samedi 28 mars 2015

Père Onésime Lacouture - 1-30 - La patience

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VINGT-HUITIÈME INSTRUCTION LA PATIENCE.

«Vous posséderez vos âmes dans la patience.» Luc 21-19.

Plan Sa nature.  (pour expier le passé Sa nécessité: (pour rester sans péché (pour mériter le ciel (l’ancien Testament Enseignée par: (Jésus Christ (les Saints (la foi Ses motifs sont: (l’espérance (la charité

SA NATURE La patience est une vertu de la volonté surtout qui nous empêche de nous laisser aller à la tristesse quand les épreuves fondent sur nous.  Elle nous aide à endurer les souffrances de toutes sortes qui sont inévitables dans la vie du chrétien.  Il est inutile de nous arrêter ici à la patience naturelle: nous ne parlerons que de la patience surnaturelle, la seule qui compte devant Dieu pour notre mérite.  Il faut bien le dire, c’est une vertu qui n’est pas en honneur parmi la masse des chrétiens.  Comme il y en a peu qui sont patients dans les contrariétés et dans les souffrances si communes dans toute vie humaine!  Comme les gens maugréent facilement contre les personnes et les événements!  Que de plaintes dans les maladies, dans les infirmités!  Personne ne veut souffrir le moindrement.  Cette révolte contre tout ce qui fait souffrir l’homme est bien naturelle, c’est certain.  Comme elle est bien générale, il faut conclure que les gens vivent bien dans le naturel et du naturel.  Pour arriver à la vertu surnaturelle de patience il faut toute une éducation que tous les chrétiens devraient recevoir tôt ou tard dans la vie.  Il faut réfléchir beaucoup pour comprendre le plan divin qui est sûrement de nous faire souffrir beaucoup en ce monde.  Car pour arriver à dominer cette révolte de la nature contre toute souffrance, il faut connaître la nécessité et les avantages des souffrances et les motifs de la pratiquer.

Cette vertu consiste à endurer pour l’amour de Dieu et donc sans se plaindre les souffrances et les contrariétés de la vie.  La volonté se fixe sur la douleur et la tient pour ainsi dire parce que Dieu le veut.  On comprend que la patience doit croître avec la durée de la souffrance.  Il est facile d’endurer un mal quelques minutes, mais comme il faut de la patience pour l’endurer des heures et des jours!  N.  S.  dit que c’est par la patience que nous posséderons nos âmes, parce que elle seule chasse et fait taire toutes les passions qui se révoltent et qui crient contre la douleur et qui mettent l’âme comme hors d’elle-même.  Tandis qu’avec la patience, elle les domine toutes et reste maîtresse d’elle-même: c’est la volonté qui mène comme elle doit le faire.  Il lui faut une grande puissance pour exercer ce contrôle sur ses passions de toutes sortes qui se révoltent contre la douleur.  Il est évident qu’il faut ajouter la prière à la réflexion pour obtenir cette grâce, une des plus importantes pour la vie spirituelle, puisque pour avoir du mérite de nos souffrances, il faut avoir de la patience surnaturelle. sa nécessité Pour expier le passé.  Nous avons tous commis des péchés dans le passé qui constituent une forte dette envers la justice divine.  Elle doit se payer avant la mort ou après.  Trop facilement nous croyons que tout est absolument pardonné par les confessions superficielles que la plupart font.  Nos prêtres philosophes, habitués à tout juger selon la seule pensée ou dans l’ordre spéculatif, nous exonèrent bien vite de toute dette envers Dieu après l’absolution reçue.  Mais comme ils vivent aussi habituellement en dehors du monde de l’amour de Dieu, ils sont de tristes juges des exigences de cet amour, comme on peut le voir par leur morale large en toutes choses «strictement parlant», mais qui ne peuvent pas satisfaire l’amour divin.

En tout cas, on sait par l’Écriture sainte que même après avoir pardonné des péchés, Dieu a imposé des châtiments encore bien pénibles à ces pécheurs, comme par exemple à David pourtant bien repentant.  L’existence du purgatoire suffit pour établir cette vérité; tous ces gens ont été pardonnés, mais il leur reste une peine temporelle à expier.  Or que sont les souffrances de cette vie comparées aux souffrances du purgatoire?

