans le désert. Terminons ce point par les belles paroles de
Judith, 8-24: «Ceux qui n’ont pas accepté ces épreuves avec la crainte du
Seigneur et qui ont donné cours à leur impatience et à d’injurieux murmures
contre le Seigneur, ceux-là l’exterminateur les a frappés de mort et les serpents
les ont fait mourir. Ne nous laissons
pas aller à l’impatience à cause des maux que nous souffrons. Mais estimons que ces tourments, moindres que
nos péchés, sont les verges dont le Seigneur nous châtie, comme ses serviteurs,
pour nous amender.» Demandons assez de patience pour endurer n’importe quelle
épreuve que Dieu nous enverra dans l’avenir, Il connaît son affaire. Ayons confiance en sa bonté et en sa sagesse
et laissons-le faire ce qu’il veut et endurons!
ce qui revient au même: plutôt mourir que de commettre un seul
péché! Nous sommes des habitants du
ciel: nous ne pouvons plus pécher du tout!
Alors il ne reste qu’à demander la patience pour endurer les épreuves et
les tentations que Dieu doit nous envoyer pour nous donner une chance de lui
montrer notre amour de préférence sur toutes les créatures du monde. Voilà une vertu qu’il faudra mettre dans
toutes nos prières à l’avenir. Au lieu
de toujours demander de nous enlever les maux, qu’on change donc de corde à
l’avenir pour demander la patience pour les endurer. Ce sera autrement sage et méritoire!
La
patience enseignée par J-C. D’abord par
sa propre vie, si contraire à la façon ordinaire de vivre des hommes. Quand on sait qu’il aurait pu éblouir le
monde par sa doctrine et qu’il passe trente ans dans son métier de charpentier
si insignifiant alors dans un pays si pauvre où il n’y a presque rien en
bois. Puis ensuite pendant sa vie
publique il est critiqué et persécuté par les prêtres du temps et finalement on
sait ce qu’il endura dans sa passion si affreuse. Comme dit St Pierre, quand on le maudissait,
il ne menaçait pas; quand on le maltraitait, il s’abandonnait à celui qui le
jugeait injustement. Il s’est laissé
conduire à la boucherie comme un agneau, sans se plaindre. Chacun pourrait repasser ses souffrances pour
apprendre à souffrir sous la main de Dieu.
S. Cyprien (De bono patientiae)
dit: «Tous ses actes, depuis sa naissance jusqu’à sa mort, ont eu pour compagne
la patience.» C’est surtout dans le sermon sur la montagne que Jésus enseigne
la patience. Le mot n’y est pas, mais
toute la doctrine pour le devenir est donnée.
On s’impatiente contre ce ou ceux qui nous enlèvent quelque bien à nous
ou en nous. Or là Jésus veut qu’on soit
si détaché de tout le créé que n’importe quelle perte ne nous trouble
aucunement. Après avoir donné la doctrine
du détachement absolu dans les béatitudes, il descend dans la pratique qui va
rendre les chrétiens parfaitement patients.
Sa
dernière béatitude veut que nous nous réjouissions quand les hommes nous
persécuteront, qu’ils diront faussement toute sorte de mal contre nous et
qu’ils nous maudiront. Celui qui
comprend les choses de la sorte sera sûrement patient. C’est tout ce qu’il y a de plus dur à
supporter au monde. Si on est patient
là, on le sera bien partout ailleurs.
Puis
Jésus coupe dans la racine toutes les causes d’impatience. Si quelqu’un nous enlève notre robe,
donnonslui aussi notre manteau! Voilà
pour les biens extérieurs. Si quelqu’un
veut vous contraindre à faire mille pas, faites-en deux mille autres. Voilà pour les forces physiques et donc pour
le corps. Si quelqu’un vous frappe sur
une joue, présentez l’autre! Puis aimez
vos ennemis, faites-leur du bien et priez pour eux! Jésus nous enseigne donc à regarder comme des
bienfaits tout ce que les hommes ont coutume de considérer comme des maux;
alors, il ne reste plus de causes d’impatiences! Comme il est pratique! Quel dommage que nos bons ligueurs ne donnent
pas cette doctrine dans leur campagne contre le blasphème; ce serait autrement
efficace que leurs pancartes contre le blasphème! Mais cette doctrine n’entre pas encore dans
la théologie de nos philosophes qui les instruisent ordinairement. Espérons qu’ils la trouveront un jour! On voit par le sermon sur la montagne qu’il
n’y a que la doctrine de la folie de la croix avec le mépris des choses créées
qui peuvent donner vraiment la patience aux chrétiens. Les béatitudes enseignent comment cesser
d’agir comme un homme pour agir comme un Dieu en autant que notre condition
humaine et naturelle le permet. Il faut
vivre déjà dans le ciel par le coeur pour les pratiquer avec le reste de ce
sermon. Ce que les hommes peuvent nous
enlever ne sont que les choses de ce monde qui alimentent les jouissances
sensibles, mais quand le coeur n’est plus là du tout ou si peu, on n’est pas
affecté par ces pertes et l’on garde donc sa patience.
D’où
il suit que la patience surnaturelle ne peut nous venir que de la vie de
foi. Voilà comment la patience montre
qu’on vit dans l’autre monde et l’impatience que nous sommes encore bien dans
ce monde, d’esprit et de coeur. Or pour
aller au ciel, il faut sortir de ce monde par l’amour avant d’en sortir par le
corps par la mort réelle. Hâtons-nous
donc!… Les Apôtres ont souvent exhorté les fidèles à la patience à l’exemple de
Jésus qui nous annonce des croix. Luc,
21-17: «Vous serez haïs de tout le monde à cause de mon nom, cependant pas un
cheveu de votre tête ne sera perdu. Par
votre patience vous posséderez vos âmes.» Héb.
10-35: «La patience vous est nécessaire, afin que faisant la volonté de
Dieu, vous puissiez obtenir les biens qui vous sont promis.» Jac. 1-2: «Mes frères, regardez comme le plus
grand sujet de joie les diverses afflictions qui vous arrivent, sachant que
l’épreuve de votre foi produit la patience.
La patience rend les œuvres parfaites de manière que vous soyez
vous-mêmes parfaits et accomplis sans que rien ne vous manque.»
C’est
bien ce que Jésus enseigne dans le sermon sur la montagne. Si on regarde comme un sujet de joie les
épreuves, on a fini de s’impatienter.
Cet Apôtre insiste beaucoup sur la patience. Jac.
5-7: «Vous, mes frères, persévérez dans la patience jusqu’à l’avènement
du Seigneur. Vous voyez que le
laboureur, dans l’espérance de recueillir le fruit précieux de la terre, attend
patiemment jusqu’à ce qu’il reçoive les pluies de la première et de l’arrière-saison. Vous aussi, soyez patients et affermissez vos
coeurs, car l’avènement du Christ est proche.
Ne faites pas, mes frères, de plaintes les uns contre les autres afin
que vous ne soyez pas condamnés; voilà que le juge est à la porte. Prenez, mes frères, pour exemple de patience,
dans les mauvais succès et dans les travaux, les prophètes qui ont parlé au nom
du Seigneur. Vous voyez que nous les
appelons Bienheureux, parce qu’ils ont souffert. Vous avez entendu parler de la patience de
Job…» Nous sommes donc bien avertis de la nécessité de la patience et St
Jacques nous donne tous les plus beaux motifs surnaturels pour la pratiquer.
