VINGT-HUITIÈME
INSTRUCTION LA PATIENCE.
«Vous
posséderez vos âmes dans la patience.» Luc 21-19.
Plan
Sa nature. (pour expier le passé Sa
nécessité: (pour rester sans péché (pour mériter le ciel (l’ancien Testament
Enseignée par: (Jésus Christ (les Saints (la foi Ses motifs sont: (l’espérance
(la charité
SA
NATURE La patience est une vertu de la volonté surtout qui nous empêche de nous
laisser aller à la tristesse quand les épreuves fondent sur nous. Elle nous aide à endurer les souffrances de
toutes sortes qui sont inévitables dans la vie du chrétien. Il est inutile de nous arrêter ici à la
patience naturelle: nous ne parlerons que de la patience surnaturelle, la seule
qui compte devant Dieu pour notre mérite.
Il faut bien le dire, c’est une vertu qui n’est pas en honneur parmi la
masse des chrétiens. Comme il y en a peu
qui sont patients dans les contrariétés et dans les souffrances si communes
dans toute vie humaine! Comme les gens
maugréent facilement contre les personnes et les événements! Que de plaintes dans les maladies, dans les
infirmités! Personne ne veut souffrir le
moindrement. Cette révolte contre tout
ce qui fait souffrir l’homme est bien naturelle, c’est certain. Comme elle est bien générale, il faut
conclure que les gens vivent bien dans le naturel et du naturel. Pour arriver à la vertu surnaturelle de
patience il faut toute une éducation que tous les chrétiens devraient recevoir
tôt ou tard dans la vie. Il faut réfléchir
beaucoup pour comprendre le plan divin qui est sûrement de nous faire souffrir
beaucoup en ce monde. Car pour arriver à
dominer cette révolte de la nature contre toute souffrance, il faut connaître
la nécessité et les avantages des souffrances et les motifs de la pratiquer.
Cette
vertu consiste à endurer pour l’amour de Dieu et donc sans se plaindre les
souffrances et les contrariétés de la vie.
La volonté se fixe sur la douleur et la tient pour ainsi dire parce que
Dieu le veut. On comprend que la
patience doit croître avec la durée de la souffrance. Il est facile d’endurer un mal quelques
minutes, mais comme il faut de la patience pour l’endurer des heures et des
jours! N. S. dit
que c’est par la patience que nous posséderons nos âmes, parce que elle seule
chasse et fait taire toutes les passions qui se révoltent et qui crient contre
la douleur et qui mettent l’âme comme hors d’elle-même. Tandis qu’avec la patience, elle les domine
toutes et reste maîtresse d’elle-même: c’est la volonté qui mène comme elle
doit le faire. Il lui faut une grande
puissance pour exercer ce contrôle sur ses passions de toutes sortes qui se
révoltent contre la douleur. Il est
évident qu’il faut ajouter la prière à la réflexion pour obtenir cette grâce,
une des plus importantes pour la vie spirituelle, puisque pour avoir du mérite
de nos souffrances, il faut avoir de la patience surnaturelle. sa nécessité
Pour expier le passé. Nous avons tous commis
des péchés dans le passé qui constituent une forte dette envers la justice
divine. Elle doit se payer avant la mort
ou après. Trop facilement nous croyons
que tout est absolument pardonné par les confessions superficielles que la
plupart font. Nos prêtres philosophes,
habitués à tout juger selon la seule pensée ou dans l’ordre spéculatif, nous
exonèrent bien vite de toute dette envers Dieu après l’absolution reçue. Mais comme ils vivent aussi habituellement en
dehors du monde de l’amour de Dieu, ils sont de tristes juges des exigences de
cet amour, comme on peut le voir par leur morale large en toutes choses
«strictement parlant», mais qui ne peuvent pas satisfaire l’amour divin.
En
tout cas, on sait par l’Écriture sainte que même après avoir pardonné des
péchés, Dieu a imposé des châtiments encore bien pénibles à ces pécheurs, comme
par exemple à David pourtant bien repentant.
L’existence du purgatoire suffit pour établir cette vérité; tous ces
gens ont été pardonnés, mais il leur reste une peine temporelle à expier. Or que sont les souffrances de cette vie
comparées aux souffrances du purgatoire?
C’est
donc un effet de la bonté de Dieu de nous faire payer en ce monde autant que
possible notre dette envers lui-même après qu’il nous a pardonné nos
péchés. Il ne viendra pas nous avertir
chaque fois que c’est pour tel péché; c’est à nous d’accepter toutes les
épreuves qui nous arrivent en esprit de foi pour cette intention générale. Quand on s’y attend le moins on peut être
victime d’une grande injustice à tel moment, quand on est absolument
innocent. Combien vont se révolter
contre cette injustice criante à ce moment.