C’est donc un effet de la bonté de Dieu de nous faire payer en ce monde autant que possible notre dette envers lui-même après qu’il nous a pardonné nos péchés.  Il ne viendra pas nous avertir chaque fois que c’est pour tel péché; c’est à nous d’accepter toutes les épreuves qui nous arrivent en esprit de foi pour cette intention générale.  Quand on s’y attend le moins on peut être victime d’une grande injustice à tel moment, quand on est absolument innocent.  Combien vont se révolter contre cette injustice criante à ce moment.  Mais Dieu nous l’envoie pour nous faire expier un péché déjà vieux et pas suffisamment expié.  Où sont ceux qui font pénitence pour leurs péchés passés?  Comme elle est rare chez les fidèles et même chez les prêtres et les religieux!  Le jeûne disparaît un peu partout; les petites privations que l’on s’impose méritent à peine ce nom.  Alors la peine temporelle demeure pour la plupart qui ont obtenu le pardon.  Maintenant combien n’ont pas même obtenu ce pardon?  La justice de Dieu doit se payer et sévèrement.  De plus, il ne faut pas oublier que nous sommes solidaires les uns des autres comme dans le péché originel et dans la rédemption.  Alors, même si nos péchés sont complètement effacés, Dieu peut nous faire souffrir pour expier les péchés des autres, pour ensuite nous dédommager de lui avoir servi de victimes dans les immenses joies du ciel!  Voilà une des raisons de ce déluge de souffrances de toutes sortes qui inonde le monde en tout temps et en tout lieu.  Comme chaque individu doit souffrir longtemps parfois de bien pénibles infirmités ou des privations sérieuses d’une foule de biens nécessaires à leur bonheur!  Les guerres surtout font souffrir des milliers de personnes de tant de façons différentes, comme on l’a vu dans les deux dernières guerres mondiales.  Après deux ans de paix, il y a encore des millions de prisonniers de guerre gardés par les Alliés.  Que de souffrances pour ces pauvres gens!  Que de misères pour les familles!  Pour comprendre la sévérité de la justice divine, il faut bien penser à la sublimité du bonheur éternel auquel il nous appelle; son propre bonheur au sein de la Trinité!  Ceux qui refusent cette félicité pour des plaisirs passagers d’animaux encourent sa colère contre des pécheurs assez insensés et assez méchants pour le mépriser pour ses échantillons.  Ajoutons à cela le sacrifice de J-C.  pour nous avoir avec lui, que ces pécheurs méprisent, en plus du bonheur du ciel et de l’amour infini de Dieu pour les hommes.  Si nous réfléchissions plus sur ce qu’est Dieu et sur ce qu’il a fait pour nous sauver, nous serions moins surpris de la sévérité de ses châtiments.  Remarquons bien que la durée de la souffrance qui ne lâche pas donne une idée de la souffrance de l’enfer éternel.  Prenons seulement un gros mal de tête qui dure une nuit par exemple; comme elle semble interminable!  Comme les heures sont longues!  Qu’on se dise bien que cette durée de la douleur n’est qu’un échantillon de la durée éternelle des supplices de l’enfer.  On peut donc dire que les épreuves sont des choses normales et ordinaires dans la vie des hommes sur la terre.  Par conséquent, qu’il leur faut une patience correspondant à ces épreuves, pratiquement continuelle, d’une façon ou d’une autre.  Il ne s’agit pas seulement de l’admettre d’esprit mais il faut l’admettre de coeur et, de fait, la pratiquer à l’avenir.  Qu’on cesse de se plaindre; on a mérité tout ce qu’on a dans ce genre; on peut en être bien sûr.  De plus tout ce que nous refusons en ce monde nous est réservé pour l’autre où il n’y aura plus même de miséricorde pour nous.  C’est une habitude à prendre par la répétition des actes.  Qu’on s’exerce dans les petites épreuves pour mériter la grâce d’endurer les plus grandes avec patience.  Nous avons des signes bien évidents de toutes les chances de pratiquer la patience que nous avons manquées dans tout acte ou parole d’impatience.  À l’avenir qu’on demande bien pardon de ces impatiences et qu’on s’en corrige au plus tôt, en s’imposant quelque pénitence pour ce manque de patience.  Disons-nous que Dieu connaît son affaire: puisqu’il se paie, c’est donc que nous lui devons encore!  Laissons-le faire en ce monde; c’est plus facile encore qu’en l’autre.

