(*Note hors texte : bien que cette encyclique ne mentionne pas explicitement la franc-maçonnerie, Pie IX la cite comme faisant partie intégrante des enseignements des papes sur la franc-maçonnerie, dans sa propre encyclique Quamquam dolores du 29 mai 1873)
Nous qui, depuis un
nombre d’années assez considérable, Nous livrions comme Vous, selon toute la
mesure de Nos forces, à l’accomplissement de cette charge épiscopale si pleine
de travaux et de sollicitude de tout genre ; Nous, qui Nous efforcions de
diriger et de conduire sur les monts d’Israël, aux bords des eaux vives, dans
les pâturages les plus féconds, la portion du troupeau du Seigneur confiée à
Nos soins ; Nous voici, par la mort de Grégoire XVI, notre très illustre
prédécesseur, et dont la postérité, saisie d’admiration pour sa mémoire, lira
les glorieux actes inscrits en lettres d’or dans les fastes de l’Église ; Nous
voici porté au faîte du Suprême Pontificat, par un dessein secret de la divine
Providence, non seulement contre toute prévision et toute attente de Notre
part, mais au contraire avec l’effroi et la perturbation extrêmes qui alors
saisirent Notre âme. Si, en effet, et à toutes les époques, le fardeau du
ministère apostolique a été et doit être toujours justement considéré comme
extrêmement difficile et périlleux, c’est bien certainement de nos jours et de
notre temps, si remplis de difficultés pour l’administration de la république
chrétienne, qu’on doit le regarder comme extrêmement redoutable. Aussi, bien
pénétré de Notre propre faiblesse, au premier et seul aspect des imposants
devoirs de l’Apostolat suprême, surtout dans la conjoncture si difficile des
circonstances présentes, Nous nous serions abandonné entièrement aux larmes et
à la plus profonde tristesse, si Nous n’avions promptement fixé toute Notre
espérance en Dieu. notre salut, qui ne laisse jamais défaillir ceux qui
espèrent en Lui, et qui, d’ailleurs, jaloux de montrer de temps à autre sa
toute puissance, se plaît à choisir pour gouverner son Église les instruments
les plus faibles, afin que de plus en plus tous les esprits soient amenés à
reconnaître que c’est Dieu Lui-même, par son admirable Providence, qui gouverne
et défend son Église. D’ailleurs, ce qui Nous console et soutient aussi
considérablement notre courage, Vénérables Frères, c’est que, en travaillant au
salut des âmes, Nous pouvons Vous compter comme Nos associés et Nos
coadjuteurs, Vous qui, par vocation, partagez Notre sollicitude, et Vous efforcez,
par Votre zèle et Vos soins sans mesure, de remplir Votre saint ministère et de
soutenir le bon combat.
Assis, malgré Notre
peu de mérite, sur ce siège suprême du prince des apôtres, à peine avons Nous
reçu en héritage, dans la personne du bienheureux apôtre Pierre, cette charge
si auguste et si grave, divinement accordée par le prince éternel au souverain
de tous les pasteurs, de paître et de gouverner, non seulement les agneaux,
c’est-à-dire tout le peuple chrétien, mais aussi les brebis, c’est-à-dire les
chefs du troupeau eux-mêmes ; non, rien certainement n’a plus vivement excité
Nos vœux et Nos désirs les plus pressants, que de Vous adresser les paroles qui
Nous sont suggérées par les plus intimes sentiments de notre affection.
C’est pourquoi, venant
à peine de prendre possession du suprême pontificat dans notre basilique de
Latran, selon l’usage et l’institution de nos prédécesseurs, sur le champ Nous
Vous adressons les présentes lettres dans le but d’exciter encore Votre piété,
déjà si éminente ; et afin que, par un surcroît de promptitude, de vigilance et
d’effort, Vous souteniez les veilles de la nuit autour du troupeau confié à vos
soins, et que, déployant la vigueur et la fermeté épiscopales dans le combat
contre le plus terrible ennemi du genre humain, vous soyez pour la maison
d’Israël cet infranchissable rempart qu’offrent seuls les valeureux soldats de
Jésus Christ.
Personne d’entre vous
n’ignore, Vénérables Frères, dans notre époque déplorable, cette guerre si
terrible et si acharnée qu’à machinée contre l’édifice de la foi catholique
cette race d’hommes qui unis entre eux par une criminelle association, ne
pouvant supporter la saine doctrine, fermant l’oreille à la vérité, ne
craignent pas d’exhumer du sein des ténèbres, où elles étaient ensevelies, les
opinions les plus monstrueuses, qu’ils entassent d’abord de toutes leurs
forces, qu’ils étalent ensuite et répandent dans tous les esprits à la faveur
de la plus funeste publicité. Notre âme est saisie d’horreur, et Notre cœur
succombe de douleur, lorsque Nous nous rappelons seulement à la pensée toutes
ces monstruosités d’erreurs, toute la variété de ces innombrables moyens de
procurer le mal ; toutes ces embûches et ces machinations par lesquelles ces
esprits ennemis de la lumière se montrent artistes si habiles à étouffer dans
toutes les âmes le saint amour de la piété, de la justice et de l’honnêteté ;
comment ils parviennent si promptement à corrompre les mœurs, à confondre ou à
effacer les droits divins et humains, à saper les bases de la société civile, à
les ébranler, et, s’ils pouvaient arriver jusque là, à les détruire de fond en
comble.