Mais Dieu nous l’envoie pour nous faire expier un péché déjà vieux et
pas suffisamment expié. Où sont ceux qui
font pénitence pour leurs péchés passés?
Comme elle est rare chez les fidèles et même chez les prêtres et les
religieux! Le jeûne disparaît un peu
partout; les petites privations que l’on s’impose méritent à peine ce nom. Alors la peine temporelle demeure pour la
plupart qui ont obtenu le pardon.
Maintenant combien n’ont pas même obtenu ce pardon? La justice de Dieu doit se payer et
sévèrement. De plus, il ne faut pas
oublier que nous sommes solidaires les uns des autres comme dans le péché
originel et dans la rédemption. Alors,
même si nos péchés sont complètement effacés, Dieu peut nous faire souffrir
pour expier les péchés des autres, pour ensuite nous dédommager de lui avoir
servi de victimes dans les immenses joies du ciel! Voilà une des raisons de ce déluge de
souffrances de toutes sortes qui inonde le monde en tout temps et en tout lieu. Comme chaque individu doit souffrir longtemps
parfois de bien pénibles infirmités ou des privations sérieuses d’une foule de
biens nécessaires à leur bonheur! Les
guerres surtout font souffrir des milliers de personnes de tant de façons
différentes, comme on l’a vu dans les deux dernières guerres mondiales. Après deux ans de paix, il y a encore des
millions de prisonniers de guerre gardés par les Alliés. Que de souffrances pour ces pauvres
gens! Que de misères pour les familles! Pour comprendre la sévérité de la justice
divine, il faut bien penser à la sublimité du bonheur éternel auquel il nous
appelle; son propre bonheur au sein de la Trinité! Ceux qui refusent cette félicité pour des
plaisirs passagers d’animaux encourent sa colère contre des pécheurs assez
insensés et assez méchants pour le mépriser pour ses échantillons. Ajoutons à cela le sacrifice de J-C. pour nous avoir avec lui, que ces pécheurs
méprisent, en plus du bonheur du ciel et de l’amour infini de Dieu pour les
hommes. Si nous réfléchissions plus sur
ce qu’est Dieu et sur ce qu’il a fait pour nous sauver, nous serions moins
surpris de la sévérité de ses châtiments.
Remarquons bien que la durée de la souffrance qui ne lâche pas donne une
idée de la souffrance de l’enfer éternel.
Prenons seulement un gros mal de tête qui dure une nuit par exemple; comme
elle semble interminable! Comme les
heures sont longues! Qu’on se dise bien
que cette durée de la douleur n’est qu’un échantillon de la durée éternelle des
supplices de l’enfer. On peut donc dire
que les épreuves sont des choses normales et ordinaires dans la vie des hommes
sur la terre. Par conséquent, qu’il leur
faut une patience correspondant à ces épreuves, pratiquement continuelle, d’une
façon ou d’une autre. Il ne s’agit pas
seulement de l’admettre d’esprit mais il faut l’admettre de coeur et, de fait,
la pratiquer à l’avenir. Qu’on cesse de
se plaindre; on a mérité tout ce qu’on a dans ce genre; on peut en être bien
sûr. De plus tout ce que nous refusons
en ce monde nous est réservé pour l’autre où il n’y aura plus même de
miséricorde pour nous. C’est une
habitude à prendre par la répétition des actes.
Qu’on s’exerce dans les petites épreuves pour mériter la grâce d’endurer
les plus grandes avec patience. Nous
avons des signes bien évidents de toutes les chances de pratiquer la patience
que nous avons manquées dans tout acte ou parole d’impatience. À l’avenir qu’on demande bien pardon de ces
impatiences et qu’on s’en corrige au plus tôt, en s’imposant quelque pénitence
pour ce manque de patience. Disons-nous
que Dieu connaît son affaire: puisqu’il se paie, c’est donc que nous lui devons
encore! Laissons-le faire en ce monde;
c’est plus facile encore qu’en l’autre.