Pour rester sans péché.  Rappelons-nous que Dieu peut et de fait demande le martyre à tous ceux qu’il veut au ciel au moins parmi les adultes.  Jésus nous en avertit quand il dit:

Celui qui aime sa parenté et même sa vie plus que moi est indigne de moi, ou du ciel.  Or il n’y a pas seulement ceux qui ont subi une mort violente pour l’amour de Dieu qui sont martyres de la souffrance.  Les philosophes diraient qu’au sens «strict» ils sont les seuls martyres et c’est vrai, mais quant à la souffrance, il y en a beaucoup qui ont souffert autant et même plus que les martyres.  Les fidèles et même les prêtres, comme les religieux, ne sont pas nombreux qui soient martyres; mais pourquoi?  C’est que lorsqu’ils sont trop éprouvés à leur sens, ils pèchent pour éviter cette épreuve au lieu de l’endurer.  Ils n’ont pas conscience alors de sa dureté.  Que chacun examine sa vie, qu’il sache que tous ses péchés sont des actes de lâcheté devant un commencement de martyre.  Il y a aussi un bon nombre qui ne sont pratiquement plus éprouvés par Dieu parce qu’ils ont si mal pris les épreuves que Dieu leur envoyait pour leur salut qu’ils sont abandonnés par Dieu à leur sort éternel. 

Mais celui qui veut à tout prix éviter le péché et qui le montre par ses victoires sur ses passions peut être éprouvé bien durement par Dieu par une série de souffrances ou d’épreuves qui constitueront un vrai martyre pour lui.  Combien sont affreusement tentés contre la chair et cependant ils ne trouvent pas à se marier pour une raison ou pour une autre.  Des années de temps à lutter contre cette passion quand les occasions les environnent par centaines!  Un autre est marié mais sa femme le laisse encore relativement jeune et il faut qu’il reste chaste absolument des années et jusqu’à la mort parfois!  Lui aussi pourrait si facilement céder à la tentation qui le sollicite de tous côtés.  Quel martyre pour ce chrétien qui ne veut pas offenser Dieu pour aucune raison!  Quelle vertu de patience celui-là doit exercer pour persévérer dans le bien!  Un autre souffrira toutes sortes de privations parce qu’il est bien pauvre et voici qu’on lui offre un poste lucratif où il pourra vivre convenablement… mais à la condition de voler la compagnie ou le gouvernement.  Il doit refuser ce poste et continuer de rester pauvre!  Combien peu sont capables de faire pareils sacrifices!  Dans la communauté comme il est dur de vouloir obéir à tout prix!  On aura des supérieurs des années de temps pour nous contrarier en tout et nous faire subir une véritable persécution.  On n’aurait qu’à se révolter quelques fois et ils nous laisseraient tranquilles ensuite.  Mais quand on se soumet, comme ils peuvent être tyranniques, quand le bon Dieu le veut, pour nous casser.  Nous en avons rencontrés exaspérés à la dernière limite de la patience.  Combien de ceux-là sortent pour ne plus endurer leurs supérieurs qu’ils trouvent tous insensés et méchants!  S’il y en a qui doutent de la vérité de ce que nous disons ici, qu’ils prennent la ferme résolution de ne plus pécher du tout en aucune façon et ils sauront combien de patience il faut pour endurer tout ce qui va leur arriver de la part des choses et des personnes.  C’est uniquement quand on est déterminé de la sorte que la nécessité de la patience nous apparaît clairement.

Pour mériter le ciel.  Indépendamment de tout péché, l’homme le plus pur au monde, pour arriver à la vision béatifique, aurait besoin d’une grande vertu de patience.  Parce que notre destinée surnaturelle à la vie intime de la Trinité exige un changement radical dans toute la vie de l’homme.  Il lui faudrait pratiquer dans toute sa rigueur cette parole de N.S: «Si quelqu’un veut venir après moi…» Remarquons bien que Jésus ne met pas de limite à ce renoncement: «qu’il se renonce lui-même!» C’est donc tout l’être qu’il faut sacrifier.  Les anges n’avaient pas encore péché et Dieu leur demanda le sacrifice de leur être total: de leur intelligence et de leur volonté, tout ce qui constitue un ange.  Comme ils sont de purs esprits, un seul acte a suffi.  Mais pour nous qui sommes des animaux quoique raisonnables et que les éléments de notre connaissance doivent nous venir des sens qui sont lents à agir, Dieu a réparti notre épreuve sur toute la vie plus ou moins.  Donc en dehors de tout péché, il faut que chacun abandonne sa vie naturelle dans ses orientations pour ne suivre que les exigences de la vie divine.  Cela veut dire, par exemple, que tout chrétien doit combattre en lui-même toutes les attaches même aux choses permises, qu’il doit renoncer aux affections naturelles pour les transformer en affections exclusivement surnaturelles.  En plus, il faut qu’il méprise les créatures qu’il aime tant par nature et qu’il aime ce qui le contrarie comme, par exemple, ses ennemis, leur faire du bien, par conséquent, réagir contre ses répugnances naturelles pour eux et les traiter comme ses meilleurs amis.  Que de patience il lui faudra pour agir de la sorte!  La Ste Vierge n’avait aucun péché et comme sa vie était contre nature!