Car, Vous le savez
bien, Vénérables Frères, ces implacables ennemis du nom chrétien, tristement
entraînés par on ne sait quelle fureur d’impiété en délire, ont poussé l’excès
de leurs opinions téméraires à ce point d’audace, jusque là inouï, qu’ils
n’ouvrent leur bouche que pour vomir contre Dieu des blasphèmes ;
qu’ouvertement et par toutes les voix de la publicité, ils ne rougissent pas
d’enseigner que les sacrés mystères de notre religion sont des fables et des
inventions humaines, que la doctrine de l’Église catholique est contraire au
bien et aux intérêts de la société. Ils vont plus loin encore : ils ne
redoutent pas de nier le Christ et jusqu’à Dieu Lui-même. Pour fasciner encore
plus aisément les peuples, pour tromper surtout les esprits imprévoyants et les
ignorants, et les entraîner avec eux dans les abîmes de l’erreur, ils osent se
vanter d’être les seuls en possession de la connaissance des véritables sources
de la prospérité ; ils n’hésitent pas à s’arroger le nom de philosophes, comme
si la philosophie, dont l’objet est de rechercher et d’étudier la vérité de
l’ordre naturel, devait rejeter avec dédain tout ce que le Dieu suprême et très
clément, l’auteur de toute la nature, par un effet spécial de sa bonté et de sa
miséricorde, a daigné manifester aux hommes pour leur véritable bonheur et pour
leur salut.
C’est pour cela
qu’employant une manière de raisonner déplacée et trompeuse, ils ne cessent
d’exalter la force et l’excellence de la raison humaine, de vanter sa
supériorité sur la foi très sainte en Jésus Christ, et qu’ils déclarent
audacieusement que cette foi est contraire à la raison humaine. Non, rien ne
saurait être imaginé ou supposé de plus insensé, de plus impie et de plus
contraire à la raison elle-même.
Car, bien que la foi
soit au-dessus de la raison, jamais on ne pourra découvrir qu’il y ait
opposition et contradiction entre elles deux; parce que l’une et l’autre
émanent de ce Dieu très excellent et très grand, qui est la source de la vérité
éternelle. Elles se prêtent bien plutôt un tel secours mutuel que c’est
toujours à la droite raison que la vérité de la foi emprunte sa démonstration,
sa défense et son soutien les plus sûrs ; que la foi, de son côté, délivre la
raison des erreurs qui l’assiègent, qu’elle l’illumine merveilleusement par la
connaissance des choses divines, la confirme et la perfectionne dans cette
connaissance.
Les ennemis de la
révélation divine, Vénérables Frères, n’ont pas recours à des moyens de
tromperie moins funestes lorsque, par des louanges extrêmes, ils portent
jusqu’aux nues les progrès de l’humanité. Ils voudraient, dans leur audace
sacrilège, introduire ce progrès jusque dans l’Église catholique : comme si la
religion était l’ouvrage non de Dieu, mais des hommes, une espèce d’invention
philosophique à laquelle les moyens humains peuvent surajouter un nouveau degré
de perfectionnement.
Jamais hommes si
déplorablement en délire ne méritèrent mieux le reproche que Tertullien
adressait aux philosophes de son temps : « Le christianisme que vous mettez en
avant, n’est autre que celui des stoïciens, des platoniciens et des
dialecticiens ».
En effet, notre très
sainte religion n’ayant pas été inventée par la raison, mais directement
manifestée aux hommes par Dieu, tout le monde comprend aisément que cette
religion, empruntant toute sa force et sa vertu de l’autorité de la Parole de
Dieu Lui-même, n’a pu être produite et ne saurait être perfectionnée par la
simple raison. Donc, pour que la raison humaine ne se trompe ni ne s’égare dans
une affaire aussi grave et de cette importance, il faut qu’elle s’enquière
soigneusement du fait de la révélation, afin qu’il lui soit démontré, d’une
manière certaine, que Dieu a parlé, et qu’en conséquence, selon le très sage
enseignement de l’apôtre, elle lui doit une soumission raisonnable. Mais qui
donc ignore ou peut ignorer que, lorsque Dieu parle, on lui doit une foi
entière, et qu’il n’y a rien de plus conforme à la raison elle-même, que de
donner son assentiment et de s’attacher fortement aux vérités incontestablement
révélées par Dieu, qui ne peut ni tromper ni se tromper ?
Et combien nombreuses,
combien admirables, combien splendides sont les preuves par lesquelles la
raison humaine doit être amenée à cette conviction profonde : que la religion
de Jésus Christ est divine, et qu’elle a reçu du Dieu du ciel la racine et le
principe de tous ses dogmes, et que par conséquent il n’y a rien au monde de
plus certain que notre foi, rien de plus sûr ni de plus vénérable et qui
s’appuie sur des principes solides. C’est cette foi qui est la maîtresse de la
vie, le guide du salut, le destructeur de tous les vices, la mère et la
nourrice féconde de toutes les vertus ; consolidée par la naissance, la vie, la
mort, la résurrection, la sagesse, les prodiges et les prophéties de son divin
auteur et consommateur, Jésus Christ; répandant de tous côtés l’éclat de sa
doctrine surnaturelle, enrichie des trésors inépuisables et vraiment célestes
de tant de prophéties inspirées à ses prophètes, du resplendissant éclat de ses
miracles, de la constance de tant de martyrs, de la gloire de tant de saints
personnages. De plus en plus insigne et remarquable, elle porte partout les
lois salutaires de Jésus Christ ; et de jour en jour acquérant et puisant sans
cesse de nouvelles forces dans les persécutions les plus cruelles, armée du
seul étendard de la croix, elle conquiert l’univers entier, et la terre et la
mer, depuis le levant jusqu’au couchant ; et, après avoir renversé les
trompeuses idoles, dissipé les ténèbres épaisses de l’erreur, triomphé des
ennemis de toute espèce, elle a répandu les bienfaisants rayons de sa lumière
sur tous les peuples, sur toutes les nations et sur tous les pays, quel que fût
le degré de férocité de leurs mœurs, de leur naturel et de leur caractère
barbare, les courbant sous le joug si suave de Jésus Christ, et annonçant à
tous la paix et le bonheur.