Pour
rester sans péché. Rappelons-nous que
Dieu peut et de fait demande le martyre à tous ceux qu’il veut au ciel au moins
parmi les adultes. Jésus nous en avertit
quand il dit:
Celui
qui aime sa parenté et même sa vie plus que moi est indigne de moi, ou du
ciel. Or il n’y a pas seulement ceux qui
ont subi une mort violente pour l’amour de Dieu qui sont martyres de la souffrance. Les philosophes diraient qu’au sens «strict»
ils sont les seuls martyres et c’est vrai, mais quant à la souffrance, il y en
a beaucoup qui ont souffert autant et même plus que les martyres. Les fidèles et même les prêtres, comme les
religieux, ne sont pas nombreux qui soient martyres; mais pourquoi? C’est que lorsqu’ils sont trop éprouvés à
leur sens, ils pèchent pour éviter cette épreuve au lieu de l’endurer. Ils n’ont pas conscience alors de sa
dureté. Que chacun examine sa vie, qu’il
sache que tous ses péchés sont des actes de lâcheté devant un commencement de
martyre. Il y a aussi un bon nombre qui
ne sont pratiquement plus éprouvés par Dieu parce qu’ils ont si mal pris les
épreuves que Dieu leur envoyait pour leur salut qu’ils sont abandonnés par Dieu
à leur sort éternel.
Mais
celui qui veut à tout prix éviter le péché et qui le montre par ses victoires
sur ses passions peut être éprouvé bien durement par Dieu par une série de
souffrances ou d’épreuves qui constitueront un vrai martyre pour lui. Combien sont affreusement tentés contre la
chair et cependant ils ne trouvent pas à se marier pour une raison ou pour une
autre. Des années de temps à lutter
contre cette passion quand les occasions les environnent par centaines! Un autre est marié mais sa femme le laisse
encore relativement jeune et il faut qu’il reste chaste absolument des années
et jusqu’à la mort parfois! Lui aussi
pourrait si facilement céder à la tentation qui le sollicite de tous côtés. Quel martyre pour ce chrétien qui ne veut pas
offenser Dieu pour aucune raison! Quelle
vertu de patience celui-là doit exercer pour persévérer dans le bien! Un autre souffrira toutes sortes de
privations parce qu’il est bien pauvre et voici qu’on lui offre un poste
lucratif où il pourra vivre convenablement… mais à la condition de voler la
compagnie ou le gouvernement. Il doit
refuser ce poste et continuer de rester pauvre!
Combien peu sont capables de faire pareils sacrifices! Dans la communauté comme il est dur de
vouloir obéir à tout prix! On aura des
supérieurs des années de temps pour nous contrarier en tout et nous faire subir
une véritable persécution. On n’aurait
qu’à se révolter quelques fois et ils nous laisseraient tranquilles
ensuite. Mais quand on se soumet, comme
ils peuvent être tyranniques, quand le bon Dieu le veut, pour nous casser. Nous en avons rencontrés exaspérés à la
dernière limite de la patience. Combien
de ceux-là sortent pour ne plus endurer leurs supérieurs qu’ils trouvent tous
insensés et méchants! S’il y en a qui
doutent de la vérité de ce que nous disons ici, qu’ils prennent la ferme
résolution de ne plus pécher du tout en aucune façon et ils sauront combien de
patience il faut pour endurer tout ce qui va leur arriver de la part des choses
et des personnes. C’est uniquement quand
on est déterminé de la sorte que la nécessité de la patience nous apparaît
clairement.
Pour
mériter le ciel. Indépendamment de tout
péché, l’homme le plus pur au monde, pour arriver à la vision béatifique,
aurait besoin d’une grande vertu de patience.
Parce que notre destinée surnaturelle à la vie intime de la Trinité
exige un changement radical dans toute la vie de l’homme. Il lui faudrait pratiquer dans toute sa
rigueur cette parole de N.S: «Si quelqu’un veut venir après moi…» Remarquons
bien que Jésus ne met pas de limite à ce renoncement: «qu’il se renonce
lui-même!» C’est donc tout l’être qu’il faut sacrifier. Les anges n’avaient pas encore péché et Dieu
leur demanda le sacrifice de leur être total: de leur intelligence et de leur
volonté, tout ce qui constitue un ange.
Comme ils sont de purs esprits, un seul acte a suffi. Mais pour nous qui sommes des animaux quoique
raisonnables et que les éléments de notre connaissance doivent nous venir des
sens qui sont lents à agir, Dieu a réparti notre épreuve sur toute la vie plus
ou moins. Donc en dehors de tout péché,
il faut que chacun abandonne sa vie naturelle dans ses orientations pour ne
suivre que les exigences de la vie divine.