Notre destinée surnaturelle exige que nous agissions tout de suite comme des dieux et donc que nous cessions d’être humains dans notre façon d’agir.  Cette transformation continuelle de toute la vie exige une très grande patience.  Or comme Dieu veut ce changement pour nous tous il veut donc que nous ayons la patience pour subir cette mort mystique de notre païen pour le diviniser.  Les prêtres devraient bien expliquer aux fidèles la nécessité de ce changement radical de leur vie même quand ils n’ont plus de péché à expier!  Le premier travail est de nettoyer le païen tout gangrené par ses péchés, puis une fois qu’il est propre, il reste à le transformer en divin pour être acceptable à Dieu.  Quand on a tué, plumé, nettoyé et vidé un dindon, on le met au four pour le cuire et le rendre digérable pour les humains.  C’est ce que Dieu doit faire avec nous!  Pour nous donner une idée de ce qu’il fait, nous pouvons repasser ce qu’il a fait pour conduire les Juifs en Terre sainte.  Après avoir délivré ce peuple de son esclavage des Pharaons pour signifier notre délivrance de l’esclavage du péché, il va essayer de les faire se renoncer à eux-mêmes en leur demandant une foule d’actes de foi, d’espérance et de charité surnaturels et donc contre nature.  Il les avertit qu’il va les conduire lui-même.  Puis il les mène droit à la mer et les fait prendre là par les Égyptiens qui les poursuivaient.  Ils sont pris entre la mort et la mer sans issue possible.  Leur jugement ne voit plus rien!  C’est justement ce qu’il veut afin de les obliger à mettre toute leur confiance uniquement en Dieu… pour agir comme des dieux et non des hommes.  Parce qu’ils se jettent dans le surnaturel, Dieu est chez lui là et il agit en Dieu et ouvre la mer pour eux.  Ainsi il les conduit dans le désert précisément pour qu’ils n’aient absolument rien à manger ni à boire.  C’est absolument contre le bon sens.  Comme ils prient et mettent leur espoir en Dieu, il agit en Dieu et fait tomber du pain du ciel pendant 40 ans, à tous les matins, et fait jaillir l’eau des rochers.  Nous n’avons qu’à parcourir ainsi toute l’histoire du pèlerinage des Juifs vers la Terre Promise et nous avons là exactement ce que Dieu veut faire pour chaque chrétien afin de l’obliger à ne plus se fier aux moyens humains, mais uniquement aux moyens surnaturels.

Que chacun surveille à l’avenir les choses contradictoires et pratiquement impossibles que Dieu lui demande et qu’il se rappelle alors que Dieu ne veut pas sa mort, mais la mort de son païen ou de l’homme naturel en lui afin qu’il se jette aveuglément dans les bras de Dieu et qu’il attende son salut dans telle difficulté uniquement d’une intervention surnaturelle… et Dieu agira en sa faveur comme par des miracles.  Un médecin dira à une mère de famille que si elle a encore un enfant c’est la mort pour elle.  Elle se trouve prise entre la mort naturelle et le péché mortel et donc les démons.  Il n’y a plus de bon sens qui tienne ici!  Il faut qu’elle évite tout péché à tout prix.  Alors, qu’elle s’abandonne à Dieu et qu’elle lui demande de la protéger comme il voudra.  Que de fois nous avons vu Dieu faire mentir bien des médecins et ces mères qui devaient mourir ne mouraient pas et avaient leurs enfants.  Tout chrétien doit être toujours prêt à sacrifier même sa vie plutôt que de pécher… et Dieu viendra à son secours d’une façon inattendue.  Et s’il faut mourir, qu’il meure en faisant la volonté de Dieu et alors c’est le ciel à la place de la terre!  Tout chrétien est né pour le ciel!  Quel inconvénient qu’il y aille plus vite qu’il ne pensait!  la patience est enseignée…