Certes, toutes ces
magnificences resplendissent assez de toute part de l’éclat de la puissance et
de la sagesse divine, pour que toute pensée et toute intelligence puissent
saisir promptement et comprendre facilement que la foi chrétienne est l’œuvre
de Dieu.
Donc, d’après ces
splendides et inattaquables démonstrations, la raison humaine est amenée à ce
point qui l’oblige à reconnaître clairement et manifestement que Dieu est
l’auteur de cette même foi ; la raison humaine ne saurait s’avancer au-delà ;
mais, rejetant et écartant toute difficulté et tout doute, elle doit à cette
même foi une soumission sans réserve, puisqu’elle est elle-même assurée que
tout ce que la foi propose aux hommes de croire et de pratiquer, tout cela
vient de Dieu.
On voit donc manifestement
dans quelle erreur profonde se roulent ces esprits qui, abusant de la raison et
regardant les oracles divins comme des produits de l’homme, osent les soumettre
à l’arbitrage de leur interprétation particulière et téméraire. Puisque Dieu
Lui-même a établi une autorité vivante, laquelle devait fixer et enseigner le
véritable et légitime sens de sa révélation céleste, et mettrait fin, par son
jugement infaillible, à toutes les controverses soit en matière de foi, soit en
matière de mœurs, et tout cela afin que les fidèles ne fussent pas entraînés à
tout vent dans les fausses doctrines, ni enveloppés dans les immenses filets de
la malice et des aberrations humaines. Cette autorité vivante et infaillible
n’est en vigueur que dans cette seule Église que Jésus Christ a établie sur
Pierre, le chef, le prince et le pasteur de toute l’Église, auquel il a promis
que sa foi ne serait jamais en défaillance ; l’Église constituée de manière
qu’elle a toujours à sa tête et dans sa chaire immuable ses Pontifes légitimes,
lesquels remontent, par une succession non interrompue, jusqu’à l’apôtre
Pierre, et jouissent comme lui du même héritage de doctrine, de dignité,
d’honneur et de puissance sans rivale. Et comme là où est Pierre, là est
l’Église ; comme Pierre parle par la bouche du Pontife romain, qu’il est
toujours vivant dans ses successeurs, qu’il exerce le même jugement, et
transmet la vérité de la foi à ceux qui la demandent, il s’ensuit que les
divins enseignements doivent être acceptés dans le même sens qu’y attache et y
a toujours attaché cette Chaire romaine, Siège du bienheureux Pierre, la mère
et la maîtresse de toutes les Églises, qui a toujours conservé inviolable et
entière la foi donnée par le Seigneur Jésus Christ ; qui l’a toujours enseignée
aux fidèles, leur montrant à tous le chemin du salut et l’incorruptible
doctrine de la Vérité.
Cette Église est donc
l’Église principale où l’unité sacerdotale a pris son origine, elle est la
métropole de la piété, et dans laquelle reste toujours entière et parfaite la
solidité de la religion chrétienne ; toujours on y a vu florissant le Principat
de la Chaire apostolique vers laquelle toute l’Église, c’est-à-dire tous les
fidèles répandus sur la terre doivent nécessairement accourir, à raison de sa
principauté suréminente, Église sans laquelle quiconque ne recueille pas,
disperse.
Nous donc qui avons
été placé, par un impénétrable jugement de Dieu, sur cette Chaire de Vérité,
nous venons exciter très vivement dans le Seigneur votre piété si remarquable,
Vénérables Frères, afin que Vous renouveliez tous vos efforts, Votre
sollicitude et Vos soins, avertissant et exhortant continuellement tous les
fidèles confiés à Votre vigilance, que chacun d’eux, fermement attaché à ces
principes, ne se laisse jamais tromper ni attirer par l’erreur de ces hommes
abominables dans leurs recherches, qui ne s’appliquent, en cette étude et dans
la poursuite du progrès humain, qu’à la destruction de la foi, qui ne veulent,
dans leurs efforts impies, que soumettre cette foi à la raison de l’homme, et
ne reculent pas devant l’audace de faire injure à Dieu Lui-même, après qu’Il a
daigné, dans sa clémence et par Sa divine religion, pourvoir au bien et au
salut des hommes.
Mais Vous connaissez
encore aussi bien, Vénérables Frères, les autres monstruosités de fraudes et
d’erreurs par lesquelles les enfants de ce siècle s’efforcent chaque jour de
combattre avec acharnement la religion catholique et la divine autorité de
l’Église, ses lois non moins vénérables ; comment ils voudraient fouler également
aux pieds les droits de la puissance sacrée et de l’autorité civile. C’est à ce
but que tendent ces criminels complots, contre cette Église romaine, siège du
bienheureux Pierre, et dans laquelle Jésus Christ a placé l’indestructible
fondement de toute son Église. Là tendent toutes ces sociétés secrètes sorties
du fond des ténèbres pour ne faire régner partout, dans l’ordre sacré et
profane, que les ravages et la mort ; sociétés clandestines si souvent
foudroyées par l’anathème des Pontifes romains nos prédécesseurs dans leurs
Lettres apostoliques, lesquelles Nous voulons en ce moment même confirmer et
très exactement recommander à l’observation par la plénitude de Notre puissance
apostolique.