Cela veut dire, par exemple, que tout chrétien doit combattre en
lui-même toutes les attaches même aux choses permises, qu’il doit renoncer aux
affections naturelles pour les transformer en affections exclusivement
surnaturelles. En plus, il faut qu’il
méprise les créatures qu’il aime tant par nature et qu’il aime ce qui le
contrarie comme, par exemple, ses ennemis, leur faire du bien, par conséquent,
réagir contre ses répugnances naturelles pour eux et les traiter comme ses
meilleurs amis. Que de patience il lui
faudra pour agir de la sorte! La Ste
Vierge n’avait aucun péché et comme sa vie était contre nature!
Notre
destinée surnaturelle exige que nous agissions tout de suite comme des dieux et
donc que nous cessions d’être humains dans notre façon d’agir. Cette transformation continuelle de toute la
vie exige une très grande patience. Or
comme Dieu veut ce changement pour nous tous il veut donc que nous ayons la
patience pour subir cette mort mystique de notre païen pour le diviniser. Les prêtres devraient bien expliquer aux
fidèles la nécessité de ce changement radical de leur vie même quand ils n’ont
plus de péché à expier! Le premier
travail est de nettoyer le païen tout gangrené par ses péchés, puis une fois
qu’il est propre, il reste à le transformer en divin pour être acceptable à Dieu. Quand on a tué, plumé, nettoyé et vidé un
dindon, on le met au four pour le cuire et le rendre digérable pour les
humains. C’est ce que Dieu doit faire
avec nous! Pour nous donner une idée de
ce qu’il fait, nous pouvons repasser ce qu’il a fait pour conduire les Juifs en
Terre sainte. Après avoir délivré ce
peuple de son esclavage des Pharaons pour signifier notre délivrance de
l’esclavage du péché, il va essayer de les faire se renoncer à eux-mêmes en
leur demandant une foule d’actes de foi, d’espérance et de charité surnaturels
et donc contre nature. Il les avertit
qu’il va les conduire lui-même. Puis il
les mène droit à la mer et les fait prendre là par les Égyptiens qui les
poursuivaient. Ils sont pris entre la
mort et la mer sans issue possible. Leur
jugement ne voit plus rien! C’est
justement ce qu’il veut afin de les obliger à mettre toute leur confiance
uniquement en Dieu… pour agir comme des dieux et non des hommes. Parce qu’ils se jettent dans le surnaturel,
Dieu est chez lui là et il agit en Dieu et ouvre la mer pour eux. Ainsi il les conduit dans le désert
précisément pour qu’ils n’aient absolument rien à manger ni à boire. C’est absolument contre le bon sens. Comme ils prient et mettent leur espoir en
Dieu, il agit en Dieu et fait tomber du pain du ciel pendant 40 ans, à tous les
matins, et fait jaillir l’eau des rochers.
Nous n’avons qu’à parcourir ainsi toute l’histoire du pèlerinage des
Juifs vers la Terre Promise et nous avons là exactement ce que Dieu veut faire
pour chaque chrétien afin de l’obliger à ne plus se fier aux moyens humains,
mais uniquement aux moyens surnaturels.
Que
chacun surveille à l’avenir les choses contradictoires et pratiquement
impossibles que Dieu lui demande et qu’il se rappelle alors que Dieu ne veut
pas sa mort, mais la mort de son païen ou de l’homme naturel en lui afin qu’il
se jette aveuglément dans les bras de Dieu et qu’il attende son salut dans
telle difficulté uniquement d’une intervention surnaturelle… et Dieu agira en
sa faveur comme par des miracles. Un
médecin dira à une mère de famille que si elle a encore un enfant c’est la mort
pour elle. Elle se trouve prise entre la
mort naturelle et le péché mortel et donc les démons. Il n’y a plus de bon sens qui tienne
ici! Il faut qu’elle évite tout péché à
tout prix. Alors, qu’elle s’abandonne à
Dieu et qu’elle lui demande de la protéger comme il voudra. Que de fois nous avons vu Dieu faire mentir
bien des médecins et ces mères qui devaient mourir ne mouraient pas et avaient
leurs enfants. Tout chrétien doit être
toujours prêt à sacrifier même sa vie plutôt que de pécher… et Dieu viendra à
son secours d’une façon inattendue. Et
s’il faut mourir, qu’il meure en faisant la volonté de Dieu et alors c’est le
ciel à la place de la terre! Tout chrétien
est né pour le ciel! Quel inconvénient
qu’il y aille plus vite qu’il ne pensait!
la patience est enseignée…
Dans
l’Ancien Testament surtout par la vie des patriarches, des prophètes et des
saints de ce temps-là. Tous ont été
longuement éprouvés de toutes façons.