Dans l’Ancien Testament surtout par la vie des patriarches, des prophètes et des saints de ce temps-là.  Tous ont été longuement éprouvés de toutes façons.  Quand on pense que le bon Dieu a tenu tout le peuple en esclavage sous le règne des Pharaons pendant 400 ans!  Et les Égyptiens avaient ordre de leur rendre la vie aussi amère que possible!  Que de patience il leur fallait pour endurer cette oppression sans murmurer!  Évidemment la plupart se plaignaient amèrement; très peu avaient assez de foi en Dieu pour l’accepter en esprit de soumission à Dieu.  Joseph qui les avait fait venir là a eu sa part d’épreuves pendant de longues années, lui aussi pratiquement en esclavage et en prison.  Puis que de patience il fallait à Moïse pour être à la tête d’un si grand peuple si éprouvé dans le désert pendant 40 ans!  Il devait passer son temps à les calmer, à les encourager, à les instruire et c’était toujours à recommencer!  On peut difficilement s’imaginer combien pénible était la vie des prophètes.  Ils étaient obligés de reprendre constamment le peuple et les rois de leurs péchés, de les menacer des châtiments de Dieu qui souvent se vérifiaient pendant la vie des prophètes; ce qui choquait le peuple, et il persécutait les prophètes.  Puis Dieu les obligeait à faire des choses ridicules et pénibles devant le peuple, comme lorsqu’il obligea Élie à se promener à travers le pays nu et la corde au cou pour signifier d’une façon concrète que le peuple serait conduit en captivité à Babylone.  Jérémie trouve sa vie si dure qu’il boude Dieu et veut mourir plutôt que de continuer sa vie de prophète.  Plusieurs ont subi le martyre après une vie de martyre.  On peut résumer cet enseignement dans la personne de Job dont la vie illustre bien ce que nous disons ici.  Après lui avoir donné des biens, Dieu les lui enlève tous sans exception, à part sa femme qu’il lui laisse pour ajouter à ses souffrances par ses moqueries et sa mentalité païenne.  Il représente bien ce qui se passe ordinairement dans toute vie de chrétien.  Dieu donne des biens puis les enlève, puis les redonne pour les enlever encore: tout cela pour exercer l’esprit de foi des hommes.  Il veut qu’ils apprennent à bénir Dieu dans les biens et à le bénir dans les maux.  Les biens sont pour nous faire penser aux choses du ciel, puis il les enlève, ce que nous appelons des maux, pour nous faire mériter le ciel.

Job exhale sa douleur et se plaint amèrement de ses maux: le bon Dieu ne s’offense pas des cris de la nature qui souffre pourvu que la volonté soit unie à la sienne dans ces épreuves.  Job ne doit pas être notre modèle dans ses plaintes: on y perd beaucoup de mérites.  À mesure que la foi augmente ces gémissements doivent diminuer puisque la foi nous montre des biens éternels pour des maux temporels.  Après avoir été dans l’opulence, il fallait beaucoup de patience pour endurer toutes ces souffrances et tous ces malheurs qui ruinent toute sa famille.  Essayons de voir l’intention de Dieu dans ces maux nécessaires pour nous purifier afin de devenir dignes de participer à la vie divine.  Dieu n’aime pas nos murmures puisqu’il fait tout pour notre bien éternel.  Quelle sottise que de maugréer contre notre Chirurgien céleste!  Nous devrions le payer par des remerciements du fond du coeur de daigner nous purifier de ce qui nous empêcherait d’aller avec lui dans l’éternité.  Il a puni sévèrement les Juifs qui avaient murmuré dans le désert.  Terminons ce point par les belles paroles de Judith, 8-24: «Ceux qui n’ont pas accepté ces épreuves avec la crainte du Seigneur et qui ont donné cours à leur impatience et à d’injurieux murmures contre le Seigneur, ceux-là l’exterminateur les a frappés de mort et les serpents les ont fait mourir.  Ne nous laissons pas aller à l’impatience à cause des maux que nous souffrons.  Mais estimons que ces tourments, moindres que nos péchés, sont les verges dont le Seigneur nous châtie, comme ses serviteurs, pour nous amender.» Demandons assez de patience pour endurer n’importe quelle épreuve que Dieu nous enverra dans l’avenir, Il connaît son affaire.  Ayons confiance en sa bonté et en sa sagesse et laissons-le faire ce qu’il veut et endurons!  ce qui revient au même: plutôt mourir que de commettre un seul péché!  Nous sommes des habitants du ciel: nous ne pouvons plus pécher du tout!  Alors il ne reste qu’à demander la patience pour endurer les épreuves et les tentations que Dieu doit nous envoyer pour nous donner une chance de lui montrer notre amour de préférence sur toutes les créatures du monde.  Voilà une vertu qu’il faudra mettre dans toutes nos prières à l’avenir.  Au lieu de toujours demander de nous enlever les maux, qu’on change donc de corde à l’avenir pour demander la patience pour les endurer.  Ce sera autrement sage et méritoire!