Les
Saints ont progressé en sainteté en proportion qu’ils se sont soumis aux
épreuves de toutes sortes que Dieu leur envoyait pour les purifier et ensuite
ou en même temps, les diviniser. Car dès
qu’on veut s’approcher de Dieu par l’amour, il aiguille ses amis vers la croix. Il leur met souvent dans l’esprit cette
parole de J-C. à la mère de Jean et de
Jacques, qui demandait les premières places au ciel pour ses fils: Pourront ils
boire mon calice? Donc le rang au ciel
dépend de la quantité du calice de Jésus que nous buvons sur la terre! Alors dès que nous voulons pénétrer davantage
dans l’union intime de la Trinité, elle nous dirige tout de suite sur la
passion de Jésus, à prendre à notre compte.
Voilà pourquoi les épreuves augmentent avec le degré de sainteté ou vice
versa.
Combien
arrêtent là en face de ce calice! Ils
voudraient bien trouver un substitut pour aller au ciel, mais Dieu pousse
toujours ce calice devant les yeux de l’esprit, c’est à prendre ou à
laisser! Mais le rang au ciel dépend de
la quantité de ce calice qu’on boit sur la terre! La conclusion s’impose par elle-même:
commence par prendre avec patience les épreuves actuelles et journalières que
Dieu met sur ton chemin. Le crucifiement
total ne viendra pas sans beaucoup de leçons préliminaires. Le démon nous met tout de suite le sacrifice
total devant les yeux pour nous épeurer.
Mais laissons cela à la bonté de Dieu.
Il saura bien nous préparer doucement à accepter le crucifiement quand
il nous l’imposera pour tout de bon par quelque grand sacrifice très
douloureux.
Voilà
donc comment il nous faut à tout prix la patience à mesure qu’on veut se
sanctifier. Cette vertu est donc bien
nécessaire d’après la façon ordinaire de Dieu de sanctifier les saints. Or tous sont appelés à la sainteté; donc tous
doivent cultiver la patience. Inutile de
citer des textes des saints sur cette vertu; il y en a partout dans leurs
écrits qui ont tous été approuvés par l’Église.
la patience: ses motifs… Dans la pratique des vertus c’est surtout le
motif qui compte. Or, on sait que Dieu
ne récompense que ce qu’on fait pour lui; il nous faut donner des motifs
surnaturels dans la pratique de la patience comme pour les autres vertus. Nous allons nous arrêter aux trois motifs des
vertus théologales: foi, espérance et charité.
La
foi nous indique le plan divin pour être transformés en êtres divins afin
d’être capables de participer à sa vie intime trinitaire. Elle nous fait comprendre la nécessité de
sacrifier toutes nos affections naturelles et comment Dieu a organisé toute sa
providence pour nous aider à nous débarrasser de ces obstacles à son union
divine. Alors, on regarde comme un bien
ce qu’on croyait un mal ou vice versa.
Elle nous montre Dieu infiniment bon, ne voulant que du bien à l’homme
et l’aimant bien plus qu’il ne s’aime lui-même, comme il le montre en nous donnant
tout ce qu’il y a de meilleur au ciel: son Fils unique. Il est donc bien certain que les épreuves
qu’il nous envoie sont pour notre grand bonheur éternel. Cela devrait nous aider à les endurer non
seulement avec patience, mais même avec joie dans la partie supérieure de
l’âme.
Dieu
est infiniment sage: il connaît mieux que nous ce qui est pour notre plus grand
bien. Lui seul connaît les ravages que
le péché a faits dans notre âme et les outrages à sa sainteté: tout cela doit
se réparer et lui seul connaît les meilleurs remèdes: laissons-le donc faire
comme il veut cette réparation et soyons patients sous ses traitements. Dieu est infiniment puissant: il peut tirer
le bien du mal, le bonheur du malheur.
Ainsi, de nos tribulations bien éphémères, il peut tirer notre bonheur
éternel avec lui au ciel, comme il sort 50 grains de blé vivants d’un grain de
blé mort. C’est assez pour nous rendre
patients.
L’espérance
des biens célestes en récompense des souffrances sur terre doit nous donner la
patience. Comme le commerçant dans
l’espérance de profits matériels risque sa vie dans toutes sortes de courses
sur les mers et sur terre, à travers bien des dangers et avec beaucoup de
fatigues, ainsi, la vue du ciel devrait nous donner la patience dans les épreuves
qui nous assure le bonheur du ciel.
L’Écriture est remplie de textes qui nous encouragent à souffrir afin de
mériter le ciel. Sag. 3: «Alors, même que devant les hommes ils ont
subi des châtiments, leur espérance est pleine d’immortalité. Après une légère peine, ils recevront une
grande récompense, car Dieu les a éprouvés et les a trouvés dignes de lui. Il les a essayés comme de l’or dans la
fournaise et les a agréés comme un parfait holocauste. Au temps de la récompense, ils brilleront
comme des étincelles, ils courront à travers le chaume, ils jugeront les
nations et domineront sur les peuples et le Seigneur régnera sur eux à jamais.»
Ps. 125: «Ceux qui sèment dans les
larmes, moissonneront dans l’allégresse.
Ils vont, ils vont en pleurant, portant et jetant la semence et ils
reviendront avec des cris de joie, portant les gerbes de leurs moissons.»
2
Cor. 4-16: «C’est pourquoi nous ne
perdons pas courage, mais quoiqu’en nous l’homme extérieur se détruit,
néanmoins l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour. Car nos tribulations présentes qui ne durent
qu’un instant et qui sont si légères nous produisent un poids éternel de
sublime et incomparable gloire.» La charité pour Dieu doit nous pousser à vouloir
lui ressembler par la sainteté de vie.
Or ce sont les épreuves qui opèrent cette purification qui nous rend
semblables à Dieu. Comme un enfant,
parce qu’il aime sa mère, lui laisse enlever une écharde qu’il a au doigt,
malgré la douleur, ainsi, nous, les enfants de Dieu, nous devons l’aimer assez
pour le laisser enlever toutes les saletés qui souillent notre âme et la
rendent indigne de sa vue.
