À tous les
fidèles de Jésus-Christ, salut et Bénédiction Apostolique.
Élevé par la
divine Providence au plus haut degré de l'apostolat, tout indigne que Nous en
sommes, selon le devoir de la surveillance pastorale qui Nous est confiée, Nous
avons, constamment secouru par la grâce divine, porté notre attention avec tout
le zèle de notre sollicitude, sur ce qui, en fermant l'entrée aux erreurs et
aux vices, peut servir à conserver avant tout l'intégrité de la religion
orthodoxe, et à bannir du monde catholique, dans ces temps si difficiles, les
risques de troubles.
Nous avons appris,
par la rumeur publique, qu'il se répand à l'étranger, faisant chaque jour de
nouveaux progrès, certaines sociétés, assemblées, réunions, agrégations ou
conventicules, appelés communément du nom de Francs-Maçons ou d'autres noms
selon la variété des langues, dans lesquels des hommes de toute religion et de
toute secte, affectant une apparence d'honnêteté naturelle, se lient entre eux
par un pacte aussi étroit qu'impénétrable, d'après des lois et des statuts
qu'ils se sont faits, et s'engagent par serment prêté sur la Bible, et sous les
peines les plus graves, à couvrir d'un silence inviolable tout ce qu'ils font
dans l'obscurité du secret.
Mais comme telle
est la nature du crime qu'il se trahit lui-même en poussant des cris qui le
font découvrir et le dénoncent, les sociétés ou conventicules susdits ont fait
naître de si forts soupçons dans l'esprit des fidèles, que s'enrôler dans ces
sociétés c'est, auprès des personnes de probité et de prudence, s'entacher de
la marque de perversion et de méchanceté; car s'ils ne faisaient point de mal,
ils ne haïraient pas ainsi la lumière; et ce soupçon s'est tellement accru que,
dans plusieurs États, ces dites sociétés ont été, depuis longtemps déjà,
proscrites et bannies comme contraires à la sûreté des royaumes.
C'est pourquoi,
Nous, réfléchissant sur les grands maux qui résultent ordinairement de ces
sortes de sociétés ou conventicules, non seulement pour la tranquillité des
États temporels, mais encore pour le salut des âmes, et voyant que par là elles
ne peuvent nullement s'accorder avec les lois civiles et canoniques; et comme
les oracles divins Nous font un devoir de veiller nuit et jour en fidèle et
prudent serviteur de la famille du Seigneur pour que ce genre d'hommes, tels
des voleurs, ne percent la maison, et tels des renards, ne travaillent à
démolir la vigne, ne pervertissent le cœur des simples et ne le transpercent
dans le secret de leurs dards envenimés; pour fermer la voie très large qui de
là pourrait s'ouvrir aux iniquités qui se commettraient impunément, et pour
d'autres causes justes et raisonnables de Nous connues, de l'avis de plusieurs
de nos vénérables frères Cardinaux de la Sainte Église Romaine, et de Notre
propre mouvement, de science certaine, après mûre délibération et de Notre
plein pouvoir apostolique, Nous avons conclu et décrété de condamner et
d'interdire ces dites sociétés, assemblées, réunions, agrégations ou
conventicules appelés du nom de Francs-Maçons, ou connus sous toute autre
dénomination, comme Nous les condamnons et les défendons par Notre présente
constitution, valable à perpétuité.
C'est pourquoi
Nous défendons sévèrement et en vertu de la sainte obéissance, à tous et à
chacun des fidèles de Jésus-Christ, de quelque état, grade, condition, rang,
dignité et prééminence qu'ils soient, laïcs ou clercs, séculiers ou réguliers
méritant même une mention particulière, d'oser ou de présumer, sous quelque
prétexte, sous quelque couleur que ce soit, d'entrer dans les dites sociétés de
Francs-Maçons ou autrement appelées, ni de les propager, les entretenir, les
recevoir chez soi; ni de leur donner asile ou protection, y être inscrits,
affiliés, y assister ni leur donner le pouvoir ou les moyens de s'assembler,
leur fournir quelque chose, leur donner conseil, secours ou faveur ouvertement
ou secrètement, directement ou indirectement, par soi ou par d'autres, de
quelque manière que ce soit, comme aussi d'exhorter les autres, les provoquer,
les engager à se faire inscrire à ces sortes de sociétés, à s'en faire membres,
à y assister, à les aider et entretenir de quelque manière que ce soit, ou les
conseiller: et Nous leur ordonnons absolument de se tenir strictement à l'écart
de ces sociétés, assemblées, réunions, agrégations ou conventicules, et cela
sous peine d'excommunication à encourir par tous les contrevenants désignés
ci-dessus, ipso facto et sans autre déclaration, excommunication de laquelle
nul ne peut recevoir le bienfait de l'absolution par nul autre que Nous, ou le
Pontife Romain qui nous succèdera, si ce n'est à l'article de la mort.
Nous voulons de
plus et mandons que les Évêques comme les Prélats supérieurs et autres
Ordinaires des lieux, que tous les Inquisiteurs de l'hérésie fassent
information et procèdent contre les transgresseurs, de quelque état, grade,
condition, rang, dignité ou prééminence qu'ils soient, les répriment et les
punissent des peines méritées, comme fortement suspects d'hérésie; car Nous
leur donnons, et à chacun d'eux, la libre faculté d'instruire et de procéder
contre lesdits transgresseurs, de les réprimer et punir des peines qu'ils
méritent, en invoquant même à cet effet, s'il le faut, le secours du bras
séculier. Nous voulons aussi qu'on ajoute aux copies des présentes, même
imprimées, signées de la main d'un notaire public, et scellées du sceau d'une
personne constituée en dignité ecclésiastique, la même foi que l'on ajouterait
aux présentes, si elles étaient représentées ou montrées en original.
Qu'il ne soit
permis à aucun homme d'enfreindre ou de contrarier, par une entreprise
téméraire, cette Bulle de notre déclaration, condamnation, mandement,
prohibition et interdiction. Si quelqu'un ose y attenter, qu'il sache qu'il
encourra l'indignation du Dieu Tout-Puissant, et des bienheureux apôtres
S.Pierre et S.Paul.
Donné à Rome,
près Sainte-Marie Majeure, l'an de l'Incarnation de Notre Seigneur MDCCXXXVIII,
le IV des Calendes de Mai (28 avril), la VIIIe année de Notre Pontificat. »
Clement XII,
Pape
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