VINGT-SIXIÈME
INSTRUCTION : LA RECONNAISSANCE.
«En
toutes choses, rendez grâces; car c’est la volonté de Dieu dans le Christ Jésus
à l’égard de vous tous.» 1 Thes. 5-18.
Plan
Remarque… Sa nature… (dans l’ancien Testament Son fondement…………… (dans le
nouveau Testament (Le St Esprit dans l’Église (il est digne Ses motifs…………………
(il est juste (il est salutaire (par pensée Manières de s’exprimer…… (par
parole (par action Exemples.
REMARQUE
On peut résumer l’action divine en deux mouvements: l’un qui donne et l’autre
qui reprend, les deux pour avoir sa gloire.
Quelle doit être notre attitude mentale dans chacun de ces mouvements de
l’action divine? Elle va donner lieu à
quatre vertus extrêmement pratiques parce que c’est par elles que nous donnons
à Dieu la gloire qu’il attend de nous dans ces deux mouvements de son
action. Dans les choses agréables qui le
sont parce que Dieu nous donne, il faut pratiquer la reconnaissance, quand on
les reçoit, et l’humilité pendant qu’on les garde; puis dans les choses
désagréables, qui le sont parce que Dieu reprend ses bienfaits, on doit
pratiquer la patience, quand on les perd et la confiance qu’on les recouvrera
d’une façon ou l’autre. Voilà les quatre
vertus qui paient Dieu pour ce qu’il fait pour nous; qui lui donnent sa gloire
à laquelle il tient tant et par conséquent qui nous attirent d’autres
bienfaits. Elles méritent bien chacune
une instruction spéciale. sa nature La reconnaissance est un sentiment
affectueux de l’âme qui s’incline devant son bienfaiteur pour lui exprimer sa
joie pour un bienfait reçu. Elle est un
aveu de sa dépendance de son bienfaiteur au sujet du bien reçu de lui et elle
exalte les deux: le bienfait et le bienfaiteur.
Comme l’adoration vient de l’esprit, la reconnaissance vient du
coeur. C’est ce qui lui donne tant de
mérite aux yeux du bienfaiteur qui est d’autant plus touché qu’on aime plus ce
qu’il a donné et qu’on l’estime en proportion.
Sa valeur lui vient donc de l’appréciation qu’on a et du don et du
donateur.
On
voit tout de suite qu’il faut avoir une grande âme pour être reconnaissant et
être bien né comme on dit. Il faut être
généreux soi-même pour apprécier la générosité des autres; il faut être bien
doué pour mesurer les qualités du bienfaiteur.
Voilà pourquoi la reconnaissance est une vertu si appréciée par tout le
monde, mais dont peu sont capables… On voit tout de suite que de belles
qualités et de grandes vertus il faut avoir pour être reconnaissant. Or ceux qui les ont sont assez rares. La plupart ont la vue de l’esprit bien
courte; ils ne voient que leurs propres intérêts et leurs satisfactions
personnelles. Ils acceptent les
bienfaits des autres, comme s’ils leur étaient dus; alors ils pensent plus à
leur satisfaction dans ce bienfait qu’à faire plaisir au bienfaiteur, ce qui ne
donne rien à leur égoïsme. Ces gens
n’ont jamais rien compris au commandement d’aimer son prochain comme soi-même. Or Dieu veut que nous aimions tous les hommes
d’un amour pur et surnaturel pour le même motif que nous devons aimer
Dieu. Comme cet amour est très rare, la
reconnaissance aussi est très rare.
C’est une grande épreuve pour les bienfaiteurs en général, qui sont
évidemment de grands coeurs, de voir cette étroitesse d’esprit chez leurs
bénéficiaires, qui n’ont pas le coeur de les remercier… et ils sont si
nombreux! Mais qu’ils en tirent un sujet
d’augmenter leur propre esprit de foi!
En donnant quand même à ces ingrats, ils sont sûrs d’avoir leur récompense
de Dieu seul, puisque ces gens ne leur en donnent aucune, comme ils sont sûrs
d’avoir des motifs uniquement surnaturels.
Par conséquent qu’ils ne se plaignent pas de l’ingratitude des autres,
qui leur méritent une plus belle récompense de Dieu.
Mais,
n’empêche qu’on doit avertir ces ingrats qu’ils manquent sérieusement à leur
devoir!
son
fondement Le bon Dieu a pris la peine de nous instruire sur la nécessité des
actions de grâces en nous exhortant souvent à lui en rendre et en punissant et
en disputant ceux qui ne le faisaient pas.
C’est donc qu’il y tient beaucoup.
De fait sa gloire est là en grande partie. Voyons donc cet enseignement à travers les
âges. Dans l’Ancien Testament. Dans le Deut.
II, Dieu veut que les Juifs se rappellent toutes les merveilles qu’il a
opérées pour eux dans leur marche vers la Terre sainte et il promet de les
bénir s’ils reconnaissent tous ses bienfaits et de les punir s’ils les
oublient. Dans les livres sapientiaux et
dans les Psaumes, il y a de fréquentes exhortations aux actions de grâces
envers Dieu pour ses bienfaits. Dieu
lui-même inspire les beaux cantiques d’actions de grâces de ses amis: Moïse,
David, Judith, Esther, etc. Les prêtres
devraient donc les donner comme modèles aux fidèles de leurs propres actions de
grâces, que si peu savent composer.