Quand on pense que le bon Dieu a tenu tout le peuple en esclavage sous
le règne des Pharaons pendant 400 ans!
Et les Égyptiens avaient ordre de leur rendre la vie aussi amère que
possible! Que de patience il leur
fallait pour endurer cette oppression sans murmurer! Évidemment la plupart se plaignaient
amèrement; très peu avaient assez de foi en Dieu pour l’accepter en esprit de
soumission à Dieu. Joseph qui les avait
fait venir là a eu sa part d’épreuves pendant de longues années, lui aussi
pratiquement en esclavage et en prison.
Puis que de patience il fallait à Moïse pour être à la tête d’un si
grand peuple si éprouvé dans le désert pendant 40 ans! Il devait passer son temps à les calmer, à
les encourager, à les instruire et c’était toujours à recommencer! On peut difficilement s’imaginer combien
pénible était la vie des prophètes. Ils
étaient obligés de reprendre constamment le peuple et les rois de leurs péchés,
de les menacer des châtiments de Dieu qui souvent se vérifiaient pendant la vie
des prophètes; ce qui choquait le peuple, et il persécutait les prophètes. Puis Dieu les obligeait à faire des choses
ridicules et pénibles devant le peuple, comme lorsqu’il obligea Élie à se
promener à travers le pays nu et la corde au cou pour signifier d’une façon
concrète que le peuple serait conduit en captivité à Babylone. Jérémie trouve sa vie si dure qu’il boude
Dieu et veut mourir plutôt que de continuer sa vie de prophète. Plusieurs ont subi le martyre après une vie
de martyre. On peut résumer cet
enseignement dans la personne de Job dont la vie illustre bien ce que nous
disons ici. Après lui avoir donné des
biens, Dieu les lui enlève tous sans exception, à part sa femme qu’il lui
laisse pour ajouter à ses souffrances par ses moqueries et sa mentalité
païenne. Il représente bien ce qui se
passe ordinairement dans toute vie de chrétien.
Dieu donne des biens puis les enlève, puis les redonne pour les enlever
encore: tout cela pour exercer l’esprit de foi des hommes. Il veut qu’ils apprennent à bénir Dieu dans
les biens et à le bénir dans les maux.
Les biens sont pour nous faire penser aux choses du ciel, puis il les
enlève, ce que nous appelons des maux, pour nous faire mériter le ciel.
Job
exhale sa douleur et se plaint amèrement de ses maux: le bon Dieu ne s’offense
pas des cris de la nature qui souffre pourvu que la volonté soit unie à la
sienne dans ces épreuves. Job ne doit
pas être notre modèle dans ses plaintes: on y perd beaucoup de mérites. À mesure que la foi augmente ces gémissements
doivent diminuer puisque la foi nous montre des biens éternels pour des maux
temporels. Après avoir été dans
l’opulence, il fallait beaucoup de patience pour endurer toutes ces souffrances
et tous ces malheurs qui ruinent toute sa famille. Essayons de voir l’intention de Dieu dans ces
maux nécessaires pour nous purifier afin de devenir dignes de participer à la
vie divine. Dieu n’aime pas nos murmures
puisqu’il fait tout pour notre bien éternel.
Quelle sottise que de maugréer contre notre Chirurgien céleste! Nous devrions le payer par des remerciements
du fond du coeur de daigner nous purifier de ce qui nous empêcherait d’aller
avec lui dans l’éternité. Il a puni
sévèrement les Juifs qui avaient murmuré dans le désert. Terminons ce point par les belles paroles de
Judith, 8-24: «Ceux qui n’ont pas accepté ces épreuves avec la crainte du
Seigneur et qui ont donné cours à leur impatience et à d’injurieux murmures
contre le Seigneur, ceux-là l’exterminateur les a frappés de mort et les serpents
les ont fait mourir. Ne nous laissons
pas aller à l’impatience à cause des maux que nous souffrons. Mais estimons que ces tourments, moindres que
nos péchés, sont les verges dont le Seigneur nous châtie, comme ses serviteurs,
pour nous amender.» Demandons assez de patience pour endurer n’importe quelle
épreuve que Dieu nous enverra dans l’avenir, Il connaît son affaire. Ayons confiance en sa bonté et en sa sagesse
et laissons-le faire ce qu’il veut et endurons!
ce qui revient au même: plutôt mourir que de commettre un seul
péché! Nous sommes des habitants du
ciel: nous ne pouvons plus pécher du tout!