C’est encore le but
que se proposent ces perfides sociétés bibliques, lesquelles, renouvelant les
artifices odieux des anciens hérétiques, ne cessent de produire contre les
règles si sages de l’Église, et de répandre parmi les fidèles les moins
instruits les livres des saintes Écritures traduits en toute espèce de langues
vulgaires, et souvent expliquées dans un sens pervers, consacrant à la
distribution de ces milliers d’exemplaires des sommes incalculables, les
répandant partout gratuitement, afin qu’après avoir rejeté la tradition, la
doctrine des Pères et l’autorité de l’Église catholique, chacun interprète les
oracles divins selon son jugement propre et particulier, et tombe ainsi dans
l’abîme des plus effroyables erreurs. Animé d’une juste émulation du zèle et
des saints exemples de ses prédécesseurs, Grégoire XVI, de sainte mémoire, et
dont Nous avons été constitué le successeur, malgré l’infériorité de Notre
mérite, a condamné par ses Lettres apostoliques les mêmes sociétés secrètes que
Nous entendons aussi déclarer condamnées et flétries par Nous.
C’est encore au même
but que tend cet horrible système de l’indifférence en matière de religion,
système qui répugne le plus à la seule lumière naturelle de la raison. C’est
par ce système, en effet, que ces subtils artisans de mensonge, cherchent à
enlever toute distinction entre le vice et la vertu, entre la vérité et
l’erreur, entre l’honneur et la turpitude, et prétendent que les hommes de tout
culte et de toute religion peuvent arriver au salut éternel : comme si jamais
il pouvait y avoir accord entre la justice et l’iniquité, entre la lumière et
les ténèbres, entre Jésus Christ et Bélial.
C’est à ce même but
encore que tend cette honteuse conjuration qui s’est formée nouvellement contre
le célibat sacré des membres du clergé, conspiration qui compte, ô douleur ! parmi
ses fauteurs quelques membres de l’ordre ecclésiastique, lesquels, oubliant
misérablement leur propre dignité, se laissent vaincre et séduire par les
honteuses illusions et les funestes attraits de la volupté. C’est là que tend
ce mode pervers d’enseignement, spécialement celui qui traite des sciences
philosophiques, et par lequel, d’une manière si déplorable, on trompe et l’on
corrompt une imprévoyante jeunesse, lui versant le fiel du dragon dans la coupe
de Babylone. à ce même but tend cette exécrable doctrine destructrice même du
droit naturel et qu’on appelle le communisme, laquelle, une fois admise, ferait
bientôt disparaître entièrement les droits, les intérêts, les propriétés et
jusqu’à la société humaine ; là tendent aussi les embûches profondément
ténébreuses de ceux qui cachent la rapacité du loup sous la peau de la brebis,
s’insinuent adroitement dans les esprits, les séduisent par les dehors d’une
piété plus élevée, d’une vertu plus sévère ; les liens qu’ils imposent sont à
peine sensibles, et c’est dans l’ombre qu’ils donnent la mort ; ils détournent
les hommes de toute pratique du culte ; quand ils ont égorgé les brebis du
Seigneur, ils en déchirent les membres.
C’est là enfin, pour
ne point énumérer ici tous les maux qui Vous sont si bien connus, c’est à ce
but funeste que tend cette contagion exécrable de petits livres et de volumes
qui pleuvent de toutes parts, enseignant la pratique du mal ; composés avec
art, pleins d’artifice et de tromperie, répandus à grands frais dans tous les
lieux de la terre, pour la perte du peuple chrétien, ils jettent partout les
semences des funestes doctrines, font pénétrer la corruption, surtout dans les
âmes des ignorants, et causent à la religion les pertes les plus funestes. Par
suite de cet effroyable débordement d’erreurs partout répandues, et aussi par
cette licence effrénée de tout penser, de tout dire, et de tout imprimer, les
mœurs publiques sont descendues à un effroyable degré de malice ; la très
sainte religion de Jésus Christ est méprisée ; l’auguste majesté du culte divin
dédaignée ; l’autorité du saint Siège apostolique renversée ; le pouvoir de
l’Église sans cesse attaqué et réduit aux proportions d’une humiliante
servitude ; les droits de évêques foulés aux pieds, la sainteté du mariage violée,
l’administration de l’une et de l’autre puissance universellement ébranlée ;
tels sont entre autres, Vénérables Frères, les maux qui dévorent la société
civile et religieuse, et que Nous sommes obligé de déplorer aujourd’hui en
mêlant Nos larmes avec les Vôtres.
Au milieu donc de ces
grandes vicissitudes de la religion, des événements et des temps, vivement
préoccupé du salut de tout le troupeau divinement confié à Nos soins, dans
l’accomplissement de la charge de Notre ministère apostolique, soyez assurés
que Nous n’omettrons ni tentatives, ni efforts pour assurer le bien spirituel
de la famille entière des chrétiens. Nous venons cependant exciter aussi dans
le Seigneur toute l’ardeur de Votre piété, déjà si remarquable, toute Votre
vertu et toute Votre prudence.