Jésus
disait un jour à Ste Thérèse: «Penses-tu que le mérite consiste à jouir? Non, ma fille, mais à travailler, à souffrir,
à aimer. Les âmes les plus chéries de
mon Père sont celles qu’il éprouve le plus et la grandeur de leurs épreuves est
la mesure de son amour.» Il faut aussi que la charité pour le prochain nous
aide à supporter les épreuves qui viennent de lui; il est l’instrument aveugle
dans les mains de Dieu pour notre sanctification. Comme il faut l’aimer comme Dieu pour l’amour
de Dieu, c’est un bon motif pour mieux recevoir les épreuves qui nous viennent
de lui. St Paul enseigne cette doctrine:
Gal. 6-2: «Portez les fardeaux les uns
des autres par amour pour Dieu et de cette manière vous accomplirez la loi de
J-C.» Donc la pratique des trois vertus théologales nous fournira de bons
motifs pour être patients dans les souffrances de la vie.
mercredi 25 mars 2015
Pie IX - Qui pluribus (sur la franc-maçonnerie*)
(*Note hors texte : bien que cette encyclique ne mentionne pas explicitement la franc-maçonnerie, Pie IX la cite comme faisant partie intégrante des enseignements des papes sur la franc-maçonnerie, dans sa propre encyclique Quamquam dolores du 29 mai 1873)
Nous qui, depuis un
nombre d’années assez considérable, Nous livrions comme Vous, selon toute la
mesure de Nos forces, à l’accomplissement de cette charge épiscopale si pleine
de travaux et de sollicitude de tout genre ; Nous, qui Nous efforcions de
diriger et de conduire sur les monts d’Israël, aux bords des eaux vives, dans
les pâturages les plus féconds, la portion du troupeau du Seigneur confiée à
Nos soins ; Nous voici, par la mort de Grégoire XVI, notre très illustre
prédécesseur, et dont la postérité, saisie d’admiration pour sa mémoire, lira
les glorieux actes inscrits en lettres d’or dans les fastes de l’Église ; Nous
voici porté au faîte du Suprême Pontificat, par un dessein secret de la divine
Providence, non seulement contre toute prévision et toute attente de Notre
part, mais au contraire avec l’effroi et la perturbation extrêmes qui alors
saisirent Notre âme. Si, en effet, et à toutes les époques, le fardeau du
ministère apostolique a été et doit être toujours justement considéré comme
extrêmement difficile et périlleux, c’est bien certainement de nos jours et de
notre temps, si remplis de difficultés pour l’administration de la république
chrétienne, qu’on doit le regarder comme extrêmement redoutable. Aussi, bien
pénétré de Notre propre faiblesse, au premier et seul aspect des imposants
devoirs de l’Apostolat suprême, surtout dans la conjoncture si difficile des
circonstances présentes, Nous nous serions abandonné entièrement aux larmes et
à la plus profonde tristesse, si Nous n’avions promptement fixé toute Notre
espérance en Dieu. notre salut, qui ne laisse jamais défaillir ceux qui
espèrent en Lui, et qui, d’ailleurs, jaloux de montrer de temps à autre sa
toute puissance, se plaît à choisir pour gouverner son Église les instruments
les plus faibles, afin que de plus en plus tous les esprits soient amenés à
reconnaître que c’est Dieu Lui-même, par son admirable Providence, qui gouverne
et défend son Église. D’ailleurs, ce qui Nous console et soutient aussi
considérablement notre courage, Vénérables Frères, c’est que, en travaillant au
salut des âmes, Nous pouvons Vous compter comme Nos associés et Nos
coadjuteurs, Vous qui, par vocation, partagez Notre sollicitude, et Vous efforcez,
par Votre zèle et Vos soins sans mesure, de remplir Votre saint ministère et de
soutenir le bon combat.
Assis, malgré Notre
peu de mérite, sur ce siège suprême du prince des apôtres, à peine avons Nous
reçu en héritage, dans la personne du bienheureux apôtre Pierre, cette charge
si auguste et si grave, divinement accordée par le prince éternel au souverain
de tous les pasteurs, de paître et de gouverner, non seulement les agneaux,
c’est-à-dire tout le peuple chrétien, mais aussi les brebis, c’est-à-dire les
chefs du troupeau eux-mêmes ; non, rien certainement n’a plus vivement excité
Nos vœux et Nos désirs les plus pressants, que de Vous adresser les paroles qui
Nous sont suggérées par les plus intimes sentiments de notre affection.
C’est pourquoi, venant
à peine de prendre possession du suprême pontificat dans notre basilique de
Latran, selon l’usage et l’institution de nos prédécesseurs, sur le champ Nous
Vous adressons les présentes lettres dans le but d’exciter encore Votre piété,
déjà si éminente ; et afin que, par un surcroît de promptitude, de vigilance et
d’effort, Vous souteniez les veilles de la nuit autour du troupeau confié à vos
soins, et que, déployant la vigueur et la fermeté épiscopales dans le combat
contre le plus terrible ennemi du genre humain, vous soyez pour la maison
d’Israël cet infranchissable rempart qu’offrent seuls les valeureux soldats de
Jésus Christ.
Personne d’entre vous
n’ignore, Vénérables Frères, dans notre époque déplorable, cette guerre si
terrible et si acharnée qu’à machinée contre l’édifice de la foi catholique
cette race d’hommes qui unis entre eux par une criminelle association, ne
pouvant supporter la saine doctrine, fermant l’oreille à la vérité, ne
craignent pas d’exhumer du sein des ténèbres, où elles étaient ensevelies, les
opinions les plus monstrueuses, qu’ils entassent d’abord de toutes leurs
forces, qu’ils étalent ensuite et répandent dans tous les esprits à la faveur
de la plus funeste publicité. Notre âme est saisie d’horreur, et Notre cœur
succombe de douleur, lorsque Nous nous rappelons seulement à la pensée toutes
ces monstruosités d’erreurs, toute la variété de ces innombrables moyens de
procurer le mal ; toutes ces embûches et ces machinations par lesquelles ces
esprits ennemis de la lumière se montrent artistes si habiles à étouffer dans
toutes les âmes le saint amour de la piété, de la justice et de l’honnêteté ;
comment ils parviennent si promptement à corrompre les mœurs, à confondre ou à
effacer les droits divins et humains, à saper les bases de la société civile, à
les ébranler, et, s’ils pouvaient arriver jusque là, à les détruire de fond en
comble.
Car, Vous le savez
bien, Vénérables Frères, ces implacables ennemis du nom chrétien, tristement
entraînés par on ne sait quelle fureur d’impiété en délire, ont poussé l’excès
de leurs opinions téméraires à ce point d’audace, jusque là inouï, qu’ils
n’ouvrent leur bouche que pour vomir contre Dieu des blasphèmes ;
qu’ouvertement et par toutes les voix de la publicité, ils ne rougissent pas
d’enseigner que les sacrés mystères de notre religion sont des fables et des
inventions humaines, que la doctrine de l’Église catholique est contraire au
bien et aux intérêts de la société. Ils vont plus loin encore : ils ne
redoutent pas de nier le Christ et jusqu’à Dieu Lui-même. Pour fasciner encore
plus aisément les peuples, pour tromper surtout les esprits imprévoyants et les
ignorants, et les entraîner avec eux dans les abîmes de l’erreur, ils osent se
vanter d’être les seuls en possession de la connaissance des véritables sources
de la prospérité ; ils n’hésitent pas à s’arroger le nom de philosophes, comme
si la philosophie, dont l’objet est de rechercher et d’étudier la vérité de
l’ordre naturel, devait rejeter avec dédain tout ce que le Dieu suprême et très
clément, l’auteur de toute la nature, par un effet spécial de sa bonté et de sa
miséricorde, a daigné manifester aux hommes pour leur véritable bonheur et pour
leur salut.
C’est pour cela
qu’employant une manière de raisonner déplacée et trompeuse, ils ne cessent
d’exalter la force et l’excellence de la raison humaine, de vanter sa
supériorité sur la foi très sainte en Jésus Christ, et qu’ils déclarent
audacieusement que cette foi est contraire à la raison humaine. Non, rien ne
saurait être imaginé ou supposé de plus insensé, de plus impie et de plus
contraire à la raison elle-même.