Alors il ne reste qu’à demander la patience pour endurer les épreuves et
les tentations que Dieu doit nous envoyer pour nous donner une chance de lui
montrer notre amour de préférence sur toutes les créatures du monde. Voilà une vertu qu’il faudra mettre dans
toutes nos prières à l’avenir. Au lieu
de toujours demander de nous enlever les maux, qu’on change donc de corde à
l’avenir pour demander la patience pour les endurer. Ce sera autrement sage et méritoire!
La
patience enseignée par J-C. D’abord par
sa propre vie, si contraire à la façon ordinaire de vivre des hommes. Quand on sait qu’il aurait pu éblouir le
monde par sa doctrine et qu’il passe trente ans dans son métier de charpentier
si insignifiant alors dans un pays si pauvre où il n’y a presque rien en
bois. Puis ensuite pendant sa vie
publique il est critiqué et persécuté par les prêtres du temps et finalement on
sait ce qu’il endura dans sa passion si affreuse. Comme dit St Pierre, quand on le maudissait,
il ne menaçait pas; quand on le maltraitait, il s’abandonnait à celui qui le
jugeait injustement. Il s’est laissé
conduire à la boucherie comme un agneau, sans se plaindre. Chacun pourrait repasser ses souffrances pour
apprendre à souffrir sous la main de Dieu.
S. Cyprien (De bono patientiae)
dit: «Tous ses actes, depuis sa naissance jusqu’à sa mort, ont eu pour compagne
la patience.» C’est surtout dans le sermon sur la montagne que Jésus enseigne
la patience. Le mot n’y est pas, mais
toute la doctrine pour le devenir est donnée.
On s’impatiente contre ce ou ceux qui nous enlèvent quelque bien à nous
ou en nous. Or là Jésus veut qu’on soit
si détaché de tout le créé que n’importe quelle perte ne nous trouble
aucunement. Après avoir donné la doctrine
du détachement absolu dans les béatitudes, il descend dans la pratique qui va
rendre les chrétiens parfaitement patients.
Sa
dernière béatitude veut que nous nous réjouissions quand les hommes nous
persécuteront, qu’ils diront faussement toute sorte de mal contre nous et
qu’ils nous maudiront. Celui qui
comprend les choses de la sorte sera sûrement patient. C’est tout ce qu’il y a de plus dur à
supporter au monde. Si on est patient
là, on le sera bien partout ailleurs.
Puis
Jésus coupe dans la racine toutes les causes d’impatience. Si quelqu’un nous enlève notre robe,
donnonslui aussi notre manteau! Voilà
pour les biens extérieurs. Si quelqu’un
veut vous contraindre à faire mille pas, faites-en deux mille autres. Voilà pour les forces physiques et donc pour
le corps. Si quelqu’un vous frappe sur
une joue, présentez l’autre! Puis aimez
vos ennemis, faites-leur du bien et priez pour eux! Jésus nous enseigne donc à regarder comme des
bienfaits tout ce que les hommes ont coutume de considérer comme des maux;
alors, il ne reste plus de causes d’impatiences! Comme il est pratique! Quel dommage que nos bons ligueurs ne donnent
pas cette doctrine dans leur campagne contre le blasphème; ce serait autrement
efficace que leurs pancartes contre le blasphème! Mais cette doctrine n’entre pas encore dans
la théologie de nos philosophes qui les instruisent ordinairement. Espérons qu’ils la trouveront un jour! On voit par le sermon sur la montagne qu’il
n’y a que la doctrine de la folie de la croix avec le mépris des choses créées
qui peuvent donner vraiment la patience aux chrétiens. Les béatitudes enseignent comment cesser
d’agir comme un homme pour agir comme un Dieu en autant que notre condition
humaine et naturelle le permet. Il faut
vivre déjà dans le ciel par le coeur pour les pratiquer avec le reste de ce
sermon. Ce que les hommes peuvent nous
enlever ne sont que les choses de ce monde qui alimentent les jouissances
sensibles, mais quand le coeur n’est plus là du tout ou si peu, on n’est pas
affecté par ces pertes et l’on garde donc sa patience.
D’où
il suit que la patience surnaturelle ne peut nous venir que de la vie de
foi. Voilà comment la patience montre
qu’on vit dans l’autre monde et l’impatience que nous sommes encore bien dans
ce monde, d’esprit et de coeur. Or pour
aller au ciel, il faut sortir de ce monde par l’amour avant d’en sortir par le
corps par la mort réelle. Hâtons-nous
donc!… Les Apôtres ont souvent exhorté les fidèles à la patience à l’exemple de
Jésus qui nous annonce des croix. Luc,
21-17: «Vous serez haïs de tout le monde à cause de mon nom, cependant pas un
cheveu de votre tête ne sera perdu. Par
votre patience vous posséderez vos âmes.» Héb.