Ainsi, après la traversée de la mer miraculeusement et l’engloutissement
de l’armée égyptienne dans les flots, Moïse chante un cantique de
reconnaissance en énumérant simplement par le menu tout ce que Dieu a fait pour
les sauver. Le bon Dieu savait tout
cela, il est évident, mais Moïse lui fait plaisir en les lui répétant pour en
montrer son appréciation et sa gratitude.
Imitons-les donc. Le cantique de
Judith chante sa reconnaissance de l’avoir aidée à délivrer son peuple par la
mort d’Holopherne. «Célébrez le Seigneur au son des tambourins Chantez le
Seigneur avec les cymbales, Modulez en son honneur un cantique nouveau; Exaltez
et acclamez son nom… etc.» Dieu lui-même a donc inspiré ses saints à lui énumérer
tout simplement ses bienfaits, pas parce qu’il a besoin de les connaître, mais
parce que nous avons besoin de lui montrer notre reconnaissance pour tous ses
bienfaits. Imitons ces saints et
redisons à Dieu ce qu’il a fait. Parmi
les Ps, il y en a 25 consacrés uniquement à l’action de grâces et parmi les
autres on trouve encore plusieurs expressions de reconnaissance envers Dieu;
c’est donc que Dieu tient à sa gloire!
Nous pensons tellement à nous-mêmes que nous oublions les droits de
Dieu. À mesure que nous serons
transformés en lui, nous prendrons ses idées.
Commençons donc à faire tout de suite ce que nous voudrons faire dans la
gloire divine: louer Dieu! Voyons quelques
échantillons de cette louange qu’il veut et qu’il a lui-même inspirée aux
prophètes. «Je veux bénir Yahveh en tout
temps; Sa louange sera toujours dans ma bouche.
En Yahveh mon âme se glorifie; Que les humbles entendent et se
réjouissent! Exaltez avec moi Yahveh!»
Ps. 65:
«Pousse
vers Dieu des cris de joie, terre entière!
Chante la gloire de son nom; Célébrez magnifiquement ses louanges! Dites à Dieu: Que tes oeuvres sont
redoutables! À cause de ta toute-puissance,
tes ennemis te flattent. Que toute la
terre se prosterne devant toi, Qu’elle chante en ton honneur, qu’elle chante
ton nom!»
Dieu
veut donc que nous le louions pour ses différentes perfections. Il est bon de les énumérer une par une et de
le remercier pour les effets de chacune, comme les Psaumes le font; tantôt ils
louent sa puissance, qu’il a montrée dans ses oeuvres admirables dans tout
l’univers; tantôt sa bonté pour les secours qu’il donne aux pauvres, aux
hommes; tantôt sa miséricorde de leur avoir pardonné leurs péchés; etc. Que chacun le loue aussi pour ses bienfaits
particuliers et il est bon encore là de les repasser dans le détail afin que
l’esprit ait de quoi chanter sa reconnaissance envers Dieu. Quand on songe que tous les sentiments de
l’âme inspirés de Dieu dans les Psaumes et dans les prophètes sont ceux de
l’humanité de J-C. et ceux de l’humanité
entière, tombée dans le péché et rachetée par lui; il faut les prendre pour
nous tous en particulier. Or comme il y
en a tant qui expriment l’action de grâce, c’est donc que Dieu veut qu’une
bonne partie de notre vie soit employée à remercier Dieu de tout ce qu’il a
fait pour chacun de nous. Prenons cette
pratique tout de suite dans la vie concrète!
Ce n’est pas un bon sentiment qui doit s’évaporer aussitôt que goûté. N’oublions pas que le ciel est un éternel
cantique d’action de grâce qui doit commencer dans la foi sur terre pour se
continuer dans la gloire au ciel. Apprenez
à le chanter au plus tôt! Dans le
Nouveau Testament, nous voyons la même préoccupation de J-C. et des Apôtres à nous inculquer la nécessité
et l’habitude des actions de grâces.
D’abord entendons la Ste Vierge ouvrir la liste des cantiques d’action
de grâces du N.T. dans son Magnificat
sublime de reconnaissance, de joie et d’humilité. Toutes les qualités pour une parfaite
reconnaissance sont là. D’abord le bienfaiteur:
son âme glorifie le Seigneur. Puis sa
joie profonde en Dieu: elle déverse tout son coeur devant Dieu, son
Sauveur. Ce ne sont pas ses lèvres, mais
son esprit, son intelligence et sa volonté, son âme entière. Elle reconnaît la grandeur de Dieu et de son
don: «Il a fait de grandes choses en moi», et son humilité: «Il a regardé la
bassesse de sa servante». Tout ce qui
est grand vient de Dieu seul. Aussi elle
lui donne toute sa gloire pour ce bienfait.
Remarquons
qu’elle résume aussi les exploits de Dieu pour arriver à l’Incarnation de son
Verbe: il a renversé les puissants de leurs trônes et il a élevé les
humbles. Il a rempli de biens les
affamés. Ce qui montre combien il faut
désirer les dons de Dieu pour les recevoir en abondance et pour les mieux
apprécier. Voilà pourquoi seuls ceux qui
sont tout aux choses de Dieu et qui les désirent de tout leur coeur sont
vraiment reconnaissants. En d’autres
termes, il faut de l’amour de Dieu pour estimer ses dons et pour lui en
exprimer toute notre reconnaissance.