Comme Nous, appuyés
sur le secours d’en haut, défendez avec Nous et valeureusement, Vénérables
Frères, la cause de l’Église, fermes au poste qui Vous est confié, et soutenant
la dignité qui Vous distingue. Vous comprenez que la combat sera rude, car Vous
n’ignorez point le nombre et la profondeur des blessures qui accablent l’Épouse
Immaculée de Jésus Christ, et quelles dévastations terribles ses ennemis
acharnés lui font éprouver.
Or, Vous savez
parfaitement que le premier devoir de Votre charge est d’employer Votre force
épiscopale à protéger et à défendre la foi catholique, à veiller avec le soin
le plus extrême à ce que le troupeau qui Vous est confié demeure ferme et
inébranlable dans la foi, sans la conservation entière et inviolable de laquelle
il périrait certainement pour l’éternité. Ainsi ayez donc le soin le plus grand
de défendre et de conserver cette foi selon Votre sollicitude pastorale, et ne
cessez jamais d’en instruire tous ceux qui Vous sont confiés, de confirmer les
esprits chancelants, de confondre les contradicteurs, de fortifier les faibles,
ne dissimulant ou ne souffrant rien qui puisse paraître, le moins du monde,
blesser la pureté de cette foi. Avec le même courage et la même fermeté, Vous
devez favoriser l’union et l’attachement de tous les cœurs à cette Église
catholique, hors de laquelle il n’y a point de salut ; la soumission à cette
Chaire de Pierre sur laquelle repose, comme sur le plus inébranlable fondement,
tout le majestueux édifice de notre très sainte religion. Employez la même
constance à veiller à la conservation des très saintes lois de l’Église, par
lesquelles vivent et fleurissent parfaitement la vertu, la religion et la
piété.
Mais comme c’est une
preuve incontestable de grande pitié que de signaler les ténébreux repères des
impies et de vaincre en eux le démon, leur maître, Nous Vous en conjurons,
employez toutes les ressources de Votre Zèle et de Vos travaux à découvrir aux
yeux du peuple fidèle toutes les embûches, toutes les tromperies, toutes les
erreurs, toutes les fraudes et toutes les manœuvres des impies ; détournez avec
grand soin ce même peuple de la lecture de tant de livres empoisonnés, et enfin
exhortez assidûment le peuple fidèle à fuir, comme à l’aspect du serpent, les
réunions et les sociétés impies, afin qu’il parvienne ainsi à se préserver très
soigneusement du contact de tout ce qui est contraire à la foi, à la religion
et aux bonnes mœurs.
Pour obtenir de tels
résultats, gardez Vous bien de cesser un instant de prêcher le Saint Évangile ;
car c’est une telle instruction qui fait croître le peuple chrétien dans la
science de Dieu et dans la pratique de plus en plus parfaite de la très sainte
loi du christianisme ; par là, il sera détourné du mal et marchera dans les
voies du Seigneur.
Et puisque Vous savez
que Vous remplissez la charge de Jésus Christ, lequel se déclara doux et humble
de cœur, qui vint sur la terre, non pour appeler les justes, mais les pécheurs,
nous laissant son exemple, afin que nous imitions sa vie et marchions sur ses
pas ; ne négligez jamais, toutes les fois que Vous découvrirez quelques
délinquants dans la voie des préceptes du Seigneur, et lorsque Vous les verrez
s’éloigner du sentier de la justice et de la vérité, ne négligez jamais
d’employer auprès d’eux les avertissements de la tendresse et de la mansuétude
d’un père ; et, afin de les corriger, reprenez les par de salutaires conseils ;
dans vos instances, comme dans vos reproches, employez toujours les officieuses
ressources de la bonté, de la patience et de la doctrine ; car il est démontré
que, pour corriger et réformer les hommes, la bonté a souvent plus de puissance
que la sévérité, l’exhortation l’emporte sur la menace, et la charité va plus
loin que la puissance.
Joignez encore tous
Vos efforts, Vénérables Frères, pour obtenir un autre résultat important,
savoir, que les fidèles aiment la charité, fassent régner la paix entre eux et
pratiquent avec soin tout ce qui sert à l’entretien de cette charité et de
cette paix. Par là, il n’y aura plus de dissensions, d’inimitiés ni de
rivalités, mais tous se chériront dans une mutuelle tendresse ; ils seront
parfaitement unanimes dans le même sentiment et la même vérité, la même parole,
le même goût en Jésus Christ Notre Seigneur.
Appliquez Vous à
inculquer au peuple chrétien le devoir de la soumission et de l’obéissance
vis-à-vis des princes et des gouvernements ; enseignez lui, selon le précepte
de l’Apôtre, que toute puissance vient de Dieu ; que ceux-là résistent à
l’ordre divin et méritent d’être condamnés, qui résistent à la puissance, et
que ce précepte d’obéissance vis-à-vis du pouvoir ne peut jamais être violé
sans mériter de châtiment, excepté toutefois lorsqu’il exige quelque chose de
contraire aux lois de Dieu et de l’Église.
Cependant, comme rien
n’est plus propre à disposer continuellement les âmes à la pratique de la piété
et au culte de Dieu, que la vie et les actes exemplaires de ceux qui se sont
consacrés au ministère divin, et que tels sont les prêtres, tels sont
ordinairement les peuples, Vous comprenez dans Votre éminente sagesse,
Vénérables Frères, que Vous devez employer tous Vos soins à ce que chaque
membre de Votre clergé brille par la gravité des mœurs, par la sainteté et
l’intégrité de la vie, et par la doctrine ; et à ce que les prescriptions des
saints canons et de la discipline ecclésiastique soient exactement gardées, et
que là où la discipline a succombé, on lui rende son antique splendeur.