10-35: «La patience vous est nécessaire, afin que faisant la volonté de
Dieu, vous puissiez obtenir les biens qui vous sont promis.» Jac. 1-2: «Mes frères, regardez comme le plus
grand sujet de joie les diverses afflictions qui vous arrivent, sachant que
l’épreuve de votre foi produit la patience.
La patience rend les œuvres parfaites de manière que vous soyez
vous-mêmes parfaits et accomplis sans que rien ne vous manque.»
C’est
bien ce que Jésus enseigne dans le sermon sur la montagne. Si on regarde comme un sujet de joie les
épreuves, on a fini de s’impatienter.
Cet Apôtre insiste beaucoup sur la patience. Jac.
5-7: «Vous, mes frères, persévérez dans la patience jusqu’à l’avènement
du Seigneur. Vous voyez que le
laboureur, dans l’espérance de recueillir le fruit précieux de la terre, attend
patiemment jusqu’à ce qu’il reçoive les pluies de la première et de l’arrière-saison. Vous aussi, soyez patients et affermissez vos
coeurs, car l’avènement du Christ est proche.
Ne faites pas, mes frères, de plaintes les uns contre les autres afin
que vous ne soyez pas condamnés; voilà que le juge est à la porte. Prenez, mes frères, pour exemple de patience,
dans les mauvais succès et dans les travaux, les prophètes qui ont parlé au nom
du Seigneur. Vous voyez que nous les
appelons Bienheureux, parce qu’ils ont souffert. Vous avez entendu parler de la patience de
Job…» Nous sommes donc bien avertis de la nécessité de la patience et St
Jacques nous donne tous les plus beaux motifs surnaturels pour la pratiquer.
Les
Saints ont progressé en sainteté en proportion qu’ils se sont soumis aux
épreuves de toutes sortes que Dieu leur envoyait pour les purifier et ensuite
ou en même temps, les diviniser. Car dès
qu’on veut s’approcher de Dieu par l’amour, il aiguille ses amis vers la croix. Il leur met souvent dans l’esprit cette
parole de J-C. à la mère de Jean et de
Jacques, qui demandait les premières places au ciel pour ses fils: Pourront ils
boire mon calice? Donc le rang au ciel
dépend de la quantité du calice de Jésus que nous buvons sur la terre! Alors dès que nous voulons pénétrer davantage
dans l’union intime de la Trinité, elle nous dirige tout de suite sur la
passion de Jésus, à prendre à notre compte.
Voilà pourquoi les épreuves augmentent avec le degré de sainteté ou vice
versa.
Combien
arrêtent là en face de ce calice! Ils
voudraient bien trouver un substitut pour aller au ciel, mais Dieu pousse
toujours ce calice devant les yeux de l’esprit, c’est à prendre ou à
laisser! Mais le rang au ciel dépend de
la quantité de ce calice qu’on boit sur la terre! La conclusion s’impose par elle-même:
commence par prendre avec patience les épreuves actuelles et journalières que
Dieu met sur ton chemin. Le crucifiement
total ne viendra pas sans beaucoup de leçons préliminaires. Le démon nous met tout de suite le sacrifice
total devant les yeux pour nous épeurer.
Mais laissons cela à la bonté de Dieu.
Il saura bien nous préparer doucement à accepter le crucifiement quand
il nous l’imposera pour tout de bon par quelque grand sacrifice très
douloureux.
Voilà
donc comment il nous faut à tout prix la patience à mesure qu’on veut se
sanctifier. Cette vertu est donc bien
nécessaire d’après la façon ordinaire de Dieu de sanctifier les saints. Or tous sont appelés à la sainteté; donc tous
doivent cultiver la patience. Inutile de
citer des textes des saints sur cette vertu; il y en a partout dans leurs
écrits qui ont tous été approuvés par l’Église.
la patience: ses motifs… Dans la pratique des vertus c’est surtout le
motif qui compte. Or, on sait que Dieu
ne récompense que ce qu’on fait pour lui; il nous faut donner des motifs
surnaturels dans la pratique de la patience comme pour les autres vertus. Nous allons nous arrêter aux trois motifs des
vertus théologales: foi, espérance et charité.