Prenons l’habitude de réciter avec coeur le Magnificat. N.S. a
eu peu d’occasions pour inculquer la reconnaissance parce que trop peu de ses
auditeurs avaient encore assez de foi pour apprécier les choses divines. Cependant il le fait clairement quand il le
peut. Par exemple quand il guérit les
dix lépreux, un seul revient pour l’en remercier et Jésus prend cette occasion
pour blâmer tous les ingrats. «Où sont donc
les neuf autres qui ont été guéris? Il
ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir et rendre gloire à
Dieu?» J-C. veut donc la reconnaissance
de nous tous pour les dons qu’il nous fait autrement précieux que la santé
corporelle. Il a dû la prêcher souvent
parce que les Apôtres exhortent souvent les fidèles à rendre grâces à Dieu,
comme ils font eux-mêmes bien souvent.
St Pierre commence sa première épître par une belle action de grâce à
Dieu pour le grand bienfait de tout le plan divin. C’est un vrai modèle à imiter Qu’on
l’apprenne par cœur et qu’on dise souvent tous les jours: «Béni soit Dieu le
Père de N.S.J.C., qui selon sa grande miséricorde, nous a régénérés en une vive
espérance, par la résurrection de J-C.
d’entre les morts, pour un héritage incorruptible, pur, immortel, qui
vous est réservé dans les cieux…» Remercions Dieu de tout ce que N.S. nous a apporté, car c’est en lui que nous
sommes sauvés et donc c’est par lui que nous pouvons plaire à Dieu même dans
nos actions de grâces. St Paul commence
son épître aux Éphésiens par une action de grâces merveilleuse qui résume en
peu de lignes toutes les profondeurs du plan divin pour notre salut. Les coeurs reconnaissants pourraient passer
des méditations durant des semaines sur cette effusion du grand coeur de St Paul:
«Béni
soit Dieu le Père de N.S.J.C., qui nous a bénis dans le Christ de toutes sortes
de bénédictions spirituelles dans les cieux.
C’est en lui qu’il nous a élus dès avant la création du monde, pour que
nous soyons saints et irrépréhensibles devant lui, nous ayant dans son amour,
prédestinés à être ses fils adoptifs par J-C.
selon sa libre volonté en faisant ainsi éclater la gloire de sa grâce…
c’est en lui que vous êtes marqués du sceau du St Esprit…» Parce qu’ils ont
reçu le St Esprit et qu’ils voient loin dans la foi ils sont émerveillés de
tout ce que Dieu a fait pour notre salut.
Ils voient notre triste sort sans ces bienfaits et ils sont remplis de
reconnaissance envers Dieu. Voilà ce que
les prêtres devraient s’efforcer de faire comprendre aux fidèles. S’ils pouvaient cesser de tant parler de
péchés pour parler des vertus théologales et des sublimes exigences de notre
destinée à la vision béatifique! Nos
gens ne savent que dire quand ils sont à l’église. Qu’on leur enseigne comment faire des actions
de grâces! Qu’on leur indique les
Psaumes à réciter sur ce sujet et surtout comment en composer dans leur coeur
et dans leur esprit. Évidemment il
faudrait commencer par eux-mêmes!…
Le
St Esprit dans l’Église. Les premiers
Pères de l’Église et les premiers chrétiens, sous l’inspiration du St Esprit,
ont emboîté le pas avec les Apôtres pour pratiquer et inculquer à tous les
chrétiens l’habitude des actions de grâces.
Ils composèrent des cantiques et des hymnes d’action de grâces que les
fidèles chantaient dans les assemblées qui devinrent les églises des chrétiens;
puis ils chantaient dans leurs maisons.
Ils avaient les psaumes comme modèles et ils les chantaient aussi ou les
psalmodiaient.
Mais
les Juifs étaient habitués à lire les sacrifices d’actions de grâces que leurs
ancêtres avaient coutume d’offrir à Dieu depuis les enfants d’Adam: Caïn et
Abel; Noé, après le déluge; Abraham après sa victoire et tous les autres qui
marchèrent sur leurs traces. Après la
Pentecôte les Apôtres offrirent la messe en action de grâces surtout pour tous
les bienfaits de la rédemption. Puis on
se mit à entourer la consécration des saintes espèces de beaucoup de prières
dont les principales sont l’action de grâces.
Ce n’est pas surprenant qu’on ait appelé ce mystère l’Eucharistie, ou
action de grâces. Il y avait un grand
courant de reconnaissance dans la primitive Église. On y vivait littéralement les exhortations de
St Paul si fréquentes. Rendez grâces à
Dieu en toutes choses! Que vos prières
montent à Dieu pleines d’action de grâces, etc… Ainsi on a introduit dans la
messe le Gloria, qui est un hymne d’action de grâces, la préface et la
communion. L’Église a mis là toutes les
façons pratiques de remercier Dieu en union avec J-C.
La
messe est le plus bel acte de reconnaissance que nous pouvons offrir à Dieu
puisque c’est J-C. lui-même qui s’offre
à son Père. Son objet principal est
justement le culte de l’action de grâce qui se consomme dans la sainte
communion en recevant J-C. lui-même dans
nos coeurs. Alors quel moment plus
favorable à la reconnaissance que lorsqu’on a reçu son Sauveur et son Créateur
dans son coeur avec l’humanité sainte de Jésus.
Voilà pourquoi on devrait y consacrer un temps convenable qui doit
s’approcher de la demi-heure autant que possible. Hélas!
comme nos chrétiens s’ennuient justement pendant qu’ils ont J-C., Dieu
et Homme, comme lorsqu’il était sur la terre.