À cet effet, ainsi que
Vous le savez très bien, Vous devez éviter avec le plus grand soin d’imposer
les mains à aucun aspirant, avec trop de précipitation, et contre l’avis de
l’Apôtre ; mais Vous n’admettrez à l’initiation des ordres sacrés, et Vous
n’élèverez à la puissance redoutable de consacrer les saints mystères, que les
lévites auparavant éprouvés et examinés scrupuleusement, que ceux qui se
distingueront par l’ornement de toutes les vertus, et qui auront mérité la
juste louange d’une sagesse intacte ; de telle sorte qu’ils puissent être
d’utiles ouvriers, et la gloire de l’Église, dans chacun de Vos diocèses, et
enfin ceux qui, s’éloignant soigneusement de tout ce qui est contraire à la vie
cléricale, s’adonnant plutôt à l’étude, à la prédication, et à la connaissance
approfondie de la doctrine, sont, en effet, le parfait exemple des fidèles, dans
leur parole, dans leur conduite, dans la charité, dans la foi, dans la chasteté
; de telle sorte qu’à leur approche tous éprouvent le sentiment d’une
vénération méritée ; que par eux, de plus en plus, le peuple chrétien se forme,
s’excite et s’enflamme à l’amour de notre divine religion. Car il est mille
fois préférable, selon l’avis si parfaitement sage de Benoît XIV, l’un de Nos
prédécesseurs d’immortelle mémoire, qu’il y ait un nombre restreint de prêtres,
pourvu qu’ils se montrent excellents, capables et utiles, plutôt que d’en avoir
un grand nombre, incapables de toute manière de procurer l’édification du corps
de Jésus Christ, qui est l’Église. Vous n’ignorez pas non plus qu’il faut
examiner avec le plus grand soin quelles sont spécialement les mœurs et la
science de ceux à qui sont confiées la charge et la conduite des âmes, afin
que, ministres fidèles et dispensateurs des diverses formes de la grâce de
Dieu, dans l’administration des sacrements auprès du peuple qui leur est
confié, ils sachent le nourrir et l’encourager par la prédication de la parole
divine et le soutien continuel du bon exemple ; qu’ils sachent le former à tous
les enseignements et à toutes les pratiques de la religion, et le maintenir
dans le chemin du salut. Vous savez parfaitement que c’est à l’ignorance des
pasteurs ou à la négligence des devoirs de leur charge qu’il faut attribuer
perpétuellement le relâchement des mœurs parmi les fidèles, la violation de la
discipline chrétienne, l’abandon, puis la destruction totale des pratiques et
du culte religieux, enfin le débordement de tous les vices et des corruptions
qui pénètrent alors facilement dans l’Église. Voulez-Vous que la parole de
Dieu, qui est toujours vivante et efficace et plus pénétrante qu’un glaive à
deux tranchants, établie pour le salut des âmes, ne s’en retourne pas inutile
et impuissante par la faute de ses ministres ; ne cessez jamais, Vénérables
Frères, d’inculquer dans l’âme des prédicateurs cette parole divine, et de leur
recommander la méditation spirituelle, profonde, des devoirs de cette auguste
et si grave fonction ; dites leur qu’ils ne doivent point employer dans le
ministère évangélique cet apparat et cet artifice que l’habileté mondaine
enseigne pour persuader sa fausse sagesse, non plus que ces vaines pompes et
ces charmes ambitieux qui caractérisent l’éloquence profane, mais qu’ils
s’exercent plutôt et très religieusement dans la démonstration de l’esprit et
de la vertu de Dieu. Traitant ainsi convenablement la parole de vérité, ne se
prêchant pas eux-mêmes, mais Jésus Christ crucifié, qu’ils annoncent aux
peuples simplement et clairement les dogmes de notre sainte religion selon la
doctrine de l’Église catholique, d’après l’enseignement des Pères, et en une
élocution toujours grave et majestueuse ; qu’ils expliquent exactement les
devoirs particuliers et spéciaux de chacun ; qu’ils inspirent à tous l’horreur
du vice et une vive ardeur pour la piété afin que les fidèles, salutairement
imbus et nourris de la parole divine, fuyant tous les vices, pratiquant toutes
les vertus, et évitant ainsi les peines éternelles, puissent arriver à la
gloire du ciel.
Selon les devoirs de
Votre charge pastorale, et d’après les inspirations de Votre prudence,
avertissez sans cesse tous les ecclésiastiques placés sous Vos ordres, excitez
les à réfléchir sérieusement à l’auguste ministère qu’ils ont reçu de Dieu ;
que tous soient exacts à remplir avec la plus grande diligence la part de
fonction qui leur est échue ; que, pénétrés des sentiments les plus intimes
d’une véritable piété, ils ne cessent leurs prières et leurs supplications au
Seigneur ; que, dans cet esprit, ils accomplissent le précepte ecclésiastique
de la récitation des heures canoniales, afin de pouvoir obtenir pour eux-mêmes
les divins secours si nécessaires pour s’acquitter des devoirs si graves de
leur charge, et rendre le Seigneur toujours apaisé et favorable à tout le
peuple chrétien.