La patience enseignée par J-C.  D’abord par sa propre vie, si contraire à la façon ordinaire de vivre des hommes.  Quand on sait qu’il aurait pu éblouir le monde par sa doctrine et qu’il passe trente ans dans son métier de charpentier si insignifiant alors dans un pays si pauvre où il n’y a presque rien en bois.  Puis ensuite pendant sa vie publique il est critiqué et persécuté par les prêtres du temps et finalement on sait ce qu’il endura dans sa passion si affreuse.  Comme dit St Pierre, quand on le maudissait, il ne menaçait pas; quand on le maltraitait, il s’abandonnait à celui qui le jugeait injustement.  Il s’est laissé conduire à la boucherie comme un agneau, sans se plaindre.  Chacun pourrait repasser ses souffrances pour apprendre à souffrir sous la main de Dieu.  S.  Cyprien (De bono patientiae) dit: «Tous ses actes, depuis sa naissance jusqu’à sa mort, ont eu pour compagne la patience.» C’est surtout dans le sermon sur la montagne que Jésus enseigne la patience.  Le mot n’y est pas, mais toute la doctrine pour le devenir est donnée.  On s’impatiente contre ce ou ceux qui nous enlèvent quelque bien à nous ou en nous.  Or là Jésus veut qu’on soit si détaché de tout le créé que n’importe quelle perte ne nous trouble aucunement.  Après avoir donné la doctrine du détachement absolu dans les béatitudes, il descend dans la pratique qui va rendre les chrétiens parfaitement patients.

Sa dernière béatitude veut que nous nous réjouissions quand les hommes nous persécuteront, qu’ils diront faussement toute sorte de mal contre nous et qu’ils nous maudiront.  Celui qui comprend les choses de la sorte sera sûrement patient.  C’est tout ce qu’il y a de plus dur à supporter au monde.  Si on est patient là, on le sera bien partout ailleurs.

Puis Jésus coupe dans la racine toutes les causes d’impatience.  Si quelqu’un nous enlève notre robe, donnonslui aussi notre manteau!  Voilà pour les biens extérieurs.  Si quelqu’un veut vous contraindre à faire mille pas, faites-en deux mille autres.  Voilà pour les forces physiques et donc pour le corps.  Si quelqu’un vous frappe sur une joue, présentez l’autre!  Puis aimez vos ennemis, faites-leur du bien et priez pour eux!  Jésus nous enseigne donc à regarder comme des bienfaits tout ce que les hommes ont coutume de considérer comme des maux; alors, il ne reste plus de causes d’impatiences!  Comme il est pratique!  Quel dommage que nos bons ligueurs ne donnent pas cette doctrine dans leur campagne contre le blasphème; ce serait autrement efficace que leurs pancartes contre le blasphème!  Mais cette doctrine n’entre pas encore dans la théologie de nos philosophes qui les instruisent ordinairement.  Espérons qu’ils la trouveront un jour!  On voit par le sermon sur la montagne qu’il n’y a que la doctrine de la folie de la croix avec le mépris des choses créées qui peuvent donner vraiment la patience aux chrétiens.  Les béatitudes enseignent comment cesser d’agir comme un homme pour agir comme un Dieu en autant que notre condition humaine et naturelle le permet.  Il faut vivre déjà dans le ciel par le coeur pour les pratiquer avec le reste de ce sermon.  Ce que les hommes peuvent nous enlever ne sont que les choses de ce monde qui alimentent les jouissances sensibles, mais quand le coeur n’est plus là du tout ou si peu, on n’est pas affecté par ces pertes et l’on garde donc sa patience.