Car, bien que la foi
soit au-dessus de la raison, jamais on ne pourra découvrir qu’il y ait
opposition et contradiction entre elles deux; parce que l’une et l’autre
émanent de ce Dieu très excellent et très grand, qui est la source de la vérité
éternelle. Elles se prêtent bien plutôt un tel secours mutuel que c’est
toujours à la droite raison que la vérité de la foi emprunte sa démonstration,
sa défense et son soutien les plus sûrs ; que la foi, de son côté, délivre la
raison des erreurs qui l’assiègent, qu’elle l’illumine merveilleusement par la
connaissance des choses divines, la confirme et la perfectionne dans cette
connaissance.
Les ennemis de la
révélation divine, Vénérables Frères, n’ont pas recours à des moyens de
tromperie moins funestes lorsque, par des louanges extrêmes, ils portent
jusqu’aux nues les progrès de l’humanité. Ils voudraient, dans leur audace
sacrilège, introduire ce progrès jusque dans l’Église catholique : comme si la
religion était l’ouvrage non de Dieu, mais des hommes, une espèce d’invention
philosophique à laquelle les moyens humains peuvent surajouter un nouveau degré
de perfectionnement.
Jamais hommes si
déplorablement en délire ne méritèrent mieux le reproche que Tertullien
adressait aux philosophes de son temps : « Le christianisme que vous mettez en
avant, n’est autre que celui des stoïciens, des platoniciens et des
dialecticiens ».
En effet, notre très
sainte religion n’ayant pas été inventée par la raison, mais directement
manifestée aux hommes par Dieu, tout le monde comprend aisément que cette
religion, empruntant toute sa force et sa vertu de l’autorité de la Parole de
Dieu Lui-même, n’a pu être produite et ne saurait être perfectionnée par la
simple raison. Donc, pour que la raison humaine ne se trompe ni ne s’égare dans
une affaire aussi grave et de cette importance, il faut qu’elle s’enquière
soigneusement du fait de la révélation, afin qu’il lui soit démontré, d’une
manière certaine, que Dieu a parlé, et qu’en conséquence, selon le très sage
enseignement de l’apôtre, elle lui doit une soumission raisonnable. Mais qui
donc ignore ou peut ignorer que, lorsque Dieu parle, on lui doit une foi
entière, et qu’il n’y a rien de plus conforme à la raison elle-même, que de
donner son assentiment et de s’attacher fortement aux vérités incontestablement
révélées par Dieu, qui ne peut ni tromper ni se tromper ?
Et combien nombreuses,
combien admirables, combien splendides sont les preuves par lesquelles la
raison humaine doit être amenée à cette conviction profonde : que la religion
de Jésus Christ est divine, et qu’elle a reçu du Dieu du ciel la racine et le
principe de tous ses dogmes, et que par conséquent il n’y a rien au monde de
plus certain que notre foi, rien de plus sûr ni de plus vénérable et qui
s’appuie sur des principes solides. C’est cette foi qui est la maîtresse de la
vie, le guide du salut, le destructeur de tous les vices, la mère et la
nourrice féconde de toutes les vertus ; consolidée par la naissance, la vie, la
mort, la résurrection, la sagesse, les prodiges et les prophéties de son divin
auteur et consommateur, Jésus Christ; répandant de tous côtés l’éclat de sa
doctrine surnaturelle, enrichie des trésors inépuisables et vraiment célestes
de tant de prophéties inspirées à ses prophètes, du resplendissant éclat de ses
miracles, de la constance de tant de martyrs, de la gloire de tant de saints
personnages. De plus en plus insigne et remarquable, elle porte partout les
lois salutaires de Jésus Christ ; et de jour en jour acquérant et puisant sans
cesse de nouvelles forces dans les persécutions les plus cruelles, armée du
seul étendard de la croix, elle conquiert l’univers entier, et la terre et la
mer, depuis le levant jusqu’au couchant ; et, après avoir renversé les
trompeuses idoles, dissipé les ténèbres épaisses de l’erreur, triomphé des
ennemis de toute espèce, elle a répandu les bienfaisants rayons de sa lumière
sur tous les peuples, sur toutes les nations et sur tous les pays, quel que fût
le degré de férocité de leurs mœurs, de leur naturel et de leur caractère
barbare, les courbant sous le joug si suave de Jésus Christ, et annonçant à
tous la paix et le bonheur.
Certes, toutes ces
magnificences resplendissent assez de toute part de l’éclat de la puissance et
de la sagesse divine, pour que toute pensée et toute intelligence puissent
saisir promptement et comprendre facilement que la foi chrétienne est l’œuvre
de Dieu.
Donc, d’après ces
splendides et inattaquables démonstrations, la raison humaine est amenée à ce
point qui l’oblige à reconnaître clairement et manifestement que Dieu est
l’auteur de cette même foi ; la raison humaine ne saurait s’avancer au-delà ;
mais, rejetant et écartant toute difficulté et tout doute, elle doit à cette
même foi une soumission sans réserve, puisqu’elle est elle-même assurée que
tout ce que la foi propose aux hommes de croire et de pratiquer, tout cela
vient de Dieu.
On voit donc manifestement
dans quelle erreur profonde se roulent ces esprits qui, abusant de la raison et
regardant les oracles divins comme des produits de l’homme, osent les soumettre
à l’arbitrage de leur interprétation particulière et téméraire. Puisque Dieu
Lui-même a établi une autorité vivante, laquelle devait fixer et enseigner le
véritable et légitime sens de sa révélation céleste, et mettrait fin, par son
jugement infaillible, à toutes les controverses soit en matière de foi, soit en
matière de mœurs, et tout cela afin que les fidèles ne fussent pas entraînés à
tout vent dans les fausses doctrines, ni enveloppés dans les immenses filets de
la malice et des aberrations humaines. Cette autorité vivante et infaillible
n’est en vigueur que dans cette seule Église que Jésus Christ a établie sur
Pierre, le chef, le prince et le pasteur de toute l’Église, auquel il a promis
que sa foi ne serait jamais en défaillance ; l’Église constituée de manière
qu’elle a toujours à sa tête et dans sa chaire immuable ses Pontifes légitimes,
lesquels remontent, par une succession non interrompue, jusqu’à l’apôtre
Pierre, et jouissent comme lui du même héritage de doctrine, de dignité,
d’honneur et de puissance sans rivale. Et comme là où est Pierre, là est
l’Église ; comme Pierre parle par la bouche du Pontife romain, qu’il est
toujours vivant dans ses successeurs, qu’il exerce le même jugement, et
transmet la vérité de la foi à ceux qui la demandent, il s’ensuit que les
divins enseignements doivent être acceptés dans le même sens qu’y attache et y
a toujours attaché cette Chaire romaine, Siège du bienheureux Pierre, la mère
et la maîtresse de toutes les Églises, qui a toujours conservé inviolable et
entière la foi donnée par le Seigneur Jésus Christ ; qui l’a toujours enseignée
aux fidèles, leur montrant à tous le chemin du salut et l’incorruptible
doctrine de la Vérité.
Cette Église est donc
l’Église principale où l’unité sacerdotale a pris son origine, elle est la
métropole de la piété, et dans laquelle reste toujours entière et parfaite la
solidité de la religion chrétienne ; toujours on y a vu florissant le Principat
de la Chaire apostolique vers laquelle toute l’Église, c’est-à-dire tous les
fidèles répandus sur la terre doivent nécessairement accourir, à raison de sa
principauté suréminente, Église sans laquelle quiconque ne recueille pas,
disperse.