Il est là dans leur âme… et ils n’ont rien à lui dire! Ils sont respectueux et c’est tout… C’est
même un soulagement pour la plupart quand ils pensent qu’il est parti… et comme
ils le croient vite parti puisqu’ils s’en vont eux-mêmes bien vite après la
communion!… Qu’ils prennent donc le temps de remercier Dieu pour les grands
bienfaits au moins de l’ordre surnaturel; qu’ils les énumèrent un par un, comme
les grands saints l’ont fait, comme Moïse, David, Tobie, Judith, etc. Qu’on lise leurs actions de grâces dans la
Bible, qu’on se les rende familières et ensuite on les imitera. On devrait sûrement passer autant de minutes
à remercier Dieu des bienfaits reçus que pour lui en demander d’autres. Sont-ils nombreux ceux qui le font?
Commençons! On voit là l’inconvénient d’avoir des
attaches aux choses du monde. Comment
aimer celles du ciel quand on trouve sa satisfaction avec celles de la terre? Ceux qui cherchent des jouissances sensibles
ne sont guère capables de vouloir celles de l’ordre surnaturel. Ils ont bien plus hâte d’aller voir dans le
journal du matin si leur club favori a gagné sa partie, que de remercier
J-C. des bienfaits surnaturels qu’ils
ont reçus de lui. Comme on l’a dit,
l’action de grâce est surtout faite d’amour de Dieu acheté aux dépens des
sacrifices des échantillons. Ceux donc
qui ne sont pas mortifiés, qui cultivent quelque attache ne voient même pas ce
qui leur manque devant Dieu ni ne peuvent apprécier ce qu’il a déjà fait pour
eux d’une façon convenable.
ses
motifs Pour ne pas trop multiplier et fatiguer l’esprit nous allons nous
contenter de donner ceux que l’Église a mis dans sa préface de la messe. Il est digne de rendre grâce à Dieu partout
et toujours. En effet il est digne pour
l’homme de donner à Dieu une chose qu’il n’a pas sans l’homme et à laquelle il
tient beaucoup. Or, cela est la gloire
extrinsèque que l’homme donne à Dieu par les louanges de sa reconnaissance. La preuve que Dieu y tient est qu’il se
plaint quand les hommes ne la lui donnent pas.
Parce que les Juifs offraient des sacrifices d’animaux sans esprit de
foi ni louange sincère à Dieu, il les dispute et leur fait dire: «Est-ce que je
mange la chair des animaux? Est-ce que
je bois le sang des boucs? Offrez à Dieu
un sacrifice d’action de grâces!» Ps. 40
«Chantez à Yahveh un cantique d’action de grâces; célébrez votre Dieu sur la
harpe; il couvre les cieux de nuages et prépare la pluie pour la terre.»
Ps. 146-7. Éph.
5-10: «Vous entretenant ensemble de psaumes, d’hymnes et de cantiques
spirituels, chantant et psalmodiant du fond de vos coeurs à la gloire du
Seigneur. Rendant grâces en tout temps
et pour toutes choses à Dieu le Père, au nom de N.S.J.C.» Dieu nous demande
donc des louanges et des actions de grâces.
Il est par conséquent bien digne pour l’homme de lui en donner. L’Être infini qui demande des faveurs à sa
créature pécheresse… et c’est le tout petit nombre qui lui en donnent! Il est digne pour l’homme de commencer à
faire sur terre ce qu’il fera dans la gloire du ciel. Or, il est sûr que là-haut les actions de
grâces seront continuelles. St Jean nous
le dit dans l’Apoc. 19-5: Et il sortit
du trône une voix qui disait: Louez notre Dieu, vous tous ses serviteurs, et
vous qui le craignez, petits et grands, et j’entendis comme la voix d’un grand
tonnerre, qui disait: Alléluia! parce
qu’il a régné, le Seigneur notre Dieu, le Toutpuissant. Réjouissons-nous, tressaillons d’allégresse et
rendons lui gloire, parce que les noces de l’Agneau sont venues et que son
épouse s’y est préparée.» Les anges aussi passent leur ciel à louer Dieu et à
le remercier pour ce qu’il a fait pour eux.
De la vision béatifique sort un immense concert d’action de grâces à la
Trinité par J-C. le Roi du ciel. Si les pauvres habitants de la terre, au lieu
de se pâmer d’admiration devant les échantillons éphémères des perfections
divines, levaient les yeux de la foi vers le ciel et ce que Dieu leur réserve,
s’ils veulent le préférer au fumier des choses créées, comme ils verraient leur
folie d’être si bornés! Au lieu de tant
parler des vues animées qui passionnent tout le monde jusqu’aux religieux et
aux prêtres, comme les païens, s’ils pensaient un peu aux vues animées célestes
où Dieu déroulera sur un écran éternel ses infinies perfections, comme ils
auraient honte de leur aveuglement! Tant
qu’ils auront ces niaiseries dans le coeur, ils ne peuvent pas louer les
perfections divines ni montrer leur reconnaissance pour des choses qu’ils
n’estiment pas ou bien peu, puisqu’ils ont le coeur au fumier des choses
terrestres. C’est au clergé à prêcher le
mépris pratique des échantillons, à montrer aux fidèles que c’est avec des échantillons
comme monnaie qu’ils achèteront les jouissances éternelles du ciel. Alors en proportion que leur amour sera
transféré des échantillons sur les perfections infinies de Dieu, dans la même
proportion leurs louanges iront à Dieu avec leurs remerciements dans la mesure
qu’ils ont compris les choses célestes.