D’où il suit que la patience surnaturelle ne peut nous venir que de la vie de foi.  Voilà comment la patience montre qu’on vit dans l’autre monde et l’impatience que nous sommes encore bien dans ce monde, d’esprit et de coeur.  Or pour aller au ciel, il faut sortir de ce monde par l’amour avant d’en sortir par le corps par la mort réelle.  Hâtons-nous donc!… Les Apôtres ont souvent exhorté les fidèles à la patience à l’exemple de Jésus qui nous annonce des croix.  Luc, 21-17: «Vous serez haïs de tout le monde à cause de mon nom, cependant pas un cheveu de votre tête ne sera perdu.  Par votre patience vous posséderez vos âmes.» Héb.  10-35: «La patience vous est nécessaire, afin que faisant la volonté de Dieu, vous puissiez obtenir les biens qui vous sont promis.» Jac.  1-2: «Mes frères, regardez comme le plus grand sujet de joie les diverses afflictions qui vous arrivent, sachant que l’épreuve de votre foi produit la patience.  La patience rend les œuvres parfaites de manière que vous soyez vous-mêmes parfaits et accomplis sans que rien ne vous manque.»

C’est bien ce que Jésus enseigne dans le sermon sur la montagne.  Si on regarde comme un sujet de joie les épreuves, on a fini de s’impatienter.  Cet Apôtre insiste beaucoup sur la patience.  Jac.  5-7: «Vous, mes frères, persévérez dans la patience jusqu’à l’avènement du Seigneur.  Vous voyez que le laboureur, dans l’espérance de recueillir le fruit précieux de la terre, attend patiemment jusqu’à ce qu’il reçoive les pluies de la première et de l’arrière-saison.  Vous aussi, soyez patients et affermissez vos coeurs, car l’avènement du Christ est proche.  Ne faites pas, mes frères, de plaintes les uns contre les autres afin que vous ne soyez pas condamnés; voilà que le juge est à la porte.  Prenez, mes frères, pour exemple de patience, dans les mauvais succès et dans les travaux, les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur.  Vous voyez que nous les appelons Bienheureux, parce qu’ils ont souffert.  Vous avez entendu parler de la patience de Job…» Nous sommes donc bien avertis de la nécessité de la patience et St Jacques nous donne tous les plus beaux motifs surnaturels pour la pratiquer.

Les Saints ont progressé en sainteté en proportion qu’ils se sont soumis aux épreuves de toutes sortes que Dieu leur envoyait pour les purifier et ensuite ou en même temps, les diviniser.  Car dès qu’on veut s’approcher de Dieu par l’amour, il aiguille ses amis vers la croix.  Il leur met souvent dans l’esprit cette parole de J-C.  à la mère de Jean et de Jacques, qui demandait les premières places au ciel pour ses fils: Pourront ils boire mon calice?  Donc le rang au ciel dépend de la quantité du calice de Jésus que nous buvons sur la terre!  Alors dès que nous voulons pénétrer davantage dans l’union intime de la Trinité, elle nous dirige tout de suite sur la passion de Jésus, à prendre à notre compte.  Voilà pourquoi les épreuves augmentent avec le degré de sainteté ou vice versa.

Combien arrêtent là en face de ce calice!  Ils voudraient bien trouver un substitut pour aller au ciel, mais Dieu pousse toujours ce calice devant les yeux de l’esprit, c’est à prendre ou à laisser!  Mais le rang au ciel dépend de la quantité de ce calice qu’on boit sur la terre!  La conclusion s’impose par elle-même: commence par prendre avec patience les épreuves actuelles et journalières que Dieu met sur ton chemin.  Le crucifiement total ne viendra pas sans beaucoup de leçons préliminaires.  Le démon nous met tout de suite le sacrifice total devant les yeux pour nous épeurer.  Mais laissons cela à la bonté de Dieu.  Il saura bien nous préparer doucement à accepter le crucifiement quand il nous l’imposera pour tout de bon par quelque grand sacrifice très douloureux.

Voilà donc comment il nous faut à tout prix la patience à mesure qu’on veut se sanctifier.  Cette vertu est donc bien nécessaire d’après la façon ordinaire de Dieu de sanctifier les saints.  Or tous sont appelés à la sainteté; donc tous doivent cultiver la patience.  Inutile de citer des textes des saints sur cette vertu; il y en a partout dans leurs écrits qui ont tous été approuvés par l’Église.  la patience: ses motifs… Dans la pratique des vertus c’est surtout le motif qui compte.  Or, on sait que Dieu ne récompense que ce qu’on fait pour lui; il nous faut donner des motifs surnaturels dans la pratique de la patience comme pour les autres vertus.  Nous allons nous arrêter aux trois motifs des vertus théologales: foi, espérance et charité.