Toutefois, Vénérables
Frères, que Votre sagesse ne l’oublie pas, on ne peut obtenir d’excellents
ministres de l’Église qu’en les formant dans les meilleurs instituts cléricaux
; le reste de leur vie sacerdotale se ressent ainsi de la forte impulsion dans
la voie du bien qu’ils ont reçue dans ces pieux asiles. Continuez donc à porter
toute l’énergie de Votre Zèle vers cette exacte préparation des jeunes clercs ;
que par Vos soins on leur inspire, même dés l’âge le plus tendre, le goût de la
piété et d’une vertu solide ; qu’ils soient initiés sous Vos yeux à l’étude des
lettres, à la pratique d’une forte discipline, mais principalement à la
connaissance des sciences sacrées. C’est pour cela que rien ne doit Vous être
plus à cœur, ni Vous paraître plus digne de tous Vos soins et de toute Votre
industrie que d’accomplir l’ordre des Pères du saint Concile de Trente, s’il
n’est déjà exécuté, en instituant des séminaires pour les clercs ; que
d’augmenter, s’il le faut, le nombre de ces institutions pieuses, d’y placer
des maîtres et des directeurs excellents et capables, de veiller sans repos, et
avec une ardeur toujours ferme, à ce que dans ces saints asiles les jeunes
clercs soient constamment formés dans la crainte du Seigneur, à l’étude, et
surtout dans la science sacrée, toujours conformément à l’enseignement
catholique, sans le moindre contact avec l’erreur, de quelque espèce que ce
soit, selon les traditions ecclésiastiques et les écrits des Pères ; qu’ils y
soient exercés très soigneusement aux cérémonies et aux rites sacrés, afin que
plus tard Vous trouviez en eux des coopérateurs pieux et capables, doués de
l’esprit ecclésiastique, sagement fortifiés par la science, et qu’ils puissent
dans l’avenir travailler avec fruit le champ de Jésus Christ et combattre
vaillamment les combats du Seigneur.
Or, comme Vous êtes
Vous-mêmes très convaincus que, pour conserver et maintenir la dignité et la
sainte pureté de tout le sacerdoce ecclésiastique, rien n’est plus efficace que
l’institution des pieux exercices spirituels ; d’après les impulsions de Votre
zèle et de Votre charité épiscopale, ne cessez point d’exhorter, d’engager, de
presser même très vivement tous Vos prêtres à s’adonner à la pratique d’une
œuvre aussi salutaire ; que fréquemment, tous ceux qui sont engagés dans la
sainte milice sachent choisir une solitude favorable à l’accomplissement de ces
saints exercices ; que là, séparés absolument de toute espèce de préoccupation
extérieure, uniquement absorbés par la redoutable considération des vérités
éternelles, et par la profonde méditation des choses divines, ils puissent
ainsi s’épurer des taches qu’auront pu laisser sur leur âme sacerdotale la
poussière et le contact des affaires du monde, se renouveler dans l’esprit
ecclésiastique, et que, se dépouillant entièrement du vieil homme et de tous
ses actes, ils se revêtent de l’éclatante pureté de l’homme nouveau qui fut
créé dans la sainteté et la justice. Ne Vous plaignez point si Nous avons si
longuement insisté sur cette nécessité de l’institution et de la discipline
cléricale.
Car Vous ne pouvez
ignorer qu’il y a à notre époque un grand nombre d’esprits qui, fatigués à la
vue de l’innombrable variété, de l’inconsistance et du mouvement désordonné de
l’erreur, éprouvent intérieurement la nécessité de croire à notre sainte
religion, et qui seront enfin, par le secours de la grâce divine, amenés
d’autant plus facilement à embrasser la pratique de la doctrine et des
prescriptions de cette religion divine, qu’ils verront le clergé briller
au-dessus des autres par plus de piété, de pureté, de sagesse et de vertu.
Enfin, Frères bien
aimés, Nous ne pouvons douter que Vous-mêmes ne soyez animés d’une ardente
charité envers Dieu et pour tous les hommes, enflammés de l’amour le plus vif
pour tous les intérêts de l’Église, munis de vertus presqu’angéliques, armés et
fortifiés du courage et de la prudence si nécessaires à l’épiscopat, pénétrés
par le même désir de la volonté divine, marchant d’un pas constant sur les
traces des pas des apôtres, et imitant, comme il sied à des pontifes,
l’exemplaire divin des pasteurs, le Seigneur Jésus Christ, dont Vous
représentez la personne ; devenus, par le zèle et par les sentiments les plus
unanimes, les types spirituels du troupeau fidèle ; par l’éclat resplendissant
de la sainteté de Votre vie, illuminant à la fois le clergé et le peuple et
ayant acquis des entrailles de miséricorde, Vous sachiez toujours, compatissant
aux misères de l’ignorance et de l’erreur, à l’exemple du Pasteur de
l’Évangile, courir avec tendresse après les brebis perdues ; malgré leurs
égarements, les chercher longtemps jusqu’à ce que Vous les rencontriez et,
paternellement émus quand Vous les avez retrouvées, les placer affectueusement
sur Vos épaules et les rapporter au bercail. N’omettez jamais ni soins, ni
réflexions, ni travaux de tout genre pour arriver à l’exact et religieux
accomplissement de tous les devoirs de Votre charge pastorale ; et après avoir
défendu des attaques, des embûches et de la fureur des loups ravisseurs toutes
les brebis si chères au cœur de Jésus Christ, puisqu’Il les a rachetées au prix
inestimable de son sang divin ; après les avoir gardées dans les saints
pâturages, soigneusement éloignées de la contagion, Vous puissiez, et par Vos
paroles, et par Vos actions, et par Vos exemples, les ramener toutes ensemble
au port du salut éternel.