Il
est juste de rétablir l’équilibre dans nos relations avec nos bienfaiteurs en
leur donnant quelque chose en retour pour leurs dons. Mais que pouvons-nous donner à Dieu? Il n’y a que la gloire que nous pouvons lui
procurer par des louanges et des actions de grâces en retour de ses bienfaits.
L’amour
tend à égaliser les conditions des amants.
Or quand on aime Dieu, on songe aux immenses bienfaits de l’ordre
naturel et surnaturel de Dieu. Or
qu’avons-nous qui puisse être comparé à ces bienfaits? Là encore c’est Dieu qui vient suppléer à
notre indigence. Il aime tellement sa
gloire et par suite il aime tellement nos louanges qu’il se trouve luimême bien
payé si nous les lui donnons. Mais comme
notre intelligence ne peut jamais arriver à se faire une véritable idée de tout
ce que Dieu a fait pour nous, il faut conclure que jamais nous ne pourrons
dépasser la mesure dans les louanges.
Nous resterons toujours ses débiteurs.
Raison de plus de nous y mettre avec toutes les puissances de notre âme
et avec tout l’ardeur possible avec la grâce de Dieu. Que ce devoir entre dans tous les détails de
notre vie. Les Apôtres le demandaient
aux chrétiens: «Quelque chose que vous fassiez, faites tout pour la gloire de
Dieu.»
Il
est salutaire ou avantageux de faire plaisir à ses bienfaiteurs. Eh bien!
la reconnaissance fait immensément plaisir à Dieu. Il dit que nous recevrons dans la même mesure
que nous lui donnons. Eh bien! si nous lui donnons tout ce qu’il veut dans
cette chose qu’il aime tant, il nous donnera aussi tout ce que nous voudrons de
lui. En d’autres termes, la gloire que
nous lui donnons est comme sa paye pour le travail qu’il fait pour nous; plus
nous le paierons, plus il travaillera pour nous.
St
Bernard dit que si à chaque bienfait on remonte à Dieu qui est la source de
toutes grâces, on appelle de nouveaux bienfaits sur sa tête. Ailleurs aussi: Rendez grâces à Dieu et vous
en recevrez des faveurs toujours plus abondantes. St Laurent Justinien dit: «Montrez seulement à
Dieu que vous êtes reconnaissants de ce qu’il vous a accordé et il répandra sur
vous des dons plus nombreux et plus excellents.» Tous les saints ont
expérimenté cette vérité. Ils étaient
eux-mêmes extrêmement reconnaissants et savaient que par là ils s’attireraient
les faveurs du ciel. Il est bon de
remercier Dieu même avant de recevoir ses faveurs, comme Jésus le fit avant la
multiplication des pains, de l’institution de l’Eucharistie et de la
résurrection de Lazare. Cette confiance
le touche et il ne veut pas se laisser vaincre en générosité. Il est sûr, en tout cas, que c’est très
parfait et que c’est un moyen de s’attirer des grâces. Ne soyons donc plus de ces ingrats qui
demandent constamment sans jamais remercier.
Nous faisons des milliers de demandes de toutes sortes et combien
d’actions de grâces à travers toutes ces demandes égoïstes? Nous refuserions vite de donner à un pauvre
souvent s’il n’avait pas le coeur de nous remercier souvent… et nous n’avons
pas le coeur de remercier Dieu de ses bienfaits d’ordre surnaturel qui
devraient nous assurer notre bonheur éternel au ciel? N’est-ce pas là la principale cause de notre
peu d’avancement dans la vie spirituelle?
Dieu serait encore plus généreux si nous étions plus reconnaissants
envers lui… Manières de s’exprimer Par pensée.
Dieu
scrute les coeurs et il veut des adorateurs en esprit et en vérité; là est la
liberté qui nous donne notre mérite et à lui sa gloire. À l’exemple de la Ste Vierge il faut dire:
«Mon âme glorifie le Seigneur et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon
salut.» C’est à force de méditer sur notre destinée surnaturelle en la vision
béatifique que nous apprécierons mieux les bienfaits de Dieu qui nous rendent
dignes de cette vision. Or cela exige
beaucoup de réflexion et de prière soutenue par des sacrifices pour arriver à
s’en faire une bonne idée. pensons donc
souvent à ce devoir de la reconnaissance pour nous en remplir le coeur d’où
elle passera dans la vie d’abord… Par nos paroles. Comme Jésus dit: la bouche parle de
l’abondance du coeur, quand il sera plein de reconnaissance, nous trouverons
bien des paroles pour l’exprimer. Car il
faut que le don de la parole serve à la gloire de Dieu, soit en parlant des
bienfaits de Dieu, soit en les chantant, comme St Paul le recommandait aux
fidèles. Les prêtres devraient faire une
vigoureuse campagne pour répandre le chant des cantiques dans les écoles et
dans les familles. Quelle manie regrettable
ont plusieurs maîtres de chapelle de changer souvent les cantiques de sorte que
les gens n’ont pas le temps de les apprendre par coeur. Puis, un autre malheur, c’est d’avoir rejeté
tous les vieux cantiques, qui disaient quelque chose au coeur, quoiqu’en
pensent les «techniciens» du chant! Ils
ont rejeté les vieux cantiques que tout le monde aimait à chanter pour les
remplacer par des airs «à dormir debout»!