Nous donc qui avons
été placé, par un impénétrable jugement de Dieu, sur cette Chaire de Vérité,
nous venons exciter très vivement dans le Seigneur votre piété si remarquable,
Vénérables Frères, afin que Vous renouveliez tous vos efforts, Votre
sollicitude et Vos soins, avertissant et exhortant continuellement tous les
fidèles confiés à Votre vigilance, que chacun d’eux, fermement attaché à ces
principes, ne se laisse jamais tromper ni attirer par l’erreur de ces hommes
abominables dans leurs recherches, qui ne s’appliquent, en cette étude et dans
la poursuite du progrès humain, qu’à la destruction de la foi, qui ne veulent,
dans leurs efforts impies, que soumettre cette foi à la raison de l’homme, et
ne reculent pas devant l’audace de faire injure à Dieu Lui-même, après qu’Il a
daigné, dans sa clémence et par Sa divine religion, pourvoir au bien et au
salut des hommes.
Mais Vous connaissez
encore aussi bien, Vénérables Frères, les autres monstruosités de fraudes et
d’erreurs par lesquelles les enfants de ce siècle s’efforcent chaque jour de
combattre avec acharnement la religion catholique et la divine autorité de
l’Église, ses lois non moins vénérables ; comment ils voudraient fouler également
aux pieds les droits de la puissance sacrée et de l’autorité civile. C’est à ce
but que tendent ces criminels complots, contre cette Église romaine, siège du
bienheureux Pierre, et dans laquelle Jésus Christ a placé l’indestructible
fondement de toute son Église. Là tendent toutes ces sociétés secrètes sorties
du fond des ténèbres pour ne faire régner partout, dans l’ordre sacré et
profane, que les ravages et la mort ; sociétés clandestines si souvent
foudroyées par l’anathème des Pontifes romains nos prédécesseurs dans leurs
Lettres apostoliques, lesquelles Nous voulons en ce moment même confirmer et
très exactement recommander à l’observation par la plénitude de Notre puissance
apostolique.
C’est encore le but
que se proposent ces perfides sociétés bibliques, lesquelles, renouvelant les
artifices odieux des anciens hérétiques, ne cessent de produire contre les
règles si sages de l’Église, et de répandre parmi les fidèles les moins
instruits les livres des saintes Écritures traduits en toute espèce de langues
vulgaires, et souvent expliquées dans un sens pervers, consacrant à la
distribution de ces milliers d’exemplaires des sommes incalculables, les
répandant partout gratuitement, afin qu’après avoir rejeté la tradition, la
doctrine des Pères et l’autorité de l’Église catholique, chacun interprète les
oracles divins selon son jugement propre et particulier, et tombe ainsi dans
l’abîme des plus effroyables erreurs. Animé d’une juste émulation du zèle et
des saints exemples de ses prédécesseurs, Grégoire XVI, de sainte mémoire, et
dont Nous avons été constitué le successeur, malgré l’infériorité de Notre
mérite, a condamné par ses Lettres apostoliques les mêmes sociétés secrètes que
Nous entendons aussi déclarer condamnées et flétries par Nous.
C’est encore au même
but que tend cet horrible système de l’indifférence en matière de religion,
système qui répugne le plus à la seule lumière naturelle de la raison. C’est
par ce système, en effet, que ces subtils artisans de mensonge, cherchent à
enlever toute distinction entre le vice et la vertu, entre la vérité et
l’erreur, entre l’honneur et la turpitude, et prétendent que les hommes de tout
culte et de toute religion peuvent arriver au salut éternel : comme si jamais
il pouvait y avoir accord entre la justice et l’iniquité, entre la lumière et
les ténèbres, entre Jésus Christ et Bélial.
C’est à ce même but
encore que tend cette honteuse conjuration qui s’est formée nouvellement contre
le célibat sacré des membres du clergé, conspiration qui compte, ô douleur ! parmi
ses fauteurs quelques membres de l’ordre ecclésiastique, lesquels, oubliant
misérablement leur propre dignité, se laissent vaincre et séduire par les
honteuses illusions et les funestes attraits de la volupté. C’est là que tend
ce mode pervers d’enseignement, spécialement celui qui traite des sciences
philosophiques, et par lequel, d’une manière si déplorable, on trompe et l’on
corrompt une imprévoyante jeunesse, lui versant le fiel du dragon dans la coupe
de Babylone. à ce même but tend cette exécrable doctrine destructrice même du
droit naturel et qu’on appelle le communisme, laquelle, une fois admise, ferait
bientôt disparaître entièrement les droits, les intérêts, les propriétés et
jusqu’à la société humaine ; là tendent aussi les embûches profondément
ténébreuses de ceux qui cachent la rapacité du loup sous la peau de la brebis,
s’insinuent adroitement dans les esprits, les séduisent par les dehors d’une
piété plus élevée, d’une vertu plus sévère ; les liens qu’ils imposent sont à
peine sensibles, et c’est dans l’ombre qu’ils donnent la mort ; ils détournent
les hommes de toute pratique du culte ; quand ils ont égorgé les brebis du
Seigneur, ils en déchirent les membres.
C’est là enfin, pour
ne point énumérer ici tous les maux qui Vous sont si bien connus, c’est à ce
but funeste que tend cette contagion exécrable de petits livres et de volumes
qui pleuvent de toutes parts, enseignant la pratique du mal ; composés avec
art, pleins d’artifice et de tromperie, répandus à grands frais dans tous les
lieux de la terre, pour la perte du peuple chrétien, ils jettent partout les
semences des funestes doctrines, font pénétrer la corruption, surtout dans les
âmes des ignorants, et causent à la religion les pertes les plus funestes. Par
suite de cet effroyable débordement d’erreurs partout répandues, et aussi par
cette licence effrénée de tout penser, de tout dire, et de tout imprimer, les
mœurs publiques sont descendues à un effroyable degré de malice ; la très
sainte religion de Jésus Christ est méprisée ; l’auguste majesté du culte divin
dédaignée ; l’autorité du saint Siège apostolique renversée ; le pouvoir de
l’Église sans cesse attaqué et réduit aux proportions d’une humiliante
servitude ; les droits de évêques foulés aux pieds, la sainteté du mariage violée,
l’administration de l’une et de l’autre puissance universellement ébranlée ;
tels sont entre autres, Vénérables Frères, les maux qui dévorent la société
civile et religieuse, et que Nous sommes obligé de déplorer aujourd’hui en
mêlant Nos larmes avec les Vôtres.
Au milieu donc de ces
grandes vicissitudes de la religion, des événements et des temps, vivement
préoccupé du salut de tout le troupeau divinement confié à Nos soins, dans
l’accomplissement de la charge de Notre ministère apostolique, soyez assurés
que Nous n’omettrons ni tentatives, ni efforts pour assurer le bien spirituel
de la famille entière des chrétiens. Nous venons cependant exciter aussi dans
le Seigneur toute l’ardeur de Votre piété, déjà si remarquable, toute Votre
vertu et toute Votre prudence.