Travaillez donc
courageusement, Vénérables Frères, à procurer la plus grande gloire de Dieu ;
et, par un déploiement extraordinaire de sollicitude et de vigilance, comme par
un même effort, faites en sorte d’arriver à ce qu’après l’entière destruction
des erreurs et l’extirpation absolue des vices, la foi, la piété, la vertu
acquièrent de jour en jour, et par toute la terre, un admirable accroissement ;
que tous les fidèles, repoussant avec dédain les œuvres de ténèbres, marchent
dignement comme des fils de la lumière céleste sous les yeux de Dieu, auquel
leurs actions sont toujours agréables ; et, dans les angoisses, les difficultés
et les périls extrêmes, qui sont inséparables, aujourd’hui principalement, de
l’accomplissement de Vos si graves fonctions du ministère épiscopal, gardez
Vous bien de jamais succomber à la craintive ; mais plutôt fortifiez Vous dans
le Seigneur, et fiez Vous à la puissance de Celui qui, nous considérant du haut
du ciel, engagés dans la lutte que nous soutenons pour son nom sacré, encourage
ceux qui s’enrôlent, soutient les combattants et couronne les vainqueurs.
Mais comme rien ne
saurait être pour Nous plus agréable, plus doux à Notre cœur, plus désirable
pour le bien de l’Église, que de Vous aider tous, ô Vous que Nous chérissons
tendrement dans les entrailles de Jésus Christ, et que Nous désirons environner
de Notre amour, de Nos conseils, que de pouvoir travailler de concert à la
défense et à la propagation de la gloire de Dieu et de la foi catholique, et
que même Nous sommes prêt, pour le salut des âmes, à donner s’il le faut, Notre
propre vie, ô Nos Frères, venez, Nous Vous en prions et supplions, approchez
Vous avec grand cœur et en toute confiance de cette Chaire du bienheureux
prince des Apôtres, de ce centre de l’unité catholique, ce sommet suprême de
l’Épiscopat, d’où découle toute l’autorité de ce nom ; accourez donc auprès de
Nous toutes les fois que Vous éprouverez la nécessité d’avoir recours à l’aide,
au soutien et à la force que renferme pour Vous l’autorité de ce Siège
apostolique.
Or, Nous aimons à
espérer que Nos très chers fils en Jésus Christ, les princes, guidés par leurs
sentiments de piété et de religion, auront toujours présente à leur mémoire
cette vérité : que l’autorité suprême ne leur a pas seulement été donnée pour
le gouvernement des affaires du monde, mais principalement pour la défense de
l’Église ; et Nous-même, qu’en donnant tous Nos soins à la cause de l’Église,
Nous travaillons paisiblement au bonheur de leur règne, à leur propre
conservation et à l’exercice de leurs droits ; Nous aimons à espérer, disons
Nous, que tous les princes sauront favoriser, par l’appui de leur autorité et
le secours de leur puissance, des vœux, des desseins et des dispositions
ardentes au bien de tous, et que Nous avons en commun avec eux. Qu’ils
défendent donc et protègent la liberté et l’entière plénitude de vie de cette
Église catholique, afin que l’empire de Jésus Christ soit défendu par leur
puissante main.
Pour que tous ces
projets arrivent à des résultats heureux et prospères, recourons avec
confiance, Vénérables Frères, au trône de la grâce ; et tous ensemble, par un
concert unanime et persévérant de ferventes prières, avec toute l’humilité dont
notre cœur sera capable, supplions le Père des miséricordes et le Dieu de toute
consolation, afin que, par les mérites de Son Fils unique, Il daigne répandre
sur notre faiblesse, l’ineffable abondance de toutes les faveurs célestes ; que
par la vertu de sa toute puissance, il repousse Lui-même ceux qui s’opposent à
Nous ; qu’Il répande et augmente partout la foi, la piété, la dévotion, la paix
; par où la sainte Église, après avoir été délivrée des adversités et de toutes
les erreurs qui l’assiègent, puisse jouir enfin du calme désirable et
nécessaire, et qu’il n’y ait plus désormais qu’un seul bercail et un seul
pasteur. Mais, pour que le Seigneur très clément incline plus efficacement son
oreille divine vers nos prières, et accueille plus favorablement nos vœux,
ayons toujours auprès de Lui, comme intercession et intermédiaire puissante, la
très sainte et très immaculée Mère de Dieu, qui est toujours notre plus douce
Mère, notre médiatrice, notre avocate, notre espérance et notre confiance la
plus parfaite et dont le patronage maternel est ce qu’il y a auprès de Dieu de
plus fort et de plus efficace.
Invoquons aussi le
prince des Apôtres, auquel Jésus Christ lui-même a confié les clés du royaume
des cieux, qu’il a constitué lui-même la pierre fondamentale de l’Église,
contre laquelle les portes de l’enfer ne pourront jamais prévaloir. Invoquons
saint Paul, le compagnon de son apostolat ; tous les saints du ciel, qui
possèdent déjà la palme et la couronne, afin que tous nous aident à obtenir,
pour l’universalité du peuple chrétien, l’abondance si désirable de la divine
miséricorde.
Enfin, Vénérables
Frères, comme gage de tous les dons célestes et surtout comme un témoignage de
Notre ardente charité pour Vous, recevez Notre bénédiction apostolique que Nous
Vous accordons du fond intime de Notre âme, ainsi qu’à tous les membres du clergé
et à tous les fidèles laïques confiés à Vos soins.
Donné à Rome, près
Sainte Marie Majeure, le 9 novembre de l’année 1846 et l’an premier de Notre
pontificat.
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