Qui peut aimer à chanter les cantiques modernes? La preuve est que personne ne les chante… pas
même les maîtres de chapelle! On a voulu
réformer et on a déformé! Les prêtres
devraient revenir aux Vêpres où l’on chante les louanges de Dieu et où l’on
adore le T.S.S. à la bénédiction qui
suit. Ils devraient faire de vigoureuses
campagnes pour les remettre en honneur.
Personne n’en parle: surtout de nos jours, elles arrivent en conflit
avec les parties de sport que même les prêtres ne veulent pas manquer. Les gens ne sont plus intéressés parce que
les prêtres ne montrent pas de zèle pour cette façon si importante de glorifier
Dieu en chantant ses louanges et en sanctifiant le dimanche. Un jour, un prêtre me dit qu’après sa
retraite il a fait un appel ardent pour une meilleure assistance aux Vêpres,
avec le résultat très consolant que l’église était pleine de monde. Et maintenant? Il m’avoua que l’assistance était diminuée
comme avant. Je lui demande: En
avez-vous parlé encore depuis la retraite?
Il m’avoua qu’il n’en avait plus parlé.
Revenez à la charge, lui dis-je!
Le pasteur est là pour rassembler ses brebis quand elles
s’éparpillent! Après un si beau succès
le pauvre homme n’y pensait plus! Une
sottise de bien des prêtres est de raccourcir cet office le plus possible;
c’est le meilleur moyen d’éloigner les gens.
Ils ne viendront pas de bien loin pour une petite cérémonie
insignifiante. Qu’on leur donne pour leur
«argent» et ils viendront bien! Le St
Esprit les fera venir si cela vaut la peine!…
Ce
que nous venons de dire des Vêpres il faut le dire des autres cérémonies du
culte; plus on abrège et moins les gens viennent… à condition évidemment qu’on
n’allonge pas indéfiniment! Il y a une
limite partout, comme on dit. Mais que
les prêtres d’abord commencent à montrer leur appréciation des cérémonies où
l’on chante la gloire de Dieu et de beaux cantiques et les fidèles prendront
leurs idées. En actions.
Comment
exprimer sa reconnaissance en action?
Voyez un enfant qui vient de recevoir une boîte de bonbons de sa mère;
il est tout radieux de joie et montre sa bonne humeur à tout le monde autour de
lui. Un enfant bien élevé est toujours
content de ce que sa mère lui donne.
Celui qui rechigne souvent n’est aimé de personne. Eh bien!
les bons chrétiens doivent agir envers Dieu comme des enfants bien
élevés. Puisque nous savons maintenant
que tout ce qui nous arrive, agréable ou non, nous vient de Dieu et est un
effet de sa bonté, nous devons toujours être de bonne humeur, la joie doit
suinter de toutes nos actions et de notre manière de nous comporter. Nous montrons alors en acte que Dieu nous
fait du bien constamment. Défions-nous
d’une spiritualité grincheuse sous prétexte d’humilité, mécontente de
Dieu. On se plaint de n’être pas assez
bon, pas assez humble, etc. Ce n’est pas
de la vertu, mais un effet de l’amour-propre blessé. Ne développons pas ce genre de spiritualité
mal élevée! Un autre moyen est de
prendre part aux fêtes liturgiques que l’Église a établies pour commémorer les
principaux bienfaits de Dieu envers nous.
Dans l’ancienne Loi Dieu lui-même a fait établir pour cette même raison,
celle de Pâques pour célébrer le bienfait de la délivrance de la servitude
d’Égypte; celle de la Pentecôte en souvenir de la Loi donnée au Sinaï; celle
des Tabernacles en souvenir de la manne tombée du ciel pendant 40 ans au
désert. Or, tous ces bienfaits n’étaient
que des figures des bienfaits de la nouvelle Loi; à plus forte raison faut-il
célébrer nos fêtes chrétiennes. Les
prêtres feraient bien d’expliquer aux fidèles tout le cycle des fêtes
chrétiennes de l’année liturgique pour leur faire mieux comprendre le plan
divin pour notre rédemption et notre sanctification et les rendre plus
reconnaissants pour tous ces bienfaits.
Quel meilleur moyen de faire servir sa mémoire à la gloire de Dieu? Dieu nous l’a donnée afin que nous les
sortions pour les admirer et en remercier Dieu souvent. Ne manquons pas de remercier Dieu pour tout
ce qu’il a donné à J-C., puisque nous devons en jouir nous-mêmes un jour au
ciel et déjà sur terre par ses mérites qu’il nous communique en proportion que
nous sommes unis à lui.
Exemples
: En voici un bien simple mais combien consolant, combien éloquent! Notre Frère Napoléon Laflamme était mourant
au Noviciat, en déc. 1917 où j’étais
Ministre. Voyant qu’il ne mangeait plus,
je lui dis que je voulais savoir s’il aimerait quelque chose en
particulier. Puisque vous insistez, me dit-il,
j’aimerais un bouillon de lièvre ou de perdrix.
Je demande à notre acheteur, le Frère Veilleux, d’essayer d’en trouver
sur le marché à Montréal. Il n’en trouva
pas. Le lendemain matin, pendant une
grosse tempête de neige voilà qu’une perdrix se jette dans la fenêtre d’une
chambre de retraitant, casse la vitre extérieure et se fait prendre entre les
deux châssis. Le Frère Houde, portier,
entend le bruit des ailes contre les vitres, entre dans la chambre et attrape
facilement la perdrix qu’il va montrer au cuisinier, le Frère Souligny, qui dit
tout de suite: Je vais la faire cuire pour le Fr. Laflamme!