Comme Nous, appuyés
sur le secours d’en haut, défendez avec Nous et valeureusement, Vénérables
Frères, la cause de l’Église, fermes au poste qui Vous est confié, et soutenant
la dignité qui Vous distingue. Vous comprenez que la combat sera rude, car Vous
n’ignorez point le nombre et la profondeur des blessures qui accablent l’Épouse
Immaculée de Jésus Christ, et quelles dévastations terribles ses ennemis
acharnés lui font éprouver.
Or, Vous savez
parfaitement que le premier devoir de Votre charge est d’employer Votre force
épiscopale à protéger et à défendre la foi catholique, à veiller avec le soin
le plus extrême à ce que le troupeau qui Vous est confié demeure ferme et
inébranlable dans la foi, sans la conservation entière et inviolable de laquelle
il périrait certainement pour l’éternité. Ainsi ayez donc le soin le plus grand
de défendre et de conserver cette foi selon Votre sollicitude pastorale, et ne
cessez jamais d’en instruire tous ceux qui Vous sont confiés, de confirmer les
esprits chancelants, de confondre les contradicteurs, de fortifier les faibles,
ne dissimulant ou ne souffrant rien qui puisse paraître, le moins du monde,
blesser la pureté de cette foi. Avec le même courage et la même fermeté, Vous
devez favoriser l’union et l’attachement de tous les cœurs à cette Église
catholique, hors de laquelle il n’y a point de salut ; la soumission à cette
Chaire de Pierre sur laquelle repose, comme sur le plus inébranlable fondement,
tout le majestueux édifice de notre très sainte religion. Employez la même
constance à veiller à la conservation des très saintes lois de l’Église, par
lesquelles vivent et fleurissent parfaitement la vertu, la religion et la
piété.
Mais comme c’est une
preuve incontestable de grande pitié que de signaler les ténébreux repères des
impies et de vaincre en eux le démon, leur maître, Nous Vous en conjurons,
employez toutes les ressources de Votre Zèle et de Vos travaux à découvrir aux
yeux du peuple fidèle toutes les embûches, toutes les tromperies, toutes les
erreurs, toutes les fraudes et toutes les manœuvres des impies ; détournez avec
grand soin ce même peuple de la lecture de tant de livres empoisonnés, et enfin
exhortez assidûment le peuple fidèle à fuir, comme à l’aspect du serpent, les
réunions et les sociétés impies, afin qu’il parvienne ainsi à se préserver très
soigneusement du contact de tout ce qui est contraire à la foi, à la religion
et aux bonnes mœurs.
Pour obtenir de tels
résultats, gardez Vous bien de cesser un instant de prêcher le Saint Évangile ;
car c’est une telle instruction qui fait croître le peuple chrétien dans la
science de Dieu et dans la pratique de plus en plus parfaite de la très sainte
loi du christianisme ; par là, il sera détourné du mal et marchera dans les
voies du Seigneur.
Et puisque Vous savez
que Vous remplissez la charge de Jésus Christ, lequel se déclara doux et humble
de cœur, qui vint sur la terre, non pour appeler les justes, mais les pécheurs,
nous laissant son exemple, afin que nous imitions sa vie et marchions sur ses
pas ; ne négligez jamais, toutes les fois que Vous découvrirez quelques
délinquants dans la voie des préceptes du Seigneur, et lorsque Vous les verrez
s’éloigner du sentier de la justice et de la vérité, ne négligez jamais
d’employer auprès d’eux les avertissements de la tendresse et de la mansuétude
d’un père ; et, afin de les corriger, reprenez les par de salutaires conseils ;
dans vos instances, comme dans vos reproches, employez toujours les officieuses
ressources de la bonté, de la patience et de la doctrine ; car il est démontré
que, pour corriger et réformer les hommes, la bonté a souvent plus de puissance
que la sévérité, l’exhortation l’emporte sur la menace, et la charité va plus
loin que la puissance.
Joignez encore tous
Vos efforts, Vénérables Frères, pour obtenir un autre résultat important,
savoir, que les fidèles aiment la charité, fassent régner la paix entre eux et
pratiquent avec soin tout ce qui sert à l’entretien de cette charité et de
cette paix. Par là, il n’y aura plus de dissensions, d’inimitiés ni de
rivalités, mais tous se chériront dans une mutuelle tendresse ; ils seront
parfaitement unanimes dans le même sentiment et la même vérité, la même parole,
le même goût en Jésus Christ Notre Seigneur.
Appliquez Vous à
inculquer au peuple chrétien le devoir de la soumission et de l’obéissance
vis-à-vis des princes et des gouvernements ; enseignez lui, selon le précepte
de l’Apôtre, que toute puissance vient de Dieu ; que ceux-là résistent à
l’ordre divin et méritent d’être condamnés, qui résistent à la puissance, et
que ce précepte d’obéissance vis-à-vis du pouvoir ne peut jamais être violé
sans mériter de châtiment, excepté toutefois lorsqu’il exige quelque chose de
contraire aux lois de Dieu et de l’Église.
Cependant, comme rien
n’est plus propre à disposer continuellement les âmes à la pratique de la piété
et au culte de Dieu, que la vie et les actes exemplaires de ceux qui se sont
consacrés au ministère divin, et que tels sont les prêtres, tels sont
ordinairement les peuples, Vous comprenez dans Votre éminente sagesse,
Vénérables Frères, que Vous devez employer tous Vos soins à ce que chaque
membre de Votre clergé brille par la gravité des mœurs, par la sainteté et
l’intégrité de la vie, et par la doctrine ; et à ce que les prescriptions des
saints canons et de la discipline ecclésiastique soient exactement gardées, et
que là où la discipline a succombé, on lui rende son antique splendeur.