La
foi nous indique le plan divin pour être transformés en êtres divins afin
d’être capables de participer à sa vie intime trinitaire. Elle nous fait comprendre la nécessité de
sacrifier toutes nos affections naturelles et comment Dieu a organisé toute sa
providence pour nous aider à nous débarrasser de ces obstacles à son union
divine. Alors, on regarde comme un bien
ce qu’on croyait un mal ou vice versa.
Elle nous montre Dieu infiniment bon, ne voulant que du bien à l’homme
et l’aimant bien plus qu’il ne s’aime lui-même, comme il le montre en nous donnant
tout ce qu’il y a de meilleur au ciel: son Fils unique. Il est donc bien certain que les épreuves
qu’il nous envoie sont pour notre grand bonheur éternel. Cela devrait nous aider à les endurer non
seulement avec patience, mais même avec joie dans la partie supérieure de
l’âme.
Dieu
est infiniment sage: il connaît mieux que nous ce qui est pour notre plus grand
bien. Lui seul connaît les ravages que
le péché a faits dans notre âme et les outrages à sa sainteté: tout cela doit
se réparer et lui seul connaît les meilleurs remèdes: laissons-le donc faire
comme il veut cette réparation et soyons patients sous ses traitements. Dieu est infiniment puissant: il peut tirer
le bien du mal, le bonheur du malheur.
Ainsi, de nos tribulations bien éphémères, il peut tirer notre bonheur
éternel avec lui au ciel, comme il sort 50 grains de blé vivants d’un grain de
blé mort. C’est assez pour nous rendre
patients.
L’espérance
des biens célestes en récompense des souffrances sur terre doit nous donner la
patience. Comme le commerçant dans
l’espérance de profits matériels risque sa vie dans toutes sortes de courses
sur les mers et sur terre, à travers bien des dangers et avec beaucoup de
fatigues, ainsi, la vue du ciel devrait nous donner la patience dans les épreuves
qui nous assure le bonheur du ciel.
L’Écriture est remplie de textes qui nous encouragent à souffrir afin de
mériter le ciel. Sag. 3: «Alors, même que devant les hommes ils ont
subi des châtiments, leur espérance est pleine d’immortalité. Après une légère peine, ils recevront une
grande récompense, car Dieu les a éprouvés et les a trouvés dignes de lui. Il les a essayés comme de l’or dans la
fournaise et les a agréés comme un parfait holocauste. Au temps de la récompense, ils brilleront
comme des étincelles, ils courront à travers le chaume, ils jugeront les
nations et domineront sur les peuples et le Seigneur régnera sur eux à jamais.»
Ps. 125: «Ceux qui sèment dans les
larmes, moissonneront dans l’allégresse.
Ils vont, ils vont en pleurant, portant et jetant la semence et ils
reviendront avec des cris de joie, portant les gerbes de leurs moissons.»
2
Cor. 4-16: «C’est pourquoi nous ne
perdons pas courage, mais quoiqu’en nous l’homme extérieur se détruit,
néanmoins l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour. Car nos tribulations présentes qui ne durent
qu’un instant et qui sont si légères nous produisent un poids éternel de
sublime et incomparable gloire.» La charité pour Dieu doit nous pousser à vouloir
lui ressembler par la sainteté de vie.
Or ce sont les épreuves qui opèrent cette purification qui nous rend
semblables à Dieu. Comme un enfant,
parce qu’il aime sa mère, lui laisse enlever une écharde qu’il a au doigt,
malgré la douleur, ainsi, nous, les enfants de Dieu, nous devons l’aimer assez
pour le laisser enlever toutes les saletés qui souillent notre âme et la
rendent indigne de sa vue.
Jésus
disait un jour à Ste Thérèse: «Penses-tu que le mérite consiste à jouir? Non, ma fille, mais à travailler, à souffrir,
à aimer. Les âmes les plus chéries de
mon Père sont celles qu’il éprouve le plus et la grandeur de leurs épreuves est
la mesure de son amour.» Il faut aussi que la charité pour le prochain nous
aide à supporter les épreuves qui viennent de lui; il est l’instrument aveugle
dans les mains de Dieu pour notre sanctification. Comme il faut l’aimer comme Dieu pour l’amour
de Dieu, c’est un bon motif pour mieux recevoir les épreuves qui nous viennent
de lui. St Paul enseigne cette doctrine:
Gal. 6-2: «Portez les fardeaux les uns
des autres par amour pour Dieu et de cette manière vous accomplirez la loi de
J-C.» Donc la pratique des trois vertus théologales nous fournira de bons
motifs pour être patients dans les souffrances de la vie.
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