J’avais averti déjà le Fr. Laflamme
qu’on n’avait pas pu en trouver en ville.
J’étais là quand on l’apporta au Frère et je lui dis comment on l’avait
trouvée. Il leva les yeux au ciel avec
les bras en disant: Mon Dieu, que vous êtes bon! Voilà la paie du bon Dieu! Quelle merveille de bonté d’avoir écouté un
simple caprice d’un vieux mourant qui pourrait à peine en prendre une
bouchée! Pour ce cri de reconnaissance
Dieu a fait ce miracle de bonté. Comme
la reconnaissance le touche! C’est
encore ce bon vieux qui me demanda à ses derniers instants une question sotte
apparemment, si elle ne montrait pas son immense désir de remercier Dieu. «Mon Père, pensez-vous que l’éternité va être
assez longue pour que j’aie le temps de remercier Dieu pour tout ce qu’il a
fait pour moi?» Il expira peu après. En
voilà un qui ne sera pas en peine dans l’éternité! Et de son éternité! Quelle leçon pour nous tous, même
Prêtres! Sont-ils nombreux ceux qui avec
toute leur science théologique ont su apprécier les bienfaits divins comme ce
Frère coadjuteur?
Thérèse
de l’Enfant Jésus demande au bon Dieu de la neige pour sa prise d’habit, le 10
janvier. Or, la veille une température
très douce ne lui donnait aucune espérance d’en avoir. Cependant, elle eut sa neige! La terre s’était couverte d’un beau manteau
blanc comme le sien. C’était un caprice
d’enfant, mais Dieu l’exauça pour ce cri de reconnaissance vers Dieu quand elle
vit la neige.
L’Hospice
de St Jos. Cottolengo à Turin, en Italie
est sûrement le meilleur exemple de ce que la reconnaissance peut obtenir de
Dieu. Sans revenus fixes, sans
comptabilité, depuis plus d’un siècle.
Je l’ai visité deux fois, en 1919 et en 1938. Elles ne veulent même pas savoir combien de
malades et d’infirmes de toutes sortes on peut héberger. Il doit y avoir autour de 15,000 infirmes et
près de 3,000 religieuses et religieux pour en prendre soin. En 20 ans, elles ont fait de grandes
améliorations bien modernes. On voit que
tout se fait sans calcul aucun. J’ai
passé quelque temps à la cuisine pour voir tout ce qui peut passer là chaque
jour. C’est inconcevable! Il fallait les voir servir les gens à pleines
assiettes… comme Dieu seul peut servir ses pauvres infirmes! L’église centrale est toujours pleine de
monde qui prient constamment et qui remercient Dieu pour tout ce qu’il fait
pour l’hospice. Tous les autres prient
partout et toujours: à la cuisine, au lavoir ou buanderie, à la cordonnerie,
aux champs, etc. Quelle leçon pour nos
chrétiens païens qui comptent sur leurs fameux procureurs ou économes! Chez Cottolengo, on refuse seulement ceux qui
sont capables de payer! Nos païens ne
refusent que ceux qui ne peuvent pas payer.
On calcule du matin au soir tous les sous qui rentrent et qui sortent;
on balance ses livres tous les soirs; tout le fondement des Communautés est à
la Procure! Mais ces chargés d’affaires
et leurs protégés aussi païens qu’eux, n’ont à peu près jamais le temps de
tenir compagnie à N.S. à la chapelle ou
à l’église; on ne remercie jamais ou très peu; on charge les lampions de faire
ce devoir personnel… et encore!… Les membres sont habitués de se fier aux
procureurs et très peu prennent sur eux de remercier Dieu personnellement pour
tout ce qu’il leur accorde. On a beau
faire la cour aux riches, les courir, les encenser, augmenter les prix… les
dettes aussi augmentent…! Et les gens
critiquent contre tous ces quêteurs et quêteuses… Il est notoire que ce sont
les procureurs qui avaient la plus grande réputation, qui ont mis les
communautés en dette. Dieu veut montrer
qu’il ne faut compter que sur lui. Quand
même que chaque membre n’a rien à faire à la procure, il doit savoir que c’est
pour lui ou pour elle que Dieu donne à la Communauté; alors c’est un devoir
individuel de chaque membre de remercier Dieu constamment pour tout ce qu’il
fait pour la Communauté. C’est la même
vérité pour les familles. Messes
d’action de grâces sont un moyen merveilleux de remercier Dieu puisque nous
nous associons à J-C. lui-même s’offrant
à son Père en action de grâces. Il est
bon même de les faire dire avant de recevoir les bienfaits. Dieu aime cette confiance qu’on met en
lui. Voici des faits dont j’ai été
témoin. Je missionnais à Winooski, dans
le Vermont, en mars 1930. Sur 8 moulins,
il n’y en avait qu’un en fonction, en activité.
En parlant de la reconnaissance, je conseillai aux femmes à qui je
prêchais cette semaine-là de former un petit comité parmi elles pour aller
quêter des messes d’action de grâces pour l’ouvrage que Dieu leur avait déjà
donné et pour celui qu’il leur donnerait dans l’avenir. Je suggérai au moins 50 messes pour le passé
et 50 pour l’avenir. Il y avait autour
de 800 familles dans la paroisse. Elles
commencèrent un mardi matin à quêter. À
onze heures, le Gérant de N.Y. téléphone
de fermer le seul moulin qui marchait, parce qu’il n’avait plus de commande!…
et moi qui avais promis en pleine chaire qu’ils auraient de l’ouvrage! Les femmes arrivent au presbytère pour
m’annoncer la nouvelle et me dire que les gens riaient d’elles et de moi! qu’elles ne pouvaient plus continuer de
quêter dans ces circonstances.