À cet effet, ainsi que
Vous le savez très bien, Vous devez éviter avec le plus grand soin d’imposer
les mains à aucun aspirant, avec trop de précipitation, et contre l’avis de
l’Apôtre ; mais Vous n’admettrez à l’initiation des ordres sacrés, et Vous
n’élèverez à la puissance redoutable de consacrer les saints mystères, que les
lévites auparavant éprouvés et examinés scrupuleusement, que ceux qui se
distingueront par l’ornement de toutes les vertus, et qui auront mérité la
juste louange d’une sagesse intacte ; de telle sorte qu’ils puissent être
d’utiles ouvriers, et la gloire de l’Église, dans chacun de Vos diocèses, et
enfin ceux qui, s’éloignant soigneusement de tout ce qui est contraire à la vie
cléricale, s’adonnant plutôt à l’étude, à la prédication, et à la connaissance
approfondie de la doctrine, sont, en effet, le parfait exemple des fidèles, dans
leur parole, dans leur conduite, dans la charité, dans la foi, dans la chasteté
; de telle sorte qu’à leur approche tous éprouvent le sentiment d’une
vénération méritée ; que par eux, de plus en plus, le peuple chrétien se forme,
s’excite et s’enflamme à l’amour de notre divine religion. Car il est mille
fois préférable, selon l’avis si parfaitement sage de Benoît XIV, l’un de Nos
prédécesseurs d’immortelle mémoire, qu’il y ait un nombre restreint de prêtres,
pourvu qu’ils se montrent excellents, capables et utiles, plutôt que d’en avoir
un grand nombre, incapables de toute manière de procurer l’édification du corps
de Jésus Christ, qui est l’Église. Vous n’ignorez pas non plus qu’il faut
examiner avec le plus grand soin quelles sont spécialement les mœurs et la
science de ceux à qui sont confiées la charge et la conduite des âmes, afin
que, ministres fidèles et dispensateurs des diverses formes de la grâce de
Dieu, dans l’administration des sacrements auprès du peuple qui leur est
confié, ils sachent le nourrir et l’encourager par la prédication de la parole
divine et le soutien continuel du bon exemple ; qu’ils sachent le former à tous
les enseignements et à toutes les pratiques de la religion, et le maintenir
dans le chemin du salut. Vous savez parfaitement que c’est à l’ignorance des
pasteurs ou à la négligence des devoirs de leur charge qu’il faut attribuer
perpétuellement le relâchement des mœurs parmi les fidèles, la violation de la
discipline chrétienne, l’abandon, puis la destruction totale des pratiques et
du culte religieux, enfin le débordement de tous les vices et des corruptions
qui pénètrent alors facilement dans l’Église. Voulez-Vous que la parole de
Dieu, qui est toujours vivante et efficace et plus pénétrante qu’un glaive à
deux tranchants, établie pour le salut des âmes, ne s’en retourne pas inutile
et impuissante par la faute de ses ministres ; ne cessez jamais, Vénérables
Frères, d’inculquer dans l’âme des prédicateurs cette parole divine, et de leur
recommander la méditation spirituelle, profonde, des devoirs de cette auguste
et si grave fonction ; dites leur qu’ils ne doivent point employer dans le
ministère évangélique cet apparat et cet artifice que l’habileté mondaine
enseigne pour persuader sa fausse sagesse, non plus que ces vaines pompes et
ces charmes ambitieux qui caractérisent l’éloquence profane, mais qu’ils
s’exercent plutôt et très religieusement dans la démonstration de l’esprit et
de la vertu de Dieu. Traitant ainsi convenablement la parole de vérité, ne se
prêchant pas eux-mêmes, mais Jésus Christ crucifié, qu’ils annoncent aux
peuples simplement et clairement les dogmes de notre sainte religion selon la
doctrine de l’Église catholique, d’après l’enseignement des Pères, et en une
élocution toujours grave et majestueuse ; qu’ils expliquent exactement les
devoirs particuliers et spéciaux de chacun ; qu’ils inspirent à tous l’horreur
du vice et une vive ardeur pour la piété afin que les fidèles, salutairement
imbus et nourris de la parole divine, fuyant tous les vices, pratiquant toutes
les vertus, et évitant ainsi les peines éternelles, puissent arriver à la
gloire du ciel.
Selon les devoirs de
Votre charge pastorale, et d’après les inspirations de Votre prudence,
avertissez sans cesse tous les ecclésiastiques placés sous Vos ordres, excitez
les à réfléchir sérieusement à l’auguste ministère qu’ils ont reçu de Dieu ;
que tous soient exacts à remplir avec la plus grande diligence la part de
fonction qui leur est échue ; que, pénétrés des sentiments les plus intimes
d’une véritable piété, ils ne cessent leurs prières et leurs supplications au
Seigneur ; que, dans cet esprit, ils accomplissent le précepte ecclésiastique
de la récitation des heures canoniales, afin de pouvoir obtenir pour eux-mêmes
les divins secours si nécessaires pour s’acquitter des devoirs si graves de
leur charge, et rendre le Seigneur toujours apaisé et favorable à tout le
peuple chrétien.
Toutefois, Vénérables
Frères, que Votre sagesse ne l’oublie pas, on ne peut obtenir d’excellents
ministres de l’Église qu’en les formant dans les meilleurs instituts cléricaux
; le reste de leur vie sacerdotale se ressent ainsi de la forte impulsion dans
la voie du bien qu’ils ont reçue dans ces pieux asiles. Continuez donc à porter
toute l’énergie de Votre Zèle vers cette exacte préparation des jeunes clercs ;
que par Vos soins on leur inspire, même dés l’âge le plus tendre, le goût de la
piété et d’une vertu solide ; qu’ils soient initiés sous Vos yeux à l’étude des
lettres, à la pratique d’une forte discipline, mais principalement à la
connaissance des sciences sacrées. C’est pour cela que rien ne doit Vous être
plus à cœur, ni Vous paraître plus digne de tous Vos soins et de toute Votre
industrie que d’accomplir l’ordre des Pères du saint Concile de Trente, s’il
n’est déjà exécuté, en instituant des séminaires pour les clercs ; que
d’augmenter, s’il le faut, le nombre de ces institutions pieuses, d’y placer
des maîtres et des directeurs excellents et capables, de veiller sans repos, et
avec une ardeur toujours ferme, à ce que dans ces saints asiles les jeunes
clercs soient constamment formés dans la crainte du Seigneur, à l’étude, et
surtout dans la science sacrée, toujours conformément à l’enseignement
catholique, sans le moindre contact avec l’erreur, de quelque espèce que ce
soit, selon les traditions ecclésiastiques et les écrits des Pères ; qu’ils y
soient exercés très soigneusement aux cérémonies et aux rites sacrés, afin que
plus tard Vous trouviez en eux des coopérateurs pieux et capables, doués de
l’esprit ecclésiastique, sagement fortifiés par la science, et qu’ils puissent
dans l’avenir travailler avec fruit le champ de Jésus Christ et combattre
vaillamment les combats du Seigneur.
Or, comme Vous êtes
Vous-mêmes très convaincus que, pour conserver et maintenir la dignité et la
sainte pureté de tout le sacerdoce ecclésiastique, rien n’est plus efficace que
l’institution des pieux exercices spirituels ; d’après les impulsions de Votre
zèle et de Votre charité épiscopale, ne cessez point d’exhorter, d’engager, de
presser même très vivement tous Vos prêtres à s’adonner à la pratique d’une
œuvre aussi salutaire ; que fréquemment, tous ceux qui sont engagés dans la
sainte milice sachent choisir une solitude favorable à l’accomplissement de ces
saints exercices ; que là, séparés absolument de toute espèce de préoccupation
extérieure, uniquement absorbés par la redoutable considération des vérités
éternelles, et par la profonde méditation des choses divines, ils puissent
ainsi s’épurer des taches qu’auront pu laisser sur leur âme sacerdotale la
poussière et le contact des affaires du monde, se renouveler dans l’esprit
ecclésiastique, et que, se dépouillant entièrement du vieil homme et de tous
ses actes, ils se revêtent de l’éclatante pureté de l’homme nouveau qui fut
créé dans la sainteté et la justice. Ne Vous plaignez point si Nous avons si
longuement insisté sur cette nécessité de l’institution et de la discipline
cléricale.
Car Vous ne pouvez
ignorer qu’il y a à notre époque un grand nombre d’esprits qui, fatigués à la
vue de l’innombrable variété, de l’inconsistance et du mouvement désordonné de
l’erreur, éprouvent intérieurement la nécessité de croire à notre sainte
religion, et qui seront enfin, par le secours de la grâce divine, amenés
d’autant plus facilement à embrasser la pratique de la doctrine et des
prescriptions de cette religion divine, qu’ils verront le clergé briller
au-dessus des autres par plus de piété, de pureté, de sagesse et de vertu.
Enfin, Frères bien
aimés, Nous ne pouvons douter que Vous-mêmes ne soyez animés d’une ardente
charité envers Dieu et pour tous les hommes, enflammés de l’amour le plus vif
pour tous les intérêts de l’Église, munis de vertus presqu’angéliques, armés et
fortifiés du courage et de la prudence si nécessaires à l’épiscopat, pénétrés
par le même désir de la volonté divine, marchant d’un pas constant sur les
traces des pas des apôtres, et imitant, comme il sied à des pontifes,
l’exemplaire divin des pasteurs, le Seigneur Jésus Christ, dont Vous
représentez la personne ; devenus, par le zèle et par les sentiments les plus
unanimes, les types spirituels du troupeau fidèle ; par l’éclat resplendissant
de la sainteté de Votre vie, illuminant à la fois le clergé et le peuple et
ayant acquis des entrailles de miséricorde, Vous sachiez toujours, compatissant
aux misères de l’ignorance et de l’erreur, à l’exemple du Pasteur de
l’Évangile, courir avec tendresse après les brebis perdues ; malgré leurs
égarements, les chercher longtemps jusqu’à ce que Vous les rencontriez et,
paternellement émus quand Vous les avez retrouvées, les placer affectueusement
sur Vos épaules et les rapporter au bercail. N’omettez jamais ni soins, ni
réflexions, ni travaux de tout genre pour arriver à l’exact et religieux
accomplissement de tous les devoirs de Votre charge pastorale ; et après avoir
défendu des attaques, des embûches et de la fureur des loups ravisseurs toutes
les brebis si chères au cœur de Jésus Christ, puisqu’Il les a rachetées au prix
inestimable de son sang divin ; après les avoir gardées dans les saints
pâturages, soigneusement éloignées de la contagion, Vous puissiez, et par Vos
paroles, et par Vos actions, et par Vos exemples, les ramener toutes ensemble
au port du salut éternel.
Travaillez donc
courageusement, Vénérables Frères, à procurer la plus grande gloire de Dieu ;
et, par un déploiement extraordinaire de sollicitude et de vigilance, comme par
un même effort, faites en sorte d’arriver à ce qu’après l’entière destruction
des erreurs et l’extirpation absolue des vices, la foi, la piété, la vertu
acquièrent de jour en jour, et par toute la terre, un admirable accroissement ;
que tous les fidèles, repoussant avec dédain les œuvres de ténèbres, marchent
dignement comme des fils de la lumière céleste sous les yeux de Dieu, auquel
leurs actions sont toujours agréables ; et, dans les angoisses, les difficultés
et les périls extrêmes, qui sont inséparables, aujourd’hui principalement, de
l’accomplissement de Vos si graves fonctions du ministère épiscopal, gardez
Vous bien de jamais succomber à la craintive ; mais plutôt fortifiez Vous dans
le Seigneur, et fiez Vous à la puissance de Celui qui, nous considérant du haut
du ciel, engagés dans la lutte que nous soutenons pour son nom sacré, encourage
ceux qui s’enrôlent, soutient les combattants et couronne les vainqueurs.
Mais comme rien ne
saurait être pour Nous plus agréable, plus doux à Notre cœur, plus désirable
pour le bien de l’Église, que de Vous aider tous, ô Vous que Nous chérissons
tendrement dans les entrailles de Jésus Christ, et que Nous désirons environner
de Notre amour, de Nos conseils, que de pouvoir travailler de concert à la
défense et à la propagation de la gloire de Dieu et de la foi catholique, et
que même Nous sommes prêt, pour le salut des âmes, à donner s’il le faut, Notre
propre vie, ô Nos Frères, venez, Nous Vous en prions et supplions, approchez
Vous avec grand cœur et en toute confiance de cette Chaire du bienheureux
prince des Apôtres, de ce centre de l’unité catholique, ce sommet suprême de
l’Épiscopat, d’où découle toute l’autorité de ce nom ; accourez donc auprès de
Nous toutes les fois que Vous éprouverez la nécessité d’avoir recours à l’aide,
au soutien et à la force que renferme pour Vous l’autorité de ce Siège
apostolique.
Or, Nous aimons à
espérer que Nos très chers fils en Jésus Christ, les princes, guidés par leurs
sentiments de piété et de religion, auront toujours présente à leur mémoire
cette vérité : que l’autorité suprême ne leur a pas seulement été donnée pour
le gouvernement des affaires du monde, mais principalement pour la défense de
l’Église ; et Nous-même, qu’en donnant tous Nos soins à la cause de l’Église,
Nous travaillons paisiblement au bonheur de leur règne, à leur propre
conservation et à l’exercice de leurs droits ; Nous aimons à espérer, disons
Nous, que tous les princes sauront favoriser, par l’appui de leur autorité et
le secours de leur puissance, des vœux, des desseins et des dispositions
ardentes au bien de tous, et que Nous avons en commun avec eux. Qu’ils
défendent donc et protègent la liberté et l’entière plénitude de vie de cette
Église catholique, afin que l’empire de Jésus Christ soit défendu par leur
puissante main.
Pour que tous ces
projets arrivent à des résultats heureux et prospères, recourons avec
confiance, Vénérables Frères, au trône de la grâce ; et tous ensemble, par un
concert unanime et persévérant de ferventes prières, avec toute l’humilité dont
notre cœur sera capable, supplions le Père des miséricordes et le Dieu de toute
consolation, afin que, par les mérites de Son Fils unique, Il daigne répandre
sur notre faiblesse, l’ineffable abondance de toutes les faveurs célestes ; que
par la vertu de sa toute puissance, il repousse Lui-même ceux qui s’opposent à
Nous ; qu’Il répande et augmente partout la foi, la piété, la dévotion, la paix
; par où la sainte Église, après avoir été délivrée des adversités et de toutes
les erreurs qui l’assiègent, puisse jouir enfin du calme désirable et
nécessaire, et qu’il n’y ait plus désormais qu’un seul bercail et un seul
pasteur. Mais, pour que le Seigneur très clément incline plus efficacement son
oreille divine vers nos prières, et accueille plus favorablement nos vœux,
ayons toujours auprès de Lui, comme intercession et intermédiaire puissante, la
très sainte et très immaculée Mère de Dieu, qui est toujours notre plus douce
Mère, notre médiatrice, notre avocate, notre espérance et notre confiance la
plus parfaite et dont le patronage maternel est ce qu’il y a auprès de Dieu de
plus fort et de plus efficace.
Invoquons aussi le
prince des Apôtres, auquel Jésus Christ lui-même a confié les clés du royaume
des cieux, qu’il a constitué lui-même la pierre fondamentale de l’Église,
contre laquelle les portes de l’enfer ne pourront jamais prévaloir. Invoquons
saint Paul, le compagnon de son apostolat ; tous les saints du ciel, qui
possèdent déjà la palme et la couronne, afin que tous nous aident à obtenir,
pour l’universalité du peuple chrétien, l’abondance si désirable de la divine
miséricorde.
Enfin, Vénérables
Frères, comme gage de tous les dons célestes et surtout comme un témoignage de
Notre ardente charité pour Vous, recevez Notre bénédiction apostolique que Nous
Vous accordons du fond intime de Notre âme, ainsi qu’à tous les membres du clergé
et à tous les fidèles laïques confiés à Vos soins.
Donné à Rome, près
Sainte Marie Majeure, le 9 novembre de l’année 1846 et l’an premier de Notre
pontificat.
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