La foi nous indique le plan divin pour être transformés en êtres divins afin d’être capables de participer à sa vie intime trinitaire.  Elle nous fait comprendre la nécessité de sacrifier toutes nos affections naturelles et comment Dieu a organisé toute sa providence pour nous aider à nous débarrasser de ces obstacles à son union divine.  Alors, on regarde comme un bien ce qu’on croyait un mal ou vice versa.  Elle nous montre Dieu infiniment bon, ne voulant que du bien à l’homme et l’aimant bien plus qu’il ne s’aime lui-même, comme il le montre en nous donnant tout ce qu’il y a de meilleur au ciel: son Fils unique.  Il est donc bien certain que les épreuves qu’il nous envoie sont pour notre grand bonheur éternel.  Cela devrait nous aider à les endurer non seulement avec patience, mais même avec joie dans la partie supérieure de l’âme.

Dieu est infiniment sage: il connaît mieux que nous ce qui est pour notre plus grand bien.  Lui seul connaît les ravages que le péché a faits dans notre âme et les outrages à sa sainteté: tout cela doit se réparer et lui seul connaît les meilleurs remèdes: laissons-le donc faire comme il veut cette réparation et soyons patients sous ses traitements.  Dieu est infiniment puissant: il peut tirer le bien du mal, le bonheur du malheur.  Ainsi, de nos tribulations bien éphémères, il peut tirer notre bonheur éternel avec lui au ciel, comme il sort 50 grains de blé vivants d’un grain de blé mort.  C’est assez pour nous rendre patients.

L’espérance des biens célestes en récompense des souffrances sur terre doit nous donner la patience.  Comme le commerçant dans l’espérance de profits matériels risque sa vie dans toutes sortes de courses sur les mers et sur terre, à travers bien des dangers et avec beaucoup de fatigues, ainsi, la vue du ciel devrait nous donner la patience dans les épreuves qui nous assure le bonheur du ciel.  L’Écriture est remplie de textes qui nous encouragent à souffrir afin de mériter le ciel.  Sag.  3: «Alors, même que devant les hommes ils ont subi des châtiments, leur espérance est pleine d’immortalité.  Après une légère peine, ils recevront une grande récompense, car Dieu les a éprouvés et les a trouvés dignes de lui.  Il les a essayés comme de l’or dans la fournaise et les a agréés comme un parfait holocauste.  Au temps de la récompense, ils brilleront comme des étincelles, ils courront à travers le chaume, ils jugeront les nations et domineront sur les peuples et le Seigneur régnera sur eux à jamais.» Ps.  125: «Ceux qui sèment dans les larmes, moissonneront dans l’allégresse.  Ils vont, ils vont en pleurant, portant et jetant la semence et ils reviendront avec des cris de joie, portant les gerbes de leurs moissons.»

2 Cor.  4-16: «C’est pourquoi nous ne perdons pas courage, mais quoiqu’en nous l’homme extérieur se détruit, néanmoins l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour.  Car nos tribulations présentes qui ne durent qu’un instant et qui sont si légères nous produisent un poids éternel de sublime et incomparable gloire.» La charité pour Dieu doit nous pousser à vouloir lui ressembler par la sainteté de vie.  Or ce sont les épreuves qui opèrent cette purification qui nous rend semblables à Dieu.  Comme un enfant, parce qu’il aime sa mère, lui laisse enlever une écharde qu’il a au doigt, malgré la douleur, ainsi, nous, les enfants de Dieu, nous devons l’aimer assez pour le laisser enlever toutes les saletés qui souillent notre âme et la rendent indigne de sa vue.

Jésus disait un jour à Ste Thérèse: «Penses-tu que le mérite consiste à jouir?  Non, ma fille, mais à travailler, à souffrir, à aimer.  Les âmes les plus chéries de mon Père sont celles qu’il éprouve le plus et la grandeur de leurs épreuves est la mesure de son amour.» Il faut aussi que la charité pour le prochain nous aide à supporter les épreuves qui viennent de lui; il est l’instrument aveugle dans les mains de Dieu pour notre sanctification.  Comme il faut l’aimer comme Dieu pour l’amour de Dieu, c’est un bon motif pour mieux recevoir les épreuves qui nous viennent de lui.  St Paul enseigne cette doctrine: Gal.  6-2: «Portez les fardeaux les uns des autres par amour pour Dieu et de cette manière vous accomplirez la loi de J-C.» Donc la pratique des trois vertus théologales nous fournira de bons motifs pour être patients dans les souffrances de la vie.

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