Souvent
c’est un truc de Dieu de faire tout le contraire de ce qu’on veut pour exciter
plus de foi en nous. Après leur avoir
donné une bonne injection de surnaturel je leur demande de retourner et
d’offrir à Dieu leur humiliation et les moqueries des autres pour le succès de
leur quête. Les braves femmes retournent
et le samedi matin, elles reviennent au presbytère avec $100.00 comme je
l’avais demandé, qu’elles donnèrent au Curé.
À
onze heures ce jour-là le Gérant téléphone de N.Y. d’ouvrir les 8 moulins à cause des grosses
commandes qu’il venait de recevoir!… Deux ans après je rencontre le Curé qui me
félicite sur le bon moyen que j’avais pris pour leur faire avoir de l’ouvrage:
les moulins avaient fonctionné nuit et jour pendant un an. Et maintenant, combien? Un seul, dit-il. Je lui demande s’il avait fait quêter encore
pour des messes d’action de grâces. Il
me dit que non! Le païen! Pourquoi n’a-t-il pas fait la même
chose? Et ceux qui liront ces pages
feront-ils mieux que lui? Comme les gens
sont païens d’un travers à l’autre!
Comme ils ont la tête dure pour les choses surnaturelles! L’année suivante toute cette affaire se
répète à Kénogami. Les moulins
fonctionnèrent pendant un an nuit et jour.
Je rencontre le Curé très content de ce que j’avais obtenu de Dieu tant
d’ouvrage pour sa paroisse. Puis
maintenant? Un seul moulin
marchait. Avez-vous demandé des messes
d’action de grâces pour la 2ème année?
Non! Encore un païen! Est-ce que les cultivateurs ne sèment pas à
tous les ans afin de récolter tous les ans… et quel dommage que les prêtres ne
le sachent pas! Qu’ils ne le disent pas aux
fidèles! Comme Dieu les bénirait tous
s’ils savaient comment le remercier régulièrement comme Dieu leur donne ses
biens régulièrement. Si les pauvres
faisaient dire leurs messes d’action de grâces, comme ils sortiraient vite de
leur misère! Que d’épreuves on
s’épargnerait si on payait celui qui travaille pour nous constamment! Où est celui qui travaille sans salaire? Eh bien!
Dieu n’est pas plus imbécile que les hommes; il cesse de travailler pour
nous quand nous ne le payons plus!… Voici encore un bel exemple de donner de la
gloire à Dieu seul. Sur le Mont
Cariathiarim, en Palestine, où l’arche d’alliance est restée quelques années,
une religieuse française, Sr Joséphine, si je me rappelle bien son nom, décide
de bâtir une église à cet endroit. Or,
les Musulmans ne voulaient rien lui vendre.
Elle déposa des médailles miraculeuses aux pieds des arbres et les
acheta un par un pratiquement et finalement elle eut son terrain. Il lui restait deux mille francs pour une
église d’un million… Pour qu’il ne soit pas dit qu’elle ait contribué un franc
à cette église et pour laisser toute la gloire à Dieu, elle donna aux pauvres
ses 2,000 francs. Sa reconnaissance
irait nécessairement à Dieu seul si elle parvenait à bâtir son église. Eh bien!
Le Curé me disait qu’il recevait des aumônes par milliers de frs et
toute l’église fut payée en la finissant.
Quelle foi il fallait pour agir de la sorte! Combien de nos procureurs prendraient ce
moyen de vider leurs caisses dans les mains des pauvres avant de construire un
édifice quelconque? On voit là le souci
de donner à Dieu toute sa reconnaissance et sa gloire.
On
voit que s’il y avait plus de surnaturel dans le clergé et dans les
communautés, il y aurait moins de dettes chez tous! Ce n’est que lorsqu’on cherche le royaume de
Dieu et sa sainteté qu’il donne le reste.
Comme il ne donne pas toujours le reste, c’est donc que peu recherchent
la sainteté de Dieu. Quand les
communautés sont ferventes, les biens nécessaires arrivent abondamment; à
mesure que le surnaturel s’en va les dettes s’en viennent!
Que
tous les prêtres se mettent à prêcher la reconnaissance à tous les fidèles et
qu’ils leur montrent comment la pratiquer dans le concret de la vie ou par des
actes. Tous les parents devraient
ensuite l’enseigner dans la famille pour que chaque enfant sache comment la
pratiquer. Qu’on leur enseigne comment
faire des actes de reconnaissance et qu’ils économisent sur leur argent de
poche pour faire dire quelques messes au lieu de gaspiller en bonbons et en
vues animées. Voilà une bonne formation
qui assurerait l’avenir des enfants.
Quand on visite les pauvres, qu’on les sonde sur la reconnaissance
envers Dieu, qu’on leur demande s’ils font dire des messes d’action de grâces
et combien souvent? Quand de grands
enfants vont mal, qu’on demande aux parents s’ils ont fait dire des messes
d’action de grâces et s’ils ont demandé à leurs enfants de le faire? Jamais ils n’ont pensé à cela. Ils n’ont jamais payé Dieu, il cesse de
travailler pour eux et tout va mal dans la famille… pratiquons et enseignons la
reconnaissance à tout le monde!…
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