dimanche 1 mars 2015

Père Onésime Lacouture - 1-28 - La reconnaissance

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VINGT-SIXIÈME INSTRUCTION : LA RECONNAISSANCE.

«En toutes choses, rendez grâces; car c’est la volonté de Dieu dans le Christ Jésus à l’égard de vous tous.» 1 Thes.  5-18.

Plan Remarque… Sa nature… (dans l’ancien Testament Son fondement…………… (dans le nouveau Testament (Le St Esprit dans l’Église (il est digne Ses motifs………………… (il est juste (il est salutaire (par pensée Manières de s’exprimer…… (par parole (par action Exemples.  

REMARQUE On peut résumer l’action divine en deux mouvements: l’un qui donne et l’autre qui reprend, les deux pour avoir sa gloire.  Quelle doit être notre attitude mentale dans chacun de ces mouvements de l’action divine?  Elle va donner lieu à quatre vertus extrêmement pratiques parce que c’est par elles que nous donnons à Dieu la gloire qu’il attend de nous dans ces deux mouvements de son action.  Dans les choses agréables qui le sont parce que Dieu nous donne, il faut pratiquer la reconnaissance, quand on les reçoit, et l’humilité pendant qu’on les garde; puis dans les choses désagréables, qui le sont parce que Dieu reprend ses bienfaits, on doit pratiquer la patience, quand on les perd et la confiance qu’on les recouvrera d’une façon ou l’autre.  Voilà les quatre vertus qui paient Dieu pour ce qu’il fait pour nous; qui lui donnent sa gloire à laquelle il tient tant et par conséquent qui nous attirent d’autres bienfaits.  Elles méritent bien chacune une instruction spéciale. sa nature La reconnaissance est un sentiment affectueux de l’âme qui s’incline devant son bienfaiteur pour lui exprimer sa joie pour un bienfait reçu.  Elle est un aveu de sa dépendance de son bienfaiteur au sujet du bien reçu de lui et elle exalte les deux: le bienfait et le bienfaiteur.  Comme l’adoration vient de l’esprit, la reconnaissance vient du coeur.  C’est ce qui lui donne tant de mérite aux yeux du bienfaiteur qui est d’autant plus touché qu’on aime plus ce qu’il a donné et qu’on l’estime en proportion.  Sa valeur lui vient donc de l’appréciation qu’on a et du don et du donateur.

On voit tout de suite qu’il faut avoir une grande âme pour être reconnaissant et être bien né comme on dit.  Il faut être généreux soi-même pour apprécier la générosité des autres; il faut être bien doué pour mesurer les qualités du bienfaiteur.  Voilà pourquoi la reconnaissance est une vertu si appréciée par tout le monde, mais dont peu sont capables… On voit tout de suite que de belles qualités et de grandes vertus il faut avoir pour être reconnaissant.  Or ceux qui les ont sont assez rares.  La plupart ont la vue de l’esprit bien courte; ils ne voient que leurs propres intérêts et leurs satisfactions personnelles.  Ils acceptent les bienfaits des autres, comme s’ils leur étaient dus; alors ils pensent plus à leur satisfaction dans ce bienfait qu’à faire plaisir au bienfaiteur, ce qui ne donne rien à leur égoïsme.  Ces gens n’ont jamais rien compris au commandement d’aimer son prochain comme soi-même.  Or Dieu veut que nous aimions tous les hommes d’un amour pur et surnaturel pour le même motif que nous devons aimer Dieu.  Comme cet amour est très rare, la reconnaissance aussi est très rare.  C’est une grande épreuve pour les bienfaiteurs en général, qui sont évidemment de grands coeurs, de voir cette étroitesse d’esprit chez leurs bénéficiaires, qui n’ont pas le coeur de les remercier… et ils sont si nombreux!  Mais qu’ils en tirent un sujet d’augmenter leur propre esprit de foi!  En donnant quand même à ces ingrats, ils sont sûrs d’avoir leur récompense de Dieu seul, puisque ces gens ne leur en donnent aucune, comme ils sont sûrs d’avoir des motifs uniquement surnaturels.  Par conséquent qu’ils ne se plaignent pas de l’ingratitude des autres, qui leur méritent une plus belle récompense de Dieu.  

Mais, n’empêche qu’on doit avertir ces ingrats qu’ils manquent sérieusement à leur devoir!

son fondement Le bon Dieu a pris la peine de nous instruire sur la nécessité des actions de grâces en nous exhortant souvent à lui en rendre et en punissant et en disputant ceux qui ne le faisaient pas.  C’est donc qu’il y tient beaucoup.  De fait sa gloire est là en grande partie.  Voyons donc cet enseignement à travers les âges.  Dans l’Ancien Testament.  Dans le Deut.  II, Dieu veut que les Juifs se rappellent toutes les merveilles qu’il a opérées pour eux dans leur marche vers la Terre sainte et il promet de les bénir s’ils reconnaissent tous ses bienfaits et de les punir s’ils les oublient.  Dans les livres sapientiaux et dans les Psaumes, il y a de fréquentes exhortations aux actions de grâces envers Dieu pour ses bienfaits.  Dieu lui-même inspire les beaux cantiques d’actions de grâces de ses amis: Moïse, David, Judith, Esther, etc.  Les prêtres devraient donc les donner comme modèles aux fidèles de leurs propres actions de grâces, que si peu savent composer.  Ainsi, après la traversée de la mer miraculeusement et l’engloutissement de l’armée égyptienne dans les flots, Moïse chante un cantique de reconnaissance en énumérant simplement par le menu tout ce que Dieu a fait pour les sauver.  Le bon Dieu savait tout cela, il est évident, mais Moïse lui fait plaisir en les lui répétant pour en montrer son appréciation et sa gratitude.  Imitons-les donc.  Le cantique de Judith chante sa reconnaissance de l’avoir aidée à délivrer son peuple par la mort d’Holopherne. «Célébrez le Seigneur au son des tambourins Chantez le Seigneur avec les cymbales, Modulez en son honneur un cantique nouveau; Exaltez et acclamez son nom… etc.» Dieu lui-même a donc inspiré ses saints à lui énumérer tout simplement ses bienfaits, pas parce qu’il a besoin de les connaître, mais parce que nous avons besoin de lui montrer notre reconnaissance pour tous ses bienfaits.  Imitons ces saints et redisons à Dieu ce qu’il a fait.  Parmi les Ps, il y en a 25 consacrés uniquement à l’action de grâces et parmi les autres on trouve encore plusieurs expressions de reconnaissance envers Dieu; c’est donc que Dieu tient à sa gloire!  Nous pensons tellement à nous-mêmes que nous oublions les droits de Dieu.  À mesure que nous serons transformés en lui, nous prendrons ses idées.  Commençons donc à faire tout de suite ce que nous voudrons faire dans la gloire divine: louer Dieu!  Voyons quelques échantillons de cette louange qu’il veut et qu’il a lui-même inspirée aux prophètes.  «Je veux bénir Yahveh en tout temps; Sa louange sera toujours dans ma bouche.  En Yahveh mon âme se glorifie; Que les humbles entendent et se réjouissent!  Exaltez avec moi Yahveh!» Ps.  65:

«Pousse vers Dieu des cris de joie, terre entière!  Chante la gloire de son nom; Célébrez magnifiquement ses louanges!  Dites à Dieu: Que tes oeuvres sont redoutables!  À cause de ta toute-puissance, tes ennemis te flattent.  Que toute la terre se prosterne devant toi, Qu’elle chante en ton honneur, qu’elle chante ton nom!»

Dieu veut donc que nous le louions pour ses différentes perfections.  Il est bon de les énumérer une par une et de le remercier pour les effets de chacune, comme les Psaumes le font; tantôt ils louent sa puissance, qu’il a montrée dans ses oeuvres admirables dans tout l’univers; tantôt sa bonté pour les secours qu’il donne aux pauvres, aux hommes; tantôt sa miséricorde de leur avoir pardonné leurs péchés; etc.  Que chacun le loue aussi pour ses bienfaits particuliers et il est bon encore là de les repasser dans le détail afin que l’esprit ait de quoi chanter sa reconnaissance envers Dieu.  Quand on songe que tous les sentiments de l’âme inspirés de Dieu dans les Psaumes et dans les prophètes sont ceux de l’humanité de J-C.  et ceux de l’humanité entière, tombée dans le péché et rachetée par lui; il faut les prendre pour nous tous en particulier.  Or comme il y en a tant qui expriment l’action de grâce, c’est donc que Dieu veut qu’une bonne partie de notre vie soit employée à remercier Dieu de tout ce qu’il a fait pour chacun de nous.  Prenons cette pratique tout de suite dans la vie concrète!  Ce n’est pas un bon sentiment qui doit s’évaporer aussitôt que goûté.  N’oublions pas que le ciel est un éternel cantique d’action de grâce qui doit commencer dans la foi sur terre pour se continuer dans la gloire au ciel.  Apprenez à le chanter au plus tôt!  Dans le Nouveau Testament, nous voyons la même préoccupation de J-C.  et des Apôtres à nous inculquer la nécessité et l’habitude des actions de grâces.  D’abord entendons la Ste Vierge ouvrir la liste des cantiques d’action de grâces       du N.T. dans son Magnificat sublime de reconnaissance, de joie et d’humilité.  Toutes les qualités pour une parfaite reconnaissance sont là.  D’abord le bienfaiteur: son âme glorifie le Seigneur.  Puis sa joie profonde en Dieu: elle déverse tout son coeur devant Dieu, son Sauveur.  Ce ne sont pas ses lèvres, mais son esprit, son intelligence et sa volonté, son âme entière.  Elle reconnaît la grandeur de Dieu et de son don: «Il a fait de grandes choses en moi», et son humilité: «Il a regardé la bassesse de sa servante».  Tout ce qui est grand vient de Dieu seul.  Aussi elle lui donne toute sa gloire pour ce bienfait.

Remarquons qu’elle résume aussi les exploits de Dieu pour arriver à l’Incarnation de son Verbe: il a renversé les puissants de leurs trônes et il a élevé les humbles.  Il a rempli de biens les affamés.  Ce qui montre combien il faut désirer les dons de Dieu pour les recevoir en abondance et pour les mieux apprécier.  Voilà pourquoi seuls ceux qui sont tout aux choses de Dieu et qui les désirent de tout leur coeur sont vraiment reconnaissants.  En d’autres termes, il faut de l’amour de Dieu pour estimer ses dons et pour lui en exprimer toute notre reconnaissance.  Prenons l’habitude de réciter avec coeur le Magnificat.  N.S.  a eu peu d’occasions pour inculquer la reconnaissance parce que trop peu de ses auditeurs avaient encore assez de foi pour apprécier les choses divines.  Cependant il le fait clairement quand il le peut.  Par exemple quand il guérit les dix lépreux, un seul revient pour l’en remercier et Jésus prend cette occasion pour blâmer tous les ingrats.  «Où sont donc les neuf autres qui ont été guéris?  Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir et rendre gloire à Dieu?» J-C.  veut donc la reconnaissance de nous tous pour les dons qu’il nous fait autrement précieux que la santé corporelle.  Il a dû la prêcher souvent parce que les Apôtres exhortent souvent les fidèles à rendre grâces à Dieu, comme ils font eux-mêmes bien souvent.  St Pierre commence sa première épître par une belle action de grâce à Dieu pour le grand bienfait de tout le plan divin.  C’est un vrai modèle à imiter Qu’on l’apprenne par cœur et qu’on dise souvent tous les jours: «Béni soit Dieu le Père de N.S.J.C., qui selon sa grande miséricorde, nous a régénérés en une vive espérance, par la résurrection de J-C.  d’entre les morts, pour un héritage incorruptible, pur, immortel, qui vous est réservé dans les cieux…» Remercions Dieu de tout ce que N.S.  nous a apporté, car c’est en lui que nous sommes sauvés et donc c’est par lui que nous pouvons plaire à Dieu même dans nos actions de grâces.  St Paul commence son épître aux Éphésiens par une action de grâces merveilleuse qui résume en peu de lignes toutes les profondeurs du plan divin pour notre salut.  Les coeurs reconnaissants pourraient passer des méditations durant des semaines sur cette effusion du grand coeur de St Paul:

«Béni soit Dieu le Père de N.S.J.C., qui nous a bénis dans le Christ de toutes sortes de bénédictions spirituelles dans les cieux.  C’est en lui qu’il nous a élus dès avant la création du monde, pour que nous soyons saints et irrépréhensibles devant lui, nous ayant dans son amour, prédestinés à être ses fils adoptifs par J-C.  selon sa libre volonté en faisant ainsi éclater la gloire de sa grâce… c’est en lui que vous êtes marqués du sceau du St Esprit…» Parce qu’ils ont reçu le St Esprit et qu’ils voient loin dans la foi ils sont émerveillés de tout ce que Dieu a fait pour notre salut.  Ils voient notre triste sort sans ces bienfaits et ils sont remplis de reconnaissance envers Dieu.  Voilà ce que les prêtres devraient s’efforcer de faire comprendre aux fidèles.  S’ils pouvaient cesser de tant parler de péchés pour parler des vertus théologales et des sublimes exigences de notre destinée à la vision béatifique!  Nos gens ne savent que dire quand ils sont à l’église.  Qu’on leur enseigne comment faire des actions de grâces!  Qu’on leur indique les Psaumes à réciter sur ce sujet et surtout comment en composer dans leur coeur et dans leur esprit.  Évidemment il faudrait commencer par eux-mêmes!…

Le St Esprit dans l’Église.  Les premiers Pères de l’Église et les premiers chrétiens, sous l’inspiration du St Esprit, ont emboîté le pas avec les Apôtres pour pratiquer et inculquer à tous les chrétiens l’habitude des actions de grâces.  Ils composèrent des cantiques et des hymnes d’action de grâces que les fidèles chantaient dans les assemblées qui devinrent les églises des chrétiens; puis ils chantaient dans leurs maisons.  Ils avaient les psaumes comme modèles et ils les chantaient aussi ou les psalmodiaient.

Mais les Juifs étaient habitués à lire les sacrifices d’actions de grâces que leurs ancêtres avaient coutume d’offrir à Dieu depuis les enfants d’Adam: Caïn et Abel; Noé, après le déluge; Abraham après sa victoire et tous les autres qui marchèrent sur leurs traces.  Après la Pentecôte les Apôtres offrirent la messe en action de grâces surtout pour tous les bienfaits de la rédemption.  Puis on se mit à entourer la consécration des saintes espèces de beaucoup de prières dont les principales sont l’action de grâces.  Ce n’est pas surprenant qu’on ait appelé ce mystère l’Eucharistie, ou action de grâces.  Il y avait un grand courant de reconnaissance dans la primitive Église.  On y vivait littéralement les exhortations de St Paul si fréquentes.  Rendez grâces à Dieu en toutes choses!  Que vos prières montent à Dieu pleines d’action de grâces, etc… Ainsi on a introduit dans la messe le Gloria, qui est un hymne d’action de grâces, la préface et la communion.  L’Église a mis là toutes les façons pratiques de remercier Dieu en union avec J-C.

La messe est le plus bel acte de reconnaissance que nous pouvons offrir à Dieu puisque c’est J-C.  lui-même qui s’offre à son Père.  Son objet principal est justement le culte de l’action de grâce qui se consomme dans la sainte communion en recevant J-C.  lui-même dans nos coeurs.  Alors quel moment plus favorable à la reconnaissance que lorsqu’on a reçu son Sauveur et son Créateur dans son coeur avec l’humanité sainte de Jésus.  Voilà pourquoi on devrait y consacrer un temps convenable qui doit s’approcher de la demi-heure autant que possible.  Hélas!  comme nos chrétiens s’ennuient justement pendant qu’ils ont J-C., Dieu et Homme, comme lorsqu’il était sur la terre.  Il est là dans leur âme… et ils n’ont rien à lui dire!  Ils sont respectueux et c’est tout… C’est même un soulagement pour la plupart quand ils pensent qu’il est parti… et comme ils le croient vite parti puisqu’ils s’en vont eux-mêmes bien vite après la communion!… Qu’ils prennent donc le temps de remercier Dieu pour les grands bienfaits au moins de l’ordre surnaturel; qu’ils les énumèrent un par un, comme les grands saints l’ont fait, comme Moïse, David, Tobie, Judith, etc.  Qu’on lise leurs actions de grâces dans la Bible, qu’on se les rende familières et ensuite on les imitera.  On devrait sûrement passer autant de minutes à remercier Dieu des bienfaits reçus que pour lui en demander d’autres.  Sont-ils nombreux ceux qui le font?  

Commençons!  On voit là l’inconvénient d’avoir des attaches aux choses du monde.  Comment aimer celles du ciel quand on trouve sa satisfaction avec celles de la terre?  Ceux qui cherchent des jouissances sensibles ne sont guère capables de vouloir celles de l’ordre surnaturel.  Ils ont bien plus hâte d’aller voir dans le journal du matin si leur club favori a gagné sa partie, que de remercier J-C.  des bienfaits surnaturels qu’ils ont reçus de lui.  Comme on l’a dit, l’action de grâce est surtout faite d’amour de Dieu acheté aux dépens des sacrifices des échantillons.  Ceux donc qui ne sont pas mortifiés, qui cultivent quelque attache ne voient même pas ce qui leur manque devant Dieu ni ne peuvent apprécier ce qu’il a déjà fait pour eux d’une façon convenable.

ses motifs Pour ne pas trop multiplier et fatiguer l’esprit nous allons nous contenter de donner ceux que l’Église a mis dans sa préface de la messe.  Il est digne de rendre grâce à Dieu partout et toujours.  En effet il est digne pour l’homme de donner à Dieu une chose qu’il n’a pas sans l’homme et à laquelle il tient beaucoup.  Or, cela est la gloire extrinsèque que l’homme donne à Dieu par les louanges de sa reconnaissance.  La preuve que Dieu y tient est qu’il se plaint quand les hommes ne la lui donnent pas.  Parce que les Juifs offraient des sacrifices d’animaux sans esprit de foi ni louange sincère à Dieu, il les dispute et leur fait dire: «Est-ce que je mange la chair des animaux?  Est-ce que je bois le sang des boucs?  Offrez à Dieu un sacrifice d’action de grâces!» Ps.  40 «Chantez à Yahveh un cantique d’action de grâces; célébrez votre Dieu sur la harpe; il couvre les cieux de nuages et prépare la pluie pour la terre.» Ps.  146-7.  Éph.  5-10: «Vous entretenant ensemble de psaumes, d’hymnes et de cantiques spirituels, chantant et psalmodiant du fond de vos coeurs à la gloire du Seigneur.  Rendant grâces en tout temps et pour toutes choses à Dieu le Père, au nom de N.S.J.C.» Dieu nous demande donc des louanges et des actions de grâces.  Il est par conséquent bien digne pour l’homme de lui en donner.  L’Être infini qui demande des faveurs à sa créature pécheresse… et c’est le tout petit nombre qui lui en donnent!  Il est digne pour l’homme de commencer à faire sur terre ce qu’il fera dans la gloire du ciel.  Or, il est sûr que là-haut les actions de grâces seront continuelles.  St Jean nous le dit dans l’Apoc.  19-5: Et il sortit du trône une voix qui disait: Louez notre Dieu, vous tous ses serviteurs, et vous qui le craignez, petits et grands, et j’entendis comme la voix d’un grand tonnerre, qui disait: Alléluia!  parce qu’il a régné, le Seigneur notre Dieu, le Toutpuissant.  Réjouissons-nous, tressaillons d’allégresse et rendons lui gloire, parce que les noces de l’Agneau sont venues et que son épouse s’y est préparée.» Les anges aussi passent leur ciel à louer Dieu et à le remercier pour ce qu’il a fait pour eux.  De la vision béatifique sort un immense concert d’action de grâces à la Trinité par J-C.  le Roi du ciel.  Si les pauvres habitants de la terre, au lieu de se pâmer d’admiration devant les échantillons éphémères des perfections divines, levaient les yeux de la foi vers le ciel et ce que Dieu leur réserve, s’ils veulent le préférer au fumier des choses créées, comme ils verraient leur folie d’être si bornés!  Au lieu de tant parler des vues animées qui passionnent tout le monde jusqu’aux religieux et aux prêtres, comme les païens, s’ils pensaient un peu aux vues animées célestes où Dieu déroulera sur un écran éternel ses infinies perfections, comme ils auraient honte de leur aveuglement!  Tant qu’ils auront ces niaiseries dans le coeur, ils ne peuvent pas louer les perfections divines ni montrer leur reconnaissance pour des choses qu’ils n’estiment pas ou bien peu, puisqu’ils ont le coeur au fumier des choses terrestres.  C’est au clergé à prêcher le mépris pratique des échantillons, à montrer aux fidèles que c’est avec des échantillons comme monnaie qu’ils achèteront les jouissances éternelles du ciel.  Alors en proportion que leur amour sera transféré des échantillons sur les perfections infinies de Dieu, dans la même proportion leurs louanges iront à Dieu avec leurs remerciements dans la mesure qu’ils ont compris les choses célestes.

Il est juste de rétablir l’équilibre dans nos relations avec nos bienfaiteurs en leur donnant quelque chose en retour pour leurs dons.  Mais que pouvons-nous donner à Dieu?  Il n’y a que la gloire que nous pouvons lui procurer par des louanges et des actions de grâces en retour de ses bienfaits.

L’amour tend à égaliser les conditions des amants.  Or quand on aime Dieu, on songe aux immenses bienfaits de l’ordre naturel et surnaturel de Dieu.  Or qu’avons-nous qui puisse être comparé à ces bienfaits?  Là encore c’est Dieu qui vient suppléer à notre indigence.  Il aime tellement sa gloire et par suite il aime tellement nos louanges qu’il se trouve luimême bien payé si nous les lui donnons.  Mais comme notre intelligence ne peut jamais arriver à se faire une véritable idée de tout ce que Dieu a fait pour nous, il faut conclure que jamais nous ne pourrons dépasser la mesure dans les louanges.  Nous resterons toujours ses débiteurs.  Raison de plus de nous y mettre avec toutes les puissances de notre âme et avec tout l’ardeur possible avec la grâce de Dieu.  Que ce devoir entre dans tous les détails de notre vie.  Les Apôtres le demandaient aux chrétiens: «Quelque chose que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu.»

Il est salutaire ou avantageux de faire plaisir à ses bienfaiteurs.  Eh bien!  la reconnaissance fait immensément plaisir à Dieu.  Il dit que nous recevrons dans la même mesure que nous lui donnons.  Eh bien!  si nous lui donnons tout ce qu’il veut dans cette chose qu’il aime tant, il nous donnera aussi tout ce que nous voudrons de lui.  En d’autres termes, la gloire que nous lui donnons est comme sa paye pour le travail qu’il fait pour nous; plus nous le paierons, plus il travaillera pour nous.

St Bernard dit que si à chaque bienfait on remonte à Dieu qui est la source de toutes grâces, on appelle de nouveaux bienfaits sur sa tête.  Ailleurs aussi: Rendez grâces à Dieu et vous en recevrez des faveurs toujours plus abondantes.  St Laurent Justinien dit: «Montrez seulement à Dieu que vous êtes reconnaissants de ce qu’il vous a accordé et il répandra sur vous des dons plus nombreux et plus excellents.» Tous les saints ont expérimenté cette vérité.  Ils étaient eux-mêmes extrêmement reconnaissants et savaient que par là ils s’attireraient les faveurs du ciel.  Il est bon de remercier Dieu même avant de recevoir ses faveurs, comme Jésus le fit avant la multiplication des pains, de l’institution de l’Eucharistie et de la résurrection de Lazare.  Cette confiance le touche et il ne veut pas se laisser vaincre en générosité.  Il est sûr, en tout cas, que c’est très parfait et que c’est un moyen de s’attirer des grâces.  Ne soyons donc plus de ces ingrats qui demandent constamment sans jamais remercier.  Nous faisons des milliers de demandes de toutes sortes et combien d’actions de grâces à travers toutes ces demandes égoïstes?  Nous refuserions vite de donner à un pauvre souvent s’il n’avait pas le coeur de nous remercier souvent… et nous n’avons pas le coeur de remercier Dieu de ses bienfaits d’ordre surnaturel qui devraient nous assurer notre bonheur éternel au ciel?  N’est-ce pas là la principale cause de notre peu d’avancement dans la vie spirituelle?  Dieu serait encore plus généreux si nous étions plus reconnaissants envers lui… Manières de s’exprimer Par pensée.

Dieu scrute les coeurs et il veut des adorateurs en esprit et en vérité; là est la liberté qui nous donne notre mérite et à lui sa gloire.  À l’exemple de la Ste Vierge il faut dire: «Mon âme glorifie le Seigneur et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon salut.» C’est à force de méditer sur notre destinée surnaturelle en la vision béatifique que nous apprécierons mieux les bienfaits de Dieu qui nous rendent dignes de cette vision.  Or cela exige beaucoup de réflexion et de prière soutenue par des sacrifices pour arriver à s’en faire une bonne idée.  pensons donc souvent à ce devoir de la reconnaissance pour nous en remplir le coeur d’où elle passera dans la vie d’abord… Par nos paroles.  Comme Jésus dit: la bouche parle de l’abondance du coeur, quand il sera plein de reconnaissance, nous trouverons bien des paroles pour l’exprimer.  Car il faut que le don de la parole serve à la gloire de Dieu, soit en parlant des bienfaits de Dieu, soit en les chantant, comme St Paul le recommandait aux fidèles.  Les prêtres devraient faire une vigoureuse campagne pour répandre le chant des cantiques dans les écoles et dans les familles.  Quelle manie regrettable ont plusieurs maîtres de chapelle de changer souvent les cantiques de sorte que les gens n’ont pas le temps de les apprendre par coeur.  Puis, un autre malheur, c’est d’avoir rejeté tous les vieux cantiques, qui disaient quelque chose au coeur, quoiqu’en pensent les «techniciens» du chant!  Ils ont rejeté les vieux cantiques que tout le monde aimait à chanter pour les remplacer par des airs «à dormir debout»!  Qui peut aimer à chanter les cantiques modernes?  La preuve est que personne ne les chante… pas même les maîtres de chapelle!  On a voulu réformer et on a déformé!  Les prêtres devraient revenir aux Vêpres où l’on chante les louanges de Dieu et où l’on adore le T.S.S.  à la bénédiction qui suit.  Ils devraient faire de vigoureuses campagnes pour les remettre en honneur.  Personne n’en parle: surtout de nos jours, elles arrivent en conflit avec les parties de sport que même les prêtres ne veulent pas manquer.  Les gens ne sont plus intéressés parce que les prêtres ne montrent pas de zèle pour cette façon si importante de glorifier Dieu en chantant ses louanges et en sanctifiant le dimanche.  Un jour, un prêtre me dit qu’après sa retraite il a fait un appel ardent pour une meilleure assistance aux Vêpres, avec le résultat très consolant que l’église était pleine de monde.  Et maintenant?  Il m’avoua que l’assistance était diminuée comme avant.  Je lui demande: En avez-vous parlé encore depuis la retraite?  Il m’avoua qu’il n’en avait plus parlé.  Revenez à la charge, lui dis-je!  Le pasteur est là pour rassembler ses brebis quand elles s’éparpillent!  Après un si beau succès le pauvre homme n’y pensait plus!  Une sottise de bien des prêtres est de raccourcir cet office le plus possible; c’est le meilleur moyen d’éloigner les gens.  Ils ne viendront pas de bien loin pour une petite cérémonie insignifiante.  Qu’on leur donne pour leur «argent» et ils viendront bien!  Le St Esprit les fera venir si cela vaut la peine!…

Ce que nous venons de dire des Vêpres il faut le dire des autres cérémonies du culte; plus on abrège et moins les gens viennent… à condition évidemment qu’on n’allonge pas indéfiniment!  Il y a une limite partout, comme on dit.  Mais que les prêtres d’abord commencent à montrer leur appréciation des cérémonies où l’on chante la gloire de Dieu et de beaux cantiques et les fidèles prendront leurs idées.  En actions.

Comment exprimer sa reconnaissance en action?  Voyez un enfant qui vient de recevoir une boîte de bonbons de sa mère; il est tout radieux de joie et montre sa bonne humeur à tout le monde autour de lui.  Un enfant bien élevé est toujours content de ce que sa mère lui donne.  Celui qui rechigne souvent n’est aimé de personne.  Eh bien!  les bons chrétiens doivent agir envers Dieu comme des enfants bien élevés.  Puisque nous savons maintenant que tout ce qui nous arrive, agréable ou non, nous vient de Dieu et est un effet de sa bonté, nous devons toujours être de bonne humeur, la joie doit suinter de toutes nos actions et de notre manière de nous comporter.  Nous montrons alors en acte que Dieu nous fait du bien constamment.  Défions-nous d’une spiritualité grincheuse sous prétexte d’humilité, mécontente de Dieu.  On se plaint de n’être pas assez bon, pas assez humble, etc.  Ce n’est pas de la vertu, mais un effet de l’amour-propre blessé.  Ne développons pas ce genre de spiritualité mal élevée!  Un autre moyen est de prendre part aux fêtes liturgiques que l’Église a établies pour commémorer les principaux bienfaits de Dieu envers nous.  Dans l’ancienne Loi Dieu lui-même a fait établir pour cette même raison, celle de Pâques pour célébrer le bienfait de la délivrance de la servitude d’Égypte; celle de la Pentecôte en souvenir de la Loi donnée au Sinaï; celle des Tabernacles en souvenir de la manne tombée du ciel pendant 40 ans au désert.  Or, tous ces bienfaits n’étaient que des figures des bienfaits de la nouvelle Loi; à plus forte raison faut-il célébrer nos fêtes chrétiennes.  Les prêtres feraient bien d’expliquer aux fidèles tout le cycle des fêtes chrétiennes de l’année liturgique pour leur faire mieux comprendre le plan divin pour notre rédemption et notre sanctification et les rendre plus reconnaissants pour tous ces bienfaits.  Quel meilleur moyen de faire servir sa mémoire à la gloire de Dieu?  Dieu nous l’a donnée afin que nous les sortions pour les admirer et en remercier Dieu souvent.  Ne manquons pas de remercier Dieu pour tout ce qu’il a donné à J-C., puisque nous devons en jouir nous-mêmes un jour au ciel et déjà sur terre par ses mérites qu’il nous communique en proportion que nous sommes unis à lui.

Exemples : En voici un bien simple mais combien consolant, combien éloquent!  Notre Frère Napoléon Laflamme était mourant au Noviciat, en déc.  1917 où j’étais Ministre.  Voyant qu’il ne mangeait plus, je lui dis que je voulais savoir s’il aimerait quelque chose en particulier.  Puisque vous insistez, me dit-il, j’aimerais un bouillon de lièvre ou de perdrix.  Je demande à notre acheteur, le Frère Veilleux, d’essayer d’en trouver sur le marché à Montréal.  Il n’en trouva pas.  Le lendemain matin, pendant une grosse tempête de neige voilà qu’une perdrix se jette dans la fenêtre d’une chambre de retraitant, casse la vitre extérieure et se fait prendre entre les deux châssis.  Le Frère Houde, portier, entend le bruit des ailes contre les vitres, entre dans la chambre et attrape facilement la perdrix qu’il va montrer au cuisinier, le Frère Souligny, qui dit tout de suite: Je vais la faire cuire pour le Fr.  Laflamme!  J’avais averti déjà le Fr.  Laflamme qu’on n’avait pas pu en trouver en ville.  J’étais là quand on l’apporta au Frère et je lui dis comment on l’avait trouvée.  Il leva les yeux au ciel avec les bras en disant: Mon Dieu, que vous êtes bon!  Voilà la paie du bon Dieu!  Quelle merveille de bonté d’avoir écouté un simple caprice d’un vieux mourant qui pourrait à peine en prendre une bouchée!  Pour ce cri de reconnaissance Dieu a fait ce miracle de bonté.  Comme la reconnaissance le touche!  C’est encore ce bon vieux qui me demanda à ses derniers instants une question sotte apparemment, si elle ne montrait pas son immense désir de remercier Dieu.  «Mon Père, pensez-vous que l’éternité va être assez longue pour que j’aie le temps de remercier Dieu pour tout ce qu’il a fait pour moi?» Il expira peu après.  En voilà un qui ne sera pas en peine dans l’éternité!  Et de son éternité!  Quelle leçon pour nous tous, même Prêtres!  Sont-ils nombreux ceux qui avec toute leur science théologique ont su apprécier les bienfaits divins comme ce Frère coadjuteur?

Thérèse de l’Enfant Jésus demande au bon Dieu de la neige pour sa prise d’habit, le 10 janvier.  Or, la veille une température très douce ne lui donnait aucune espérance d’en avoir.  Cependant, elle eut sa neige!  La terre s’était couverte d’un beau manteau blanc comme le sien.  C’était un caprice d’enfant, mais Dieu l’exauça pour ce cri de reconnaissance vers Dieu quand elle vit la neige.

L’Hospice de St Jos.  Cottolengo à Turin, en Italie est sûrement le meilleur exemple de ce que la reconnaissance peut obtenir de Dieu.  Sans revenus fixes, sans comptabilité, depuis plus d’un siècle.  Je l’ai visité deux fois, en 1919 et en 1938.  Elles ne veulent même pas savoir combien de malades et d’infirmes de toutes sortes on peut héberger.  Il doit y avoir autour de 15,000 infirmes et près de 3,000 religieuses et religieux pour en prendre soin.  En 20 ans, elles ont fait de grandes améliorations bien modernes.  On voit que tout se fait sans calcul aucun.  J’ai passé quelque temps à la cuisine pour voir tout ce qui peut passer là chaque jour.  C’est inconcevable!  Il fallait les voir servir les gens à pleines assiettes… comme Dieu seul peut servir ses pauvres infirmes!  L’église centrale est toujours pleine de monde qui prient constamment et qui remercient Dieu pour tout ce qu’il fait pour l’hospice.  Tous les autres prient partout et toujours: à la cuisine, au lavoir ou buanderie, à la cordonnerie, aux champs, etc.  Quelle leçon pour nos chrétiens païens qui comptent sur leurs fameux procureurs ou économes!  Chez Cottolengo, on refuse seulement ceux qui sont capables de payer!  Nos païens ne refusent que ceux qui ne peuvent pas payer.  On calcule du matin au soir tous les sous qui rentrent et qui sortent; on balance ses livres tous les soirs; tout le fondement des Communautés est à la Procure!  Mais ces chargés d’affaires et leurs protégés aussi païens qu’eux, n’ont à peu près jamais le temps de tenir compagnie à N.S.  à la chapelle ou à l’église; on ne remercie jamais ou très peu; on charge les lampions de faire ce devoir personnel… et encore!… Les membres sont habitués de se fier aux procureurs et très peu prennent sur eux de remercier Dieu personnellement pour tout ce qu’il leur accorde.  On a beau faire la cour aux riches, les courir, les encenser, augmenter les prix… les dettes aussi augmentent…!  Et les gens critiquent contre tous ces quêteurs et quêteuses… Il est notoire que ce sont les procureurs qui avaient la plus grande réputation, qui ont mis les communautés en dette.  Dieu veut montrer qu’il ne faut compter que sur lui.  Quand même que chaque membre n’a rien à faire à la procure, il doit savoir que c’est pour lui ou pour elle que Dieu donne à la Communauté; alors c’est un devoir individuel de chaque membre de remercier Dieu constamment pour tout ce qu’il fait pour la Communauté.  C’est la même vérité pour les familles.  Messes d’action de grâces sont un moyen merveilleux de remercier Dieu puisque nous nous associons à J-C.  lui-même s’offrant à son Père en action de grâces.  Il est bon même de les faire dire avant de recevoir les bienfaits.  Dieu aime cette confiance qu’on met en lui.  Voici des faits dont j’ai été témoin.  Je missionnais à Winooski, dans le Vermont, en mars 1930.  Sur 8 moulins, il n’y en avait qu’un en fonction, en activité.  En parlant de la reconnaissance, je conseillai aux femmes à qui je prêchais cette semaine-là de former un petit comité parmi elles pour aller quêter des messes d’action de grâces pour l’ouvrage que Dieu leur avait déjà donné et pour celui qu’il leur donnerait dans l’avenir.  Je suggérai au moins 50 messes pour le passé et 50 pour l’avenir.  Il y avait autour de 800 familles dans la paroisse.  Elles commencèrent un mardi matin à quêter.  À onze heures, le Gérant de N.Y.  téléphone de fermer le seul moulin qui marchait, parce qu’il n’avait plus de commande!… et moi qui avais promis en pleine chaire qu’ils auraient de l’ouvrage!  Les femmes arrivent au presbytère pour m’annoncer la nouvelle et me dire que les gens riaient d’elles et de moi!  qu’elles ne pouvaient plus continuer de quêter dans ces circonstances.

Souvent c’est un truc de Dieu de faire tout le contraire de ce qu’on veut pour exciter plus de foi en nous.  Après leur avoir donné une bonne injection de surnaturel je leur demande de retourner et d’offrir à Dieu leur humiliation et les moqueries des autres pour le succès de leur quête.  Les braves femmes retournent et le samedi matin, elles reviennent au presbytère avec $100.00 comme je l’avais demandé, qu’elles donnèrent au Curé.

À onze heures ce jour-là le Gérant téléphone de N.Y.  d’ouvrir les 8 moulins à cause des grosses commandes qu’il venait de recevoir!… Deux ans après je rencontre le Curé qui me félicite sur le bon moyen que j’avais pris pour leur faire avoir de l’ouvrage: les moulins avaient fonctionné nuit et jour pendant un an.  Et maintenant, combien?  Un seul, dit-il.  Je lui demande s’il avait fait quêter encore pour des messes d’action de grâces.  Il me dit que non!  Le païen!  Pourquoi n’a-t-il pas fait la même chose?  Et ceux qui liront ces pages feront-ils mieux que lui?  Comme les gens sont païens d’un travers à l’autre!  Comme ils ont la tête dure pour les choses surnaturelles!  L’année suivante toute cette affaire se répète à Kénogami.  Les moulins fonctionnèrent pendant un an nuit et jour.  Je rencontre le Curé très content de ce que j’avais obtenu de Dieu tant d’ouvrage pour sa paroisse.  Puis maintenant?  Un seul moulin marchait.  Avez-vous demandé des messes d’action de grâces pour la 2ème année?  Non!  Encore un païen!  Est-ce que les cultivateurs ne sèment pas à tous les ans afin de récolter tous les ans… et quel dommage que les prêtres ne le sachent pas!  Qu’ils ne le disent pas aux fidèles!  Comme Dieu les bénirait tous s’ils savaient comment le remercier régulièrement comme Dieu leur donne ses biens régulièrement.  Si les pauvres faisaient dire leurs messes d’action de grâces, comme ils sortiraient vite de leur misère!  Que d’épreuves on s’épargnerait si on payait celui qui travaille pour nous constamment!  Où est celui qui travaille sans salaire?  Eh bien!  Dieu n’est pas plus imbécile que les hommes; il cesse de travailler pour nous quand nous ne le payons plus!… Voici encore un bel exemple de donner de la gloire à Dieu seul.  Sur le Mont Cariathiarim, en Palestine, où l’arche d’alliance est restée quelques années, une religieuse française, Sr Joséphine, si je me rappelle bien son nom, décide de bâtir une église à cet endroit.  Or, les Musulmans ne voulaient rien lui vendre.  Elle déposa des médailles miraculeuses aux pieds des arbres et les acheta un par un pratiquement et finalement elle eut son terrain.  Il lui restait deux mille francs pour une église d’un million… Pour qu’il ne soit pas dit qu’elle ait contribué un franc à cette église et pour laisser toute la gloire à Dieu, elle donna aux pauvres ses 2,000 francs.  Sa reconnaissance irait nécessairement à Dieu seul si elle parvenait à bâtir son église.  Eh bien!  Le Curé me disait qu’il recevait des aumônes par milliers de frs et toute l’église fut payée en la finissant.  Quelle foi il fallait pour agir de la sorte!  Combien de nos procureurs prendraient ce moyen de vider leurs caisses dans les mains des pauvres avant de construire un édifice quelconque?  On voit là le souci de donner à Dieu toute sa reconnaissance et sa gloire.

On voit que s’il y avait plus de surnaturel dans le clergé et dans les communautés, il y aurait moins de dettes chez tous!  Ce n’est que lorsqu’on cherche le royaume de Dieu et sa sainteté qu’il donne le reste.  Comme il ne donne pas toujours le reste, c’est donc que peu recherchent la sainteté de Dieu.  Quand les communautés sont ferventes, les biens nécessaires arrivent abondamment; à mesure que le surnaturel s’en va les dettes s’en viennent!

Que tous les prêtres se mettent à prêcher la reconnaissance à tous les fidèles et qu’ils leur montrent comment la pratiquer dans le concret de la vie ou par des actes.  Tous les parents devraient ensuite l’enseigner dans la famille pour que chaque enfant sache comment la pratiquer.  Qu’on leur enseigne comment faire des actes de reconnaissance et qu’ils économisent sur leur argent de poche pour faire dire quelques messes au lieu de gaspiller en bonbons et en vues animées.  Voilà une bonne formation qui assurerait l’avenir des enfants.  Quand on visite les pauvres, qu’on les sonde sur la reconnaissance envers Dieu, qu’on leur demande s’ils font dire des messes d’action de grâces et combien souvent?  Quand de grands enfants vont mal, qu’on demande aux parents s’ils ont fait dire des messes d’action de grâces et s’ils ont demandé à leurs enfants de le faire?  Jamais ils n’ont pensé à cela.  Ils n’ont jamais payé Dieu, il cesse de travailler pour eux et tout va mal dans la famille… pratiquons et enseignons la reconnaissance à tout le monde!